
Il faut commencer par dire que la présence en ligne palestinienne s’était déjà construite bien avant 2023. Depuis quelques années déjà, on a pu remarquer une évolution notable du paysage des réseaux sociaux palestiniens. Ces derniers ont commencé à acquérir une plus grande visibilité au niveau mondial et une force de frappe digitale, avec les comptes de jeunes Palestiniens à l’anglais parfait et qui sont capables de mener des campagnes aux hashtags viraux.
C’est le cas de #SaveSheikhJarrah en 2021 sous l’impulsion notamment des jumeaux El Kurd (Muna @muna.elkurd15 et Mohammed @mohammedelkurd, respectivement 1,5 million et un million d’abonnés). Ce hashtag a été créé en référence au quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupé sous la menace d’expulsions massives d’habitants au profit de colons juifs. À ce jour, ce hashtag a été utilisé plus d’un million de fois en anglais sur Instagram sous ses différentes formes et plus de 970 000 fois en arabe.
De la même façon, le soulèvement palestinien de grande ampleur qui a éclaté en mai 2021 a été largement relayé sur les réseaux sociaux et sur les groupes WhatsApp et Telegram, par exemple lors de l’appel à la grève générale du 18 mai pendant les bombardements israéliens sur Gaza, sous des hashtags comme #GazaUnderAttack (#GazaSousAttaque) ou #the_strike_of_dignity (la_grève_de_la_dignité). Cela a contribué à connecter les Palestiniens entre eux (éclatés dans différents espaces géographiques, coupés par des checkpoints, le mur de séparation et le blocus de Gaza), et de rallier les Palestiniens d’Israël (qui se sont joints à un soulèvement de ce type pour la première fois depuis 1948) et, au-delà, de toucher une audience étrangère qui s’est sensibilisée à la cause palestinienne.
Une maîtrise des codes et de l’anglais
Cette visibilité en ligne a sans aucun doute aidé à amorcer un changement de perception de la part de l’opinion mondiale vis-à-vis des Palestiniens. Ceux-ci ne sont en effet plus seulement perçus à travers les images lointaines des médias traditionnels. Ils peuvent à présent être vus comme de jeunes influenceurs capables de prendre la parole, de s’adresser à un public international, de construire une audience, de peser dans le « game » des réseaux sociaux et d’en jouer le jeu, et à qui surtout on peut s’identifier. Cela a pu jouer un rôle dans l’infléchissement de l’opinion internationale en faveur de la cause palestinienne, en particulier auprès d’une jeunesse dite woke aux États-Unis et ailleurs, et en général sur les campus occidentaux.
Les influenceurs de Gaza sont encore plus impressionnants dans leur maîtrise des codes et de la langue dominante des réseaux sociaux. Pour la plupart ils n’ont jamais voyagé ni étudié à l’étranger en raison du blocus imposé sur l’enclave depuis 2007 (contrairement à un influenceur de Jérusalem comme Mohammed El Kurd qui a étudié aux États-Unis). De très jeunes journalistes se sont fait remarquer et sont devenus des figures publiques et populaires grâce à leurs comptes sur les réseaux sociaux, comme Motaz Azaïza (@motaz_azaiza, 16,9 millions d’abonnés), Bisan Owda (@wizard_bisan1, 4,8 millions d’abonnés), Plestia AlAqad (@plestia.alaqad, 4,2 millions d’abonnés), et bien d’autres.
Motaz Azaïza n’a que 26 ans, mais déjà quelques cheveux blancs et la maturité d’un trentenaire. Passionné de photographie, il avait acquis une petite popularité sur Instagram avant la guerre en cours en postant des portraits, des couchers de soleil et des scènes de plage à Gaza. Il rêvait de voyager et surtout de visiter le reste de la Palestine, mais, comme il le dit, ses photos voyageaient plus que lui. Il est devenu photojournaliste dès mai 2021 quand Israël a bombardé Gaza pendant 11 jours. Mais c’est après le 7 octobre 2023 que son compte a bondi de 25 000 abonnés à un million en, seulement, une dizaine de jours, et à 9 millions dès la fin du mois d’octobre 2023. Il a atteint ensuite un pic à 17,4 millions (avant de retomber à 16,9), ce qui fait de lui l’un des journalistes les plus suivis sur les réseaux sociaux au niveau mondial.

