Conflit du Sahara occidental, de la guérilla au gel durable

Le camp de Gdeim Izik, octobre 2010.
Antonio Velázquez.

1957

Le chef de l’État mauritanien, Moktar Ould Daddah exprime les premières revendications de son pays sur le Sahara occidental.

1962

2 mars. — Dans son discours du trône, Hassan II rappelle la « détermination du Maroc à récupérer ses territoires spoliés aussi bien au sud qu’à l’est et au nord ».

1964

Première résolution de l’ONU en faveur de l’autodétermination du Sahara par le biais d’une consultation référendaire des populations concernées.

1966

Lors d’une réunion du « comité des 24 », le Maroc demande l’indépendance du Sahara.

1973

10 mai. — Création du Front Polisario.
20 mai. — Déclenchement par le Front Polisario de la lutte armée contre l’Espagne pour l’indépendance du Sahara, avec la prise du poste d’El-Khanga.
23-24 juillet. — Conférence des chefs d’État mauritanien, marocain et algérien à Agadir pour réaffirmer « leur attachement au principe d’autodétermination ».
14 décembre. — Résolution 3162 de l’Assemblée générale des Nations unies réaffirmant son attachement au principe d’autodétermination et demandant à l’Espagne de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation d’un référendum.

1974

16 juillet. — Au cours d’une réunion du Haut Comité de défense, Hassan II décide d’envoyer à l’étranger diverses missions chargées d’exposer les thèses marocaines à l’étranger.
20 août. — Le gouvernement espagnol annonce son intention d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara, prévu pour le premier semestre 1975, Hassan II s’oppose à ce que l’indépendance en soit une des options.
1er octobre. — Débat général à l’ONU sur la question du Sahara. La Mauritanie s’associe à la proposition marocaine de recours devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.

1975

16 octobre. — La CIJ rend son arrêt consultatif dans l’affaire du Sahara. Elle réaffirme les droits des Sahraouis à l’autodétermination, tout en admettant l’existence de liens « d’allégeance » entre ces populations et le roi du Maroc lors de la colonisation espagnole, et de liens juridiques avec certaines autorités mauritaniennes.
6 novembre. — Départ de la Marche verte, le Conseil de sécurité de l’ONU lance un appel au calme au roi du Maroc.
8 novembre. — Hassan II met fin à la Marche verte.
14 novembre. — L’Espagne, le Maroc et la Mauritanie signent à Madrid un accord tripartite sur l’avenir du Sahara occidental qui exclut totalement l’Algérie. Cet accord prévoit le retrait de l’Espagne le 28 février 1976.
13 décembre. — L’Assemblée générale de l’ONU saisit la CIJ pour avis sur le statut du Sahara au moment de la décolonisation espagnole et demande à Madrid d’organiser un référendum.

1976

27 janvier. — Bataille opposant les forces algériennes aux troupes royales à Amgala, faisant de source marocaine 200 morts et 106 prisonniers.
27 février. — Proclamation à Bir Lahlou de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) par le secrétaire général du Front Polisario, El Ouali Moustapha Sayed.
6 mars. — L’Algérie reconnaît la RASD.
7 mars. — Rupture des relations diplomatiques entre Rabat et Alger.
8 juin. — Attaque de la capitale mauritanienne par le Front Polisario. El Ouali y trouve la mort.

1977

13 mai. — La Mauritanie signe un pacte de défense mutuelle avec Hassan II. Création d’un Haut commandement maroco-mauritanien.

1978

27 décembre. — Mort du président algérien Houari Boumediene.

1979

29 janvier. — Le Front Polisario annonce la prise de la ville de Tan-Tan dans le Sud marocain.
8 mars. — Dans un message au Parlement, Hassan II annonce la création d’un « Conseil de défense » regroupant les représentants de toutes les tendances politiques. Ce Conseil aura pour mission de l’assister dans la définition de la politique à suivre en matière de sauvegarde de l’intégrité territoriale et de la sécurité de l’État.
4 au 7 juin. — Attaque du Polisario contre la ville marocaine d’Assa. Au Maroc, le Conseil de sécurité décide d’exercer le droit de suite.
16 août. — Message du président Chadli Benjedid au secrétaire général de l’OUA (Organisation de l’Union africaine) exigeant « le retrait immédiat et total des forces armées marocaines au Sahara occidental ».
10 octobre Prise de Mahbès par le Polisario.
11 novembre. — Adoption par la Commission de décolonisation de l’Assemblée générale des Nations unies d’une résolution présentée par une quarantaine de pays non-alignés « demandant instamment au Maroc de s’engager lui aussi dans une dynamique de paix et de mettre fin à l’occupation au Sahara occidental ». Résolution entérinée le 21 novembre par l’Assemblée générale de l’ONU.

