Prix Bayeux. Rami Abou Jamous, être journaliste et palestinien

À l’occasion de la 31e édition du Prix Bayeux pour les correspondants de guerre, notre correspondant Rami Abou Jamous a été primé à deux reprises pour son « Journal de bord de Gaza », que nous publions depuis fin février 2024 sur Orient XXI.

L'image montre un homme souriant assis à l'intérieur d'une tente, tenant un jeune enfant sur ses genoux. L'homme porte une chemise rouge et a l'air détendu et joyeux. L'enfant, qui porte un t-shirt jaune, sourit également et semble heureux. L'intérieur de la tente est simple, avec des coussins au sol, créant une atmosphère conviviale et chaleureuse.
Deir El-Balah, 13 octobre 2023. Rami Abou Jamous et son fils Walid
Rami Abou Jamous

Samedi 12 octobre 2024, le Prix Bayeux pour les correspondants de guerre et le quotidien Ouest France ont récompensé, par deux fois, dans la catégorie presse écrite, notre correspondant Rami Abou Jamous pour son « Journal de bord de Gaza » publié sur Orient XXI depuis le 28 février 2024. Un troisième prix lui a été décerné, avec Fabrice Babin et Bertrand Séguier dans la catégorie télévision grand format pour le reportage « Gaza, fuir l’enfer » diffusé sur BFM TV. Recevoir cette triple reconnaissance en une seule édition est une première dans l’histoire du prix.

Rami Abou Jamous. Prix Bayeux pour les correspondants de guerre 2024

Aux côtés de Rami, trois autres journalistes de Gaza — Saher Al-Ghorra, Mohamed Abou Safia et Mahmoud Hams — ont également été primés hier, respectivement dans les catégories jeune reporter (photo), télévision / prix Amnesty international et photo / prix Nikon. Un hommage appuyé a également eu lieu au journaliste Issam Abdallah, tué au Sud Liban par une frappe israélienne le 13 octobre 2023, en présence de sa consœur Christina Assi et de son confrère Dylan Collins, survivants de l’attaque.

En choisissant de décerner six prix sur dix à des journalistes palestiniens de Gaza, sans oublier les guerres et les conflits en cours ailleurs dans le monde — Ukraine, Haïti — ni la politique migratoire européenne meurtrière, le jury du prix Bayeux et ses partenaires rappellent la gravité et la centralité de la guerre en cours depuis plus d’un an à Gaza.

Orient XXI. Prix Bayeux pour les correspondants de guerre 2024

D’abord, c’est la première fois dans la période contemporaine qu’une guerre a lieu sans que les journalistes internationaux puissent la couvrir, Israël leur interdisant tout accès à ce territoire, et ceci malgré la durée des combats. Seule Clarissa Ward, correspondante internationale en chef chez CNN et présidente du jury de cette 31e édition du prix Bayeux a pu y entrer sans escorte israélienne, via une équipe médicale émiratie, en décembre 2023. « Oh ce n’était que trois heures… », dit-elle presque en s’excusant. Or, alors que le porte-parole de l’armée Olivier Rafowicz se pavane sur les plateaux de télévision française, alors que même le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a été interviewé par une chaîne d’information française, cette interdiction est rarement — pour ne pas dire jamais — rappelée par les médias mainstream.

Ce choix par le jury du prix Bayeux et ses partenaires rappelle une évidence qui, trop souvent, a été remise en question également dans les médias mainstream français, voire à l’intérieur de certaines rédactions : que l’on peut tout à fait être journaliste et palestinien. En l’absence de journalistes internationaux sur place, de nombreuses rédactions françaises et occidentales ont mis du temps à accepter de donner la parole à des journalistes palestiniens comme on le ferait pour n’importe quel correspondant pigiste n’importe où dans le monde. Trop souvent dans certaines rédactions, on a entendu des confrères et des consœurs de Gaza être accusés d’être affiliés au Hamas, prétexte pour mettre en doute leur parole, comme on continue à le faire pour le bilan des morts, en le faisant systématiquement suivre par cette précision : « selon le ministère de santé du Hamas ». C’est la fierté d’Orient XXI d’avoir donné à Rami Abou Jamous la parole depuis février 2024, avec déjà près d’une soixantaine d’articles.

En primant six fois un travail sur Gaza, dont trois fois de Rami Abou Jamous, le jury du prix Bayeux rend hommage non seulement aux journalistes palestiniens qui continuent à informer sur ce qui se passe sur leur territoire, mais également aux 172 autres qui ont été tués depuis un an. C’est à eux, ainsi qu’à ses parents et à sa famille que Rami dédie ses victoires. Nous espérons pouvoir un jour lui remettre ces trophées en mains propres.

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