Il a su créer un lien direct et personnel avec le public via son compte Instagram en leur parlant directement en anglais et en arabe. Il a exposé non seulement son travail de journaliste, mais aussi l’humain derrière la caméra qui est pris dans la fureur des bombardements, ses états d’âme sans filtre, les amis qu’il a perdus, quelques rares moments de joie aussi, jusqu’à son départ de Gaza début 2024. Son compte a couvert la guerre de façon incarnée et c’est cela qui fonctionne sur les réseaux sociaux, même si son physique de gendre idéal a aussi possiblement joué un rôle. L’une de ses photos a été classée par Time Magazine dans le Top 10 des photos de l’année 2023 et vu sa notoriété en ligne, ce même magazine l’a sélectionné en 2024 parmi les 100 personnalités les plus influentes dans le monde.
Sa consœur Bisan Owda, 27 ans, a, elle, été classée parmi les 25 femmes les plus influentes de 2024 par le Financial Times (aux côtés de Taylor Swift ou de Kamala Harris). Elle a reçu un certain nombre de prix de journalisme et de droits humains, dont un Emmy Award pour sa série documentaire AJ+ « It’s Bisan from Gaza and I’m Still Alive » diffusée par la chaîne Al Jazeera, malgré des campagnes de lobbying pour contester sa nomination. Ses 4,8 millions d’abonnés sur Instagram connaissent bien son gimmick de début de vidéos « Hi everyone, it’s Bisan from Gaza and I’m still alive » (« Bonjour tout le monde, c’est Bisan de Gaza et je suis toujours en vie. »). Une façon de souligner que non, ce n’est pas une évidence d’être toujours en vie quand on est dans la bande de Gaza sous les bombes et encore moins quand on est journaliste. Et en effet, on attend ses vidéos pour s’assurer qu’elle vit toujours, ce qui n’est plus le cas de tous les Instagrammeurs cités ici.

Bisan garde une approche journalistique, relayant les informations qu’elle peut collecter sur la situation en différents endroits de l’enclave et en documentant ce qui se passe dans les lieux de refuge où elle a pu se trouver, comme à l’hôpital Al-Shifa au début de la guerre, à Rafah, ou dans la zone d’Al-Mawasi. Mais elle n’hésite pas à partager aussi ses moments de désespoir, ses déplacements d’un refuge à l’autre, ses maladies de peau liées au manque d’hygiène, ses rencontres avec des enfants, sa joie de pouvoir croquer dans une carotte après en avoir été privé pendant des mois à Gaza…
C’est qu’elle reste une « conteuse », du nom du programme de vidéos Hakawatiya (Raconteur d’histoires) qu’elle produisait avant la guerre avec la chaîne de télévision Roya Palestine. Et de fait, à chaque publication, on écoute ce que Bisan a à nous dire. La plupart de ses posts sont des vidéos brutes face caméra, mais adressées directement au monde extérieur. Son visage, ses traits plus ou moins tirés et les mots qu’elle ne mâche pas, sont une source d’informations précieuse pour qui veut suivre ce que subissent les Gazaouis, et témoigner de leurs conditions de vie, leur santé mentale, leur survie.
Ce que l’on n’a pas pu montrer ni à Grozny ni dans le ghetto de Varsovie
Outre les journalistes, il y a toute une gamme de créateurs de contenus qui n’appartiennent pas à l’univers des médias, mais qui ont repris les codes des influenceurs du monde entier. À la différence que, dans leurs cas, le contexte est celui d’une guerre. Ils montrent la vie dans Gaza entièrement dévastée et la réalité de la guerre d’une façon jamais vue auparavant. C’est comme s’il y avait eu des Instagrammeurs dans le ghetto de Varsovie ou dans Grozny en train d’être rasée, montrant en direct tous les aspects de la survie.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a actuellement à Gaza des « influenceurs » cuisine, fitness, jardinage, lifestyle, etc. Bien sûr, ils ne peuvent pas bloguer comme partout ailleurs dans le monde, mais chacun apporte un angle de vue direct et précieux sur ce qui se passe à Gaza, avec toutes les difficultés quotidiennes, la dévastation, les aspects insoutenables, mais aussi des petits moments de bonheur et des touches d’humour. Bien souvent, le bourdonnement incessant des drones de surveillance israéliens accompagne leurs courtes vidéos. Une réalité inévitable de la bande de Gaza, avant même le 7 octobre 2023. Ils utilisent aussi toutes les astuces des réseaux, notamment les multi-publications d’un même contenu sur plusieurs comptes afin d’accroître leur portée et leur visibilité.
Ainsi Hamada Shaqoura (@hamadashoo, 582k abonnés), blogueur culinaire avant la guerre et qui est maintenant derrière les fourneaux d’une sorte de soupe populaire appelée Watermelon Relief (Secours Pastèque1), qui distribue de la nourriture aux enfants. Il nous montre en détail comment, sous un hangar en tôles et dans d’énormes marmites, il prépare de grandes quantités de riz au lait, de hamburgers ou d’autres délices prisés par les enfants.
Et pendant toute la durée de sa recette, au lieu de regarder ce qu’il fait quand il verse un ingrédient ou remue sa mixture, il fixe l’objectif avec un regard perçant. Il nous scrute, nous les spectateurs, au fond des yeux. C’est un style chez certains créateurs de contenus qui cultivent un degré de provocation et de détachement. Mais dans son cas, il semble plutôt nous mettre devant nos responsabilités chaque seconde de sa vidéo : « Voilà ce que je suis obligé de faire et dans quelles conditions ».