1980

14 novembre. — Le Maroc engage une vaste campagne d’explication au sujet du Sahara auprès des membres de l’OUA (sauf Algérie et Tanzanie).
16 avril. — Le Maroc rompt ses relations diplomatiques avec la Libye à la suite de la reconnaissance de la RASD.
18 au 28 juin. — La RASD demande officiellement son admission à l’OUA (adhésion se décidant à la simple majorité).
Du 12 au 30 octobre. — Série d’attaques du Polisario à Ras Khanfra, à Zaak, à Bir Enzaran et à Haouza. Il investit également le port de Laayoune.
11 novembre. — L’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution réclamant la fin de l’occupation marocaine et l’ouverture de négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Le représentant du Maroc à l’ONU déclare cette résolution « nulle et non avenue ».

1981

16 mars. — La Mauritanie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc.
1 juin. — Hassan II annonce qu’il se rendra au sommet de l’OUA de Nairobi pour « mettre un point final au problème du Sahara ».
26 juin. — Hassan II propose un « référendum contrôlé » au Sahara.
18 juin. — Rétablissement des relations entre le Maroc et la Libye.
28 juin. — Rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et la Mauritanie.
2 juillet. — Conférence de presse donnée par Hassan II à la presse internationale. Il précise que le référendum sera « confirmatif » et non un référendum d’autodétermination. Les chiffres donnés par l’Espagne après son recensement de 1974 doivent constituer une base pour l’élaboration du corps électoral. Les troupes et l’administration marocaine resteront dans le Sahara.
5 août. — Rabat déclare que l’examen de la question du Sahara occidental par le Comité de décolonisation de l’ONU est une ingérence dans les affaires intérieures du Maroc.
14 août. — Lors d’un débat au Comité de décolonisation, le Polisario demande le retrait des troupes marocaines et de l’administration du Sahara. Il accuse Rabat de procéder à des transferts de populations « en vue d’entraver l’action des organisations internationales ».
22 au 25 février. — Pour la première fois, une délégation de la RASD est admise à siéger à une conférence de l’OUA, en tant que 51 e membre.
Le Maroc quitte la réunion, imité par 19 pays.

1983

26 février. — Rencontre au sommet entre Hassan II et Chadli Benjedid, après 7 ans d’absence totale de relations.

1984

27 février. — La Mauritanie reconnaît la RASD.
13 août. — Signature à Oujda d’un traité d’union d’États entre la Libye et le Maroc.
12 novembre. — Ouverture à Addis-Abeba du 20e sommet de l’OUA qui se prononce en faveur de l’admission de la RASD. Le Maroc quitte l’organisation africaine.

1986

27-31 juillet. — Au sommet de l’OUA, la RASD est élue membre du conseil de sécurité africain.

1988

10 mai. — Rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie.
30 août. — Accord de principe entre le Polisario et le Maroc sur les « propositions conjointes » ONU/OUA. Elles portent sur la question à poser aux électeurs dans le cadre d’un référendum d’autodétermination : indépendance ou intégration au Maroc. Le corps électoral sera constitué par les Sahraouis répertoriés lors du recensement espagnol de 1974.
2 octobre. — Embauche de 1900 jeunes sahraouis dans les administrations et entreprises publiques marocaines.

1989

17 février. — Création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui rassemble le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye.

1990

17 janvier. — Hassan II reçoit à Marrakech dix anciens membres du Front Polisario qu’il nomme membres du Conseil consultatif royal pour les affaires sahariennes. Omar Hadrami est nommé gouverneur au ministère de l’intérieur et Bachir El Ouali est nommé conseiller au ministère des affaires étrangères.
28 juin. — Adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies du plan de paix du secrétaire général Javier Perez de Cuellar.
6 novembre. — Hassan II appelle les Sahraouis à « regagner la mère-patrie clémente et miséricordieuse », et à répondre massivement « oui » au référendum.

