Ce que pensent Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Syrie, Palestine, islam, laïcité, terrorisme... · Dimanche 7 mai, les Français devront choisir leur futur président entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Nous avons effectué une recherche pour mettre à la disposition de nos lecteurs les positions des deux candidats sur les sujets que couvre Orient XXI. Nous l’