Et dans les faits, on ne peut pas détourner les yeux, car il est fascinant de voir comment il réalise des petits miracles, des plats et des friandises que les enfants adorent et qui ont l’air réellement appétissants. Et tout cela non pas avec des ingrédients raffinés, mais avec des produits de qualité aléatoire comme d’énormes boîtes de conserve bon marché issus de l’aide alimentaire. Le meilleur moment : la distribution à la fin aux enfants qui se bousculent, se délectent avec gourmandise et ne se font pas prier pour dire que c’est délicieux devant la caméra. On est là pour ces quelques sourires au milieu du désastre.
Des recettes pour se régaler, pour survivre
L’adorable petite Renad (@renadfromgaza), elle, cuisine devant un petit réchaud derrière la tente familiale. C’est son jeu préféré, une dînette « pour de vrai » et son moyen d’évasion d’un quotidien bouleversé. Elle a 11 ans et 1,2 million d’abonnés, et a posté depuis un an une soixantaine de recettes variées, toujours « à la façon gazaouie ». Les vidéos sont filmées et sous-titrées en anglais avec l’aide de sa grande sœur (@dr.nourhanattallah) qui est consciente de préserver ainsi la santé mentale de sa cadette.
Le plus réussi, c’est qu’elle arrive vraiment à nous intéresser à des recettes typiques de Gaza (avec l’indispensable piment qui les accompagne) qu’on peut reproduire chez soi. Mais l’on est surtout fasciné par la façon avec laquelle les Gazaouis parviennent à les préparer et à entretenir et sauvegarder leur patrimoine culinaire en utilisant des produits très limités en raison de l’entrée restreinte des denrées alimentaires et de la pénurie de produits frais, et tout cela cuisiné de façon rudimentaire derrière une tente…

Renad, comme les pros des réseaux, ponctue toutes ses vidéos avec certains gimmicks qui sont devenus sa patte : « Yallah nbalesh » (« allez on commence ») et à la fin « wallah tejaaaanen » (« je vous jure ça déchiiire »). Et l’on s’en régale à l’avance parce que finalement, au-delà de la recette, nous partageons l’enthousiasme brut et joyeux d’une enfant qui joue à l’influenceuse « cuisine » et a réussi à se créer sa propre échappatoire.
Dans un autre style, Basma Abu Shahla (@basma_shahla, 635k abonnés), créatrice d’une marque de vêtements à Gaza avant la guerre, est retournée vivre dans son logement partiellement détruit en avril 2024. Elle a alors commencé à poster des vidéos très lifestyle et cocooning2, dans l’esprit d’une tendance actuelle des réseaux présentant de belles images de pâtisseries faites maison et de goûters réconfortants. Mais dans son cas, ce n’est pas un jardin riant ni une décoration cosy dans l’air du temps en arrière-plan, mais un champ de ruines.

Le côté soigné, doux et esthétisant de ses petites mises en scène tranche avec le décor alentour, créant alors une esthétique à part entière, incongrue, mais extrêmement puissante. Le 17 octobre 2024, elle a posté une vidéo déchirante, dans son style habituel de préparation, mais dans lequel toutes les casseroles étaient vides puisque l’aide humanitaire n’était pas rentrée depuis plusieurs semaines et que le nord de Gaza était soumis à une famine aiguë. Comme ces dernières semaines.
Bricolage et jardinage, envers et contre tout
Au rayon influenceurs « DIY et bricolage », on trouve Ibrahim Abu Karsh (@ibrahimkarsh), qui a « seulement » 40,2k abonnés, mais qui montre des astuces incroyables qu’il appelle camping tricks. On a vu depuis le début de la guerre les Gazaouis construire des fours à bois à base de terre séchée ou des réchauds improvisés dans des boîtes de conserve en l’absence d’électricité et de gaz, mais Ibrahim élève l’art de la récupération à un niveau de débrouillardise supérieur. Le voir prélever de la boue du sol et en extraire une eau presque pure à l’aide de filtres rudimentaires est bluffant. Il utilise du coton et de la gaze absorbante, qui retiennent l’eau avant de la faire passer goutte à goutte, un peu plus propre, d’un bocal à l’autre. Dans d’autres vidéos, il construit un petit chauffage d’appoint avec des boîtes de conserve vides, récupère le sel de l’eau de mer ou encore fabrique une bougie anti-moustiques. Ses vidéos sont sans paroles, mais il n’y en a pas besoin, ses DIY (Do it yourself, bricolage ou travail manuel amateur) sont simples et efficaces.

Aussi remarquable que les influenceurs « cuisine », l’influenceur fitness existe à Gaza. Un Tibo InShape3 local est Mohamed Hatem du compte @gym_rat_in_gaza (221k abonnés). Il peut vous apprendre à faire de la musculation dans n’importe quel contexte, en utilisant un encadrement de porte, un bidon d’eau ou une bouteille de gaz. Sa motivation sans faille, sa routine parfaite et son humeur inaltérable en toute occasion sont le meilleur moyen de vous culpabiliser de ne pas être davantage en forme dans votre environnement privilégié et de ne pas faire plus d’exercice.

Élément perturbant, dans une pièce de sa maison à moitié détruite dans laquelle il présente des exercices entre deux fauteuils, une étoile de David et des inscriptions ont été taguées, dont le mot « revanche » en hébreu, et un « Allez l’OM » en français dans le texte. Des membres de l’armée israélienne ont en effet occupé sa maison quelque temps avant de se retirer en début d’année 2025.
Au rayon jardinage, un autre enfant des réseaux sociaux très à l’aise devant les caméras, Ahmed, 8 ans, a commencé à apparaître sur le compte Instagram de son père Aaed Abusweilem (@tasnemaaed, 1 million d’abonnés) et à planter un petit jardin en avril 2024. Du maïs et des oignons à côté de sa tente à Rafah. Il n’a pas manqué de transporter ses plants au cours des déplacements forcés de la famille. Il fait un tas d’autres choses sur son compte : principalement demander des dons via Paypal ou Gofundme, comme beaucoup d’autres Gazaouis en ligne, exposer sa vie quotidienne, ses joies, et aussi les moments sombres comme quand sa mère et ses sœurs ont été blessées par des éclats d’obus lors d’un bombardement près de leur tente en décembre 2024.

Mais ce sont ses vidéos de jardinage qui ont fait sa popularité, dont AJ+ a d’ailleurs fait un sujet. Sur ses vidéos il porte très souvent un chat dans ses bras, un capital sympathie assuré tant les félins sont populaires sur les réseaux sociaux. Son premier chaton, Suzy, est mort d’une hépatite, ce qui l’a beaucoup affecté. À présent, il est toujours avec celui qui ne le quitte plus, un beau matou noir du nom de Simba que son frère avait retrouvé tout petit sous les décombres. Le père d’Ahmed leur a récemment créé un compte dédié à leurs noms : @ahmed_and_simba.
Un autre jardinier amateur des réseaux sociaux était Medo (@medo_halimy, 118k abonnés), un jeune homme attachant qui aimait se baigner et admirer le coucher du soleil pour oublier son quotidien. Il s’ennuyait dans cette vie de réfugié sous une tente et a eu l’idée de planter tous les jours jusqu’à la fin de la guerre. Ce jardinier amateur n’y connaissait absolument rien en jardinage. Il a appris les bases au fur et à mesure des conseils et commentaires des internautes. Il partageait en même temps au quotidien sa vie sous la tente, répondant régulièrement aux questions des abonnés sur la survie à Gaza : comment s’approvisionne-t-on en eau ou encore comment parvient-on à avoir du réseau internet. Il n’a pas pu aller au bout de son défi et sa « petite ferme », comme il l’appelait, est restée orpheline depuis qu’il a été tué le 26 août 2024 à l’âge de 19 ans par des éclats d’obus d’une frappe israélienne visant Khan Younès.

Un univers de débrouille
Medo était proche du duo Omar et Mohammed du compte @omarherzshow qui totalise 1,5 million d’abonnés. Il s’agit de deux amis qui avaient à peine commencé l’université à la rentrée 2023 quand leurs études ont été brutalement interrompues une semaine après, le 7 octobre. Dans le nom de leur compte Instagram il y a le mot « show » et c’est en effet un « show » fascinant : des vidéos rythmées, amusantes, avec les musiques et montages dans les tendances du moment. Ce sont deux jeunes amis qui mettent en scène leur vie sur les réseaux, font des vlogs comme il y en a plein en ligne, s’exprimant dans un anglais américanisé et reprenant les codes des influenceurs business et lifestyle. Sauf que leur vie n’a absolument rien de normal.
Ils ont commencé en créant un petit business : ils vendaient pour quelques dizaines de shekels des copies numériques d’applications, de jeux vidéo, de dessins animés ou de séries télé, qu’ils stockaient sur leurs disques durs, aux clients de passage dans un café. Un business de débrouille dans un univers où l’électricité, internet et les distractions sont devenus des denrées rares. Le fait qu’ils veuillent trouver de la joie dans la pire des situations et qu’ils documentent leur routine quotidienne de façon enjouée, sans toujours faire référence aux horreurs de la guerre, leur garantit d’être particulièrement visés par des commentaires pro-israéliens.

Mais c’est souvent leur communauté d’abonnés qui se charge de répondre de manière systématique, argumentée ou sarcastique. Par exemple, la vidéo du jour 52, où ils ont l’idée de se faire un chocolat chaud sur la plage, a déclenché des commentaires (en majorité effacés depuis) niant l’existence d’une famine à Gaza puisque le marché où ils se rendent est achalandé et qu’ils ont le « luxe » d’avoir du chocolat… Leurs abonnés ont répondu abondamment en rappelant les chiffres du génocide en cours et en arguant que le fait de se partager un petit sachet de chocolat en poudre et de chauffer son lait en brûlant du bois dans une vieille boîte de conserve n’avait précisément rien d’un luxe. Cela les blesse sans aucun doute, car plusieurs de leurs vidéos ont voulu se justifier de ce qui n’était pas montré directement dans leurs routines quotidiennes : les morts, les destructions et les difficultés pour trouver un logement temporaire ou simplement aller chercher de l’eau.
Et puis ils ne font pas toujours des vidéos. Ils disparaissent pendant plusieurs mois, ce qui en général sous-entend qu’ils n’ont alors pas la capacité de vloguer ; comme lors de déplacements forcés d’une « zone d’abri » à une autre ou encore à la mort de Medo. C’est de nouveau le cas depuis février 2025 et nous, derrière nos petits écrans, ne pouvons rien faire d’autre qu’espérer qu’ils sont sains et saufs.
Autres comptes à suivre
Journalistes :
- @plestia.alaqad (4,2 millions d’abonnés)
- @hindkhoudary (1,1 million d’abonnés), journaliste d’Al Jazeera
- @bayanpalestine (245k abonnés)
- @nooh.xp (427k abonnés), photographe et secouriste
- @aboodgaza (68,7k abonnés), photographe
Créateurs de contenus :
- @m7md_vo (2,4 millions d’abonnés) : Mohamed Al Khalidi souvent accompagné de son petit frère trisomique Kenan.
- @ashraf_almajaida (1,1 million d’abonnés) : Ashraf et son petit frère Aboud
- Les frères @reachabed (329k abonnés) et @reachyusuf (470k abonnés)
- @ahmedmateer (35,1k abonnés) DIY, bricolage
- @dr.mo5tar (68,5k abonnés), chef dans les camps de réfugiés
- @mahashome (396k abonnés), cuisine, lifestyle
- @nouur97 (342k abonnés), mode, lifestyle
- @shamsabdn (146k abonnés), lifestyle, coaching, photographie
- @aborjelaa (487k abonnés) de l’initiative de soutien humanitaire @shababgaza
- @shorouqalazbaki (89,2k abonnés), lifestyle, promotion d’initiatives caritatives comme « 4 sisters »,
- @shababgaza
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1NDLR. Les couleurs de la pastèque (rouge, vert, blanc, noir) rappellent celles du drapeau palestinien. Avec l’interdiction de brandir leur drapeau, les Palestiniens ont alors utilisé la pastèque comme un moyen détourné d’exprimer leur identité nationale et leur résistance. La pastèque est utilisée comme symbole de solidarité avec la Palestine à travers le monde.
2NDLR. Le cocooning désigne le fait de rester chez soi dans un environnement chaleureux et protecteur, pour se détendre ou fuir le stress extérieur.
3Influenceur fitness français, youtubeur francophone le plus suivi avec plus de 26 millions d’abonnés.