1991

29 avril. — Création par l’ONU d’une Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
17 mai. — Hassan II effectue une visite officielle dans la ville de Smara et y célèbre la prière du vendredi à la mosquée Hassan Ier.
24 mai. — L’ONU propose le 6 septembre l’instauration d’un cessez-le-feu au Sahara occidental.

1992

4 septembre. — Organisation au Maroc d’un référendum portant sur la réforme constitutionnelle. Au Sahara occidental où l’administration marocaine a fait voter les Sahraouis, selon les chiffres du ministère de l’intérieur, la participation a atteint 99 %, on ne compte que 6 "non".
8 septembre. — Hassan II déclare qu’il va accorder la priorité au développement du Sahara occidental, désormais inclus dans le plan de régionalisation du Maroc. Le Front Polisario proteste auprès de l’ONU contre cette décision qui « préjuge des résultats du référendum d’autodétermination » devant être organisé par l’ONU.

1994

29 août. — L’Algérie annonce la fermeture « dans son intégralité » de sa frontière avec le Maroc.

1996

8 mai. — Dans un rapport présenté au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU annonce la suspension du processus d’identification et le retrait partiel du contingent de la Minurso.

1997

18 mars. — Nomination de James Baker, ancien secrétaire d’État américain, comme envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental.
13 juin. — Élections municipales au Maroc, étendues au Sahara occidental.

1999

22 septembre. — Manifestations de Sahraouis à Laayoune pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Elles sont réprimées avec violence par le pouvoir marocain.

2000

Le plan Baker offre une « large autonomie locale » dans le cadre d’un État marocain, dont les compétences seraient limitées à la défense et aux affaires étrangères. Ce plan est accepté par le Maroc et rejeté par le Polisario et l’Algérie.

2003

Nouveau plan Baker II qui prévoit l’établissement d’une Autorité du Sahara occidental pour cinq ans, puis la tenue d’un référendum auquel les Marocains non originaires du Sahara occidental participeraient et auquel serait ajouté la nouvelle option d’une « autonomie permanente ». Par la résolution 1495, ce plan est qualifié de « solution politique optimale » par le Conseil de sécurité de l’ONU.

2004

Juin. — Démission de James Baker.

2005

Mai. — L’armée marocaine réprime violemment les manifestations qui se produisent depuis des mois dans plusieurs villes du Sahara occidental. Elles sont surnommées « l’Intifada pour l’indépendance ».
18 août. — Libération par le Front Polisario des derniers prisonniers marocains.

2006

Mai. — Mise en place par Mohammed VI du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas) pour proposer une troisième voie entre l’annexion et l’indépendance, celle de l’autonomie. Le Maroc conserverait la défense nationale, les affaires étrangères et la monnaie.

2010

8 octobre. — installé à 15 km de Gdeim Izik, à 15 km de Laayoune, le camp baptisé « camp de la dignité » par les Sahraouis regroupe près de 20 000 personnes qui dénoncent la marginalisation sociale et économique des Sahraouis. Après avoir mis en place un « comité mixte » composé de représentants sahraouis et de délégués des autorités marocaines, les autorités marocaines démantèlent le camp par la force prétextant « qu’il était tombé entre les mains de groupes de trafiquants et de criminels qui retenaient une partie de la population sahraouie contre sa volonté. » Les affrontements entre Sahraouis et gendarmes marocains font 13 morts (11 gendarmes) et 159 blessés.

2011

5 mars. — Dans le centre politique et administratif des camps de Tindouf (Rabouni), une manifestation est organisée à l’appel du collectif « jeunes révolutionnaires. » Les manifestants demandent des réformes gouvernementales, des changements au sein de l’administration de l’État (RASD) et du pouvoir judiciaire, la fin de la corruption, la lutte contre la spoliation des biens publics, la réforme du code électoral et une participation plus importante de la jeunesse dans la vie politique.

2012

Avril. — Dans le rapport annuel du secrétaire général de l’ONU, le Maroc fait l’objet de deux types d’accusation. « Il entrave le travail de la Minurso jusqu’à entamer sa crédibilité » et brouille la lisibilité du conflit en agissant au Sahara.

2014

6 novembre. — Dans un discours prononcé à l’occasion du 39e anniversaire de la Marche verte, Mohammed VI reconnaît les « dysfonctionnements qui ont prévalu au Sahara pendant des années » et appelle à « une rupture avec le mode de gouvernance précédent ».

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