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Ce que dit Marine Le Pen

— Quels sont selon vous les principaux intérêts que la France doit défendre en Afrique du Nord et au Proche-Orient ?

Pour Marine Le Pen, « Il est important d’aller dans les pays du Moyen-Orient qui luttent contre le fondamentalisme islamiste ». Et c’est aussi le meilleur moyen de protéger les chrétiens d’Orient.

Elle loue le rôle stabilisateur que l’Égypte du président Abdel Fattah Al-Sissi, « l’un de nos remparts les plus solides contre les Frères musulmans », peut avoir en Libye face à la double menace de l’émiettement étatique et du radicalisme islamiste. Il s’agit en effet de soutenir les pays qui luttent contre le fondamentalisme, au premier rang desquels — outre l’Égypte —, il y a les Émirats arabes unis. L’affaiblissement des régimes autoritaires aboutit en effet à la chute de l’État, à l’émergence des extrémistes et à la poussée migratoire, contre lesquels ils sont des remparts.

En revanche, « la France doit rompre ses relations avec le Qatar et l’Arabie saoudite qui ont aidé, assisté, financé les fondamentalistes islamistes à travers le monde. On ne peut donc pas être dans une coalition avec ces pays-là. Il faut être capable de choisir nos alliés, ne pas s’allier avec des gens qui ont en réalité un objectif différent des nôtres. Il faut avoir une grande coalition avec les pays arabes et ne pas se mettre sous la coupe des États-Unis, qui sont la nation la plus discréditée dans cette partie du monde compte tenu de l’histoire récente ».

La France doit jouer un rôle d’équilibre dans les conflits du monde arabe : conflit israélo-palestinien, conflit entre chiites et sunnites, car elle « n’a pas vocation à prendre parti pour telle ou telle grande puissance, pour tel ou tel belligérant, pour tel ou tel courant religieux contre un autre ».

— Considérez-vous que la France a commis des erreurs dans ces régions au cours des dernières années ? Si oui, quelles sont les plus importantes ?

« Pour Sarkozy et Hollande, la politique arabe, c’est l’argent. Pour moi, c’est l’avenir de la relation entre l’Europe et la Méditerranée ».

Marine Le Pen souhaite rompre avec la diplomatie moralisatrice qui procède d’une nostalgie coloniale.

« La montée des tensions (…) notamment tout autour de la Méditerranée, a pour première origine le “deux poids deux mesures”, l’instrumentalisation du droit, des institutions internationales, des organisations paraétatiques par les grandes puissances.

La France s’est laissée entraîner, ou s’est entraînée d’elle-même, dans des guerres qui n’étaient pas les siennes, au nom d’intérêts qui n’étaient pas les siens, et qui parfois étaient contraires aux résolutions des Nations unies comme à l’objectif proclamé de maintien de la paix et de protection des populations civiles ».

La candidate du Front national condamne ainsi l’intervention militaire qui a été faite en Libye, qui « a outrepassé le mandat des Nations unies » et qui a procédé, avec «  une absence totale de stratégie pour la suite » à un « changement de régime qui n’était ni légitime ni conforme à l’intérêt de la France ».

De même, elle considère que la France a « bafoué l’embargo international en délivrant aux supposés “islamistes modérés syriens” des armes qui ont aussitôt grossi l’arsenal de Daesh et qui, peut-être, ont tué des Français. »

En Syrie, « La fermeture de l’ambassade de France, pays qui a longtemps conservé une élite francophone et protégé ses minorités chrétiennes, a été plus qu’une faute. Combien d’attentats sur le sol français des relations maintenues avec les services syriens auraient-elles évités ? Combien de Français ont-ils payé de leur vie l’aveuglement qui s’est emparé du Quai d’Orsay ? »

Marine Le Pen pense que « soit les ministres responsables, soit le chef d’État lui-même étaient mal informés (…), soit nos dirigeants politiques ont mis la France au service d’autres intérêts. Ils ont servi des intérêts étrangers contre la sécurité de la France et la vie des Français ». Le soutien aux « islamistes supposés modérés » en Syrie a été et demeure une erreur. Face au régime de Bachar Al-Assad, les puissances occidentales aident les milices islamistes qui combattent pour l’étranger.

Elle dénonce l’alliance de la France a nouée avec l’Arabie saoudite et le Qatar. L’Arabie saoudite serait le « cœur nucléaire de l’islamisme mondial ». « Nous ne voulons pas de l’argent saoudien et qatari sur notre territoire, pas plus que nous n’en voulons comme alliés ». Elle critique un « personnel politique français » « soumis » à ces deux pays.

Elle dénonce également l’ouverture du processus d’adhésion de la Turquie, qui serait contre la volonté manifeste de la majorité des Européens

Refusant toute soumission aux États-Unis, elle critique « l’aventurisme stratégique » dont ils ont fait preuve et qui a porté atteinte aux intérêts français avec « la destruction de l’Irak, de la Syrie, de la Libye avec le déferlement de millions de migrants, l’instauration d’un déséquilibre en Méditerranée ; les jeux dangereux avec les milices islamistes ; le renforcement de la présence russe en Méditerranée ; les inquiétudes de la Turquie. »

Quant à la Russie, « maltraitée par l’Union européenne » et par « une France vassalisée », Marine Le Pen considère qu’elle est devenue une interlocutrice essentielle au Proche-Orient où elle a repris pied.

— Pensez-vous que la France a une action propre à mener dans ces régions ? Doit-elle agir dans le cadre d’alliances spécifiques ? Lesquelles ?

Il s’agit de quitter le commandement militaire intégré de l’OTAN pour que la France ne soit pas entraînée dans des guerres qui ne sont pas les siennes. Marine Le Pen prône en effet l’indépendance et rejette « la logique des blocs » génératrice d’affrontements

Quant à l’Union européenne, elle a « paralysé des Nations qui savaient, qui voulaient agir, mais qui ne partageaient ni le même horizon stratégique, ni les mêmes proximités, et qui se sont neutralisées les unes les autres. »

— Quelles sont, selon vous, les principales racines du djihadisme ? Voyez-vous un lien entre notre politique étrangère ou notre politique intérieure d’une part, et le fait qu’il y ait des attentats en France d’autre part ?

En règle générale, pour Marine Le Pen, « imposer par l’argent, par l’influence ou, pire, par la force (des) valeurs n’aboutit qu’à allumer les feux d’une violence fondée sur l’humiliation et le ressentiment »

— Appliquerez-vous le principe de la realpolitik dans l’action de la France en Afrique du Nord et au Proche-Orient ? Lui instaurez-vous des limites ? Quelles valeurs la France doit-elle défendre dans ces pays ?

Il s’agit de fonder la politique internationale sur le principe de réalisme. La candidate du Front national souhaite « que la France étudie les moyens d’une action résolue pour approfondir et enrichir la politique des droits de l’Homme par la politique des droits des peuples en matière de sécurité environnementale, politique, religieuse, par la reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, dans le domaine notamment de la foi religieuse, du régime politique, du droit de la citoyenneté, de la maîtrise des frontières et des mouvements de population. »

« Ce droit à sa propre culture que je réclame pour la France, ce droit que je reconnais à tous les peuples me conduit à défendre une conception multiculturelle du monde, une reconnaissance de la diversité culturelle des hommes. »

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