Dossier

COP 28. Un modèle anachronique

À l’occasion de la COP 28 organisée pour la seconde fois consécutive dans le monde arabe, Orient XXI propose un dossier sur les enjeux environnementaux et climatiques dans cette région. Dubaï, hôte de cette réunion internationale annuelle, incarne jusqu’à l’absurde les inepties et limites des solutions projetées pour faire face au dérèglement.

« Dubai. Roads »
Sam/Flickr

Alors que les riches monarchies du Golfe sont, par habitant, les plus grands émetteurs de CO2 au monde du fait de modes de vie bien peu sobres et de revenus fondés sur l’exploitation des hydrocarbures, c’est à Dubaï que s’ouvre le 30 novembre 2023 la 28e COP sur le climat. Pendant deux semaines, cette conférence est censée réunir les dirigeants de la planète pour mettre en place des procédures visant à réduire les effets et l’amplitude du dérèglement climatique.

La décision de l’ONU de la tenir aux Émirats arabes unis est pour le moins ambiguë. C’est d’ailleurs le ministre émirati de l’industrie, Sultan Ahmed Al-Jaber, également chef de l’entreprise pétrolière nationale, qui a présidé les discussions multilatérales pendant l’année précédant la COP et qui aura un rôle central dans les jours à venir. Le symbole est à l’évidence bien peu engageant du point de vue des écologistes et de celles et ceux qui croient en l’importance fondamentale d’engager une bifurcation réellement ambitieuse. Dans ce contexte, les attentes de résultats à Dubaï sont bien modestes.

Un modèle golfien anachronique

Le leadership assuré par le gouvernement émirati permet certes, comme en Égypte l’an dernier, d’impliquer des États non occidentaux. Plus spécifiquement, il permet aussi de mobiliser une force de frappe financière dorénavant introuvable ailleurs. Toutefois, pour les acteurs de la société civile, le choix s’avère problématique, risquant de décrédibiliser ces COP climats annuelles, organisées coup sur coup dans deux États accusés de ne pas respecter les droits humains et de surveiller les ONG qui font le déplacement pour la conférence. Le choix de Dubaï assoit également un modèle de développement qui semble anachronique, fondé sur le carbone, le gigantisme et l’exploitation continue des ressources et des personnes.

Depuis bientôt deux décennies, les effets d’annonce de basculements vers des économies bas-carbone sont dans la péninsule Arabique de la poudre aux yeux, incarnée dans des projets d’investissements souvent pharaoniques, mais inadaptés, peu durables et facteurs d’inégalités. Cette voie, appuyée par les multinationales occidentales, demeure toujours plus éloignée des besoins essentiels de la planète et de ses habitants.

Inventer des alternatives dans le monde arabe

Face à une COP 28 qui symbolise les limites des politiques climatiques menées à l’échelle internationale, Orient XXI propose un dossier qui met en lumière des options alternatives fondées sur l’égalité, la sobriété, les savoir-faire traditionnels et la nécessaire invention de nouveaux modèles de développement et de répartition des ressources. L’Afrique du Nord et le Proche-Orient sont en effet en première ligne.

Soutenez Orient XXI

Orient XXI est un média gratuit et sans publicité.
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don défiscalisé.