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Bande dessinée

Israël-Palestine, une histoire française

« Un chant d’amour » · C’est une histoire dessinée des relations entre la France, Israël et la Palestine depuis la guerre de juin 1967 que nous offrent Alain Gresh et Hélène Aldeguer. Les principaux protagonistes en sont Charles de Gaulle, Jean-Paul Sartre, Maxime Rodinson, Valéry Giscard d’Estaing, Serge Gainsbourg, Georges Pompidou, François Mitterrand, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron... Leur propos, fidèlement rapportés, permettent de mesurer la violence de cette « passion française » que constitue le conflit israélo-palestinien. Extraits.

L'image représente une scène dans un camp de réfugiés. On y voit plusieurs personnes, dont des adultes et des enfants, se rassemblant autour de tentes. Les visages semblent exprimer diverses émotions, allant de l'inquiétude à la détermination. Les couleurs dominantes sont des tons bleus et rouges, ce qui donne à l'ensemble une atmosphère vibrante. En arrière-plan, on aperçoit des arbres, ajoutant un élément naturel à cette situation difficile. L'ensemble de l'illustration évoque des thèmes de solidarité et de résilience face à l'adversité.
© Hélène Aldeguer.

Les prémices de la guerre de juin 1967

On donne souvent comme point de départ de la guerre de juin 1967 la décision du président égyptien Gamal Abdel Nasser, prise au mois de mai, de demander le retrait de la Force d’urgence des Nations unies (FUNU) stationnée dans le Sinaï depuis 1957, puis de fermer le détroit de Tiran aux navires israéliens.

Pour comprendre la crise de 1967, il faut en réalité remonter à la guerre de Suez de la fin 1956. À l’issue de cette crise, Israël est contraint de se retirer du Sinaï mais obtient l’installation de la FUNU pour garantir le libre passage des navires par le détroit de Tiran — par lequel transite 5 % du commerce israélien. Cette présence de la FUNU est considérée par l’Égypte comme une atteinte à sa souveraineté

Après le retrait de la FUNU, le président égyptien affirme vouloir trouver une solution pacifique. Dans une lettre au président américain Lyndon Johnson, il se dit prêt à laisser passer par Tiran les cargaisons israéliennes de nature non stratégiques et même à envisager un règlement global du conflit israélo-arabe. Ce que Nasser ne sait pas c’est que Johnson a donné un feu vert à Tel-Aviv pour une intervention militaire — à la condition que les États-Unis ne soient pas impliqués. Il ignore aussi que l’état-major israélien a imposé, par un quasi-coup de force, au Premier ministre Levi Eshkol de passer à l’action.

La crise de l’été 1967 au Proche-Orient éclate au moment de l’escalade au Vietnam où les États-Unis ont engagé plus de 400 000 hommes. En pleine guerre froide, ce conflit pèse évidemment sur les relations entre les États-Unis et l’URSS engagés, les premiers dans le camp israélien, la seconde dans le camp arabe. Tout en restant allié à Washington, le général de Gaulle cherche à faire entendre une voix autonome de la France.

Émotions populaires

En France, la crise de 1967 donne lieu à une mobilisation de l’opinion et à une émotion populaire d’autant plus intense que les médias insistent sur la « fragilité » d’Israël face au « colosse arabe ». Décrivant le conflit comme un affrontement entre David et Goliath, ils agitent même le risque d’un « nouvel Holocauste ».

Intellectuels et gens du spectacle, élus de droite et de gauche se mobilisent, s’indignent, descendent dans la rue. Un comité en faveur d’Israël est créé le 16 mai 1967 par le général Marie-Pierre Koenig, comprenant des personnalités de tous les bords politiques, de la droite (Jean Lecanuet, Michel Poniatowski) à la gauche (Pierre Mendès France).

Seuls les communistes restent à l’écart de cette initiative. Le secrétaire général de la section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), ancêtre du Parti socialiste, Guy Mollet, l’homme qui avait organisé l’expédition de Suez en 1956, n’est pas le dernier à exprimer son soutien à Tel-Aviv. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir lancent un appel saluant «  la volonté de paix et le sang-froid » d’Israël. Une importante partie de la communauté juive, renforcée par l’arrivée de pieds-noirs d’Algérie en 1962, exprime aussi sa solidarité avec Israël.

Cette mobilisation s’appuie sur deux ressorts principaux. La sympathie pour les juifs d’abord, un peu plus de deux décennies après la fin de la seconde guerre mondiale : le souvenir brûlant du génocide pèse sur les consciences et les déclarations incendiaires de certains médias arabes alimentent les pires craintes. Second ressort, le racisme anti-arabe, particulièrement virulent cinq ans seulement après l’indépendance de l’Algérie. Pour certains, y compris à l’extrême droite, la victoire d’Israël contre ses voisins arabes serait une « revanche » de l’Europe, voire de la « civilisation », contre la « barbarie ».

Seuls le général de Gaulle, isolé parmi les siens, le Parti communiste, encore puissant mais accusé d’être à la solde de Moscou, et de petits groupes sensibles depuis longtemps au sort des Palestiniens, comme l’hebdomadaire Témoignage chrétien, résistent à ce déferlement de propagande.

La guerre de 1967 marque l’inscription durable du conflit israélo-arabe dans la politique intérieure française. Ce qui n’était qu’un problème de politique internationale se transforme en problème de politique intérieure.

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