En 1916, la « Grande révolte arabe » voit les Arabes, conduits par Hussein, chérif de la Mecque, s’engager auprès des Britanniques contre l’empire ottoman, en échange de la promesse de la création d’un « Grand royaume arabe » (ou « Grande Syrie »). Mais avec la Déclaration Balfour de 1917, Londres s’engage parallèlement à la création d’un foyer national juif en Palestine, qui sera sous son mandat à partir de 1923, privant de fait les Arabes d’une partie du territoire promis.
En compensation, les deux fils d’Hussein sont placés à la tête du royaume d’Irak (mandat de Mésopotamie) et de l’émirat de Transjordanie qui voit le jour en 1921 à l’est du fleuve Jourdain. Il est composé d’une partie de la Syrie historique et de l’Arabie.
Un territoire disputé
En novembre 1947, l’ONU présente un plan de partage de la Palestine comprenant un État juif et un État arabe. Ce plan est accepté par les sionistes, mais refusé par les Palestiniens. Après la déclaration d’indépendance d’Israël en mai 1948, une guerre éclate entre ce pays et les États arabes. L’État israélien victorieux obtient lors de l’armistice de 1949 un territoire plus vaste délimité par une frontière appelée « Ligne verte ».
Au même moment, la Transjordanie, qui a obtenu son indépendance en 1946, annexe le territoire qui se situe au-delà de cette ligne, désormais appelé « Cisjordanie » pour former le royaume de Jordanie, s’étendant des deux côtés du Jourdain. C’est de là que provient l’appellation West Bank en anglais, une traduction de l’arabe al-diffah al-gharbiyyah, littéralement « la rive ouest » (du Jourdain). En français, le préfixe « cis- » est utilisé pour signifier « en deçà » du fleuve, en opposition à la Transjordanie, littéralement « au-delà du Jourdain ».
La Cisjordanie est un territoire d’environ 6000 km2 qui porte pour les sionistes le nom de « Judée et Samarie », en référence aux royaumes bibliques du même nom. Après la guerre de juin 1967, elle est occupée - ainsi que Jérusalem-Est - par Israël et des colonies israéliennes s’y établissent. Face à cette situation, la résistance palestinienne s’intensifie à travers des actions armées menées depuis la Jordanie par les fedayin et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), créée en 1964 et désormais sous le contrôle du Fatah. Les résistants palestiniens recrutent dans les camps de réfugiés et multiplient les attaques en Cisjordanie, formant quasiment un « État dans l’État » en Jordanie, dont la moitié de la population est palestinienne.
Cela conduit à une escalade des tensions entre l’OLP et le roi jordanien Hussein, allié des Américains et qui entretient des canaux de communication avec Israël. Il décide, après le détournement et l’explosion de quatre aéronefs qui n’ont pas fait de victimes, de chasser les fedayin du territoire jordanien. En septembre 1970, l’armée jordanienne lance une offensive contre eux. Ce sera « Septembre noir ». Les affrontements causent la mort de milliers de personnes et conduisent l’OLP à quitter la Jordanie pour s’implanter au Liban.
Morcellement, colonisation et enfermement
Après les accords d’Oslo en 1994, l’Autorité palestinienne (AP) est créée. Elle installera son siège administratif à Ramallah, en Cisjordanie, qui est désormais divisée en trois zones. La zone A (18 % du territoire), comprenant les principales villes, est contrôlée par l’AP. La zone B (21 % du territoire) est administrativement gérée par l’AP, mais sous contrôle militaire israélien. La zone C, totalement contrôlée par l’État d’Israël, représente 61 % du territoire.
Après la deuxième intifada en 2000, l’État d’Israël renforce la pression militaire sur la Cisjordanie. Deux ans plus tard, il décide de la construction d’un mur de séparation avec la Cisjordanie, sous prétexte de protéger le territoire israélien et les colonies des attentats et attaques conduits par des mouvements de résistance palestiniens. Ce faisant, il grignote une partie du territoire palestinien situé au-delà de la Ligne verte. Quant à l’implantation des colonies, elle ne cesse de se poursuivre.
Aujourd’hui, la Cisjordanie est un territoire morcelé, où vivent plus de 400 000 colons israéliens sans compter les colons à Jérusalem-Est) et près de 3 millions de Palestiniens. Cette situation, en plus de la séparation entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, rend impossible la perspective de création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967.
Les articles présentés sur notre site sont soumis au droit d’auteur. Si vous souhaitez reproduire ou traduire un article d’Orient XXI, merci de nous contacter préalablement pour obtenir l’autorisation de(s) auteur.e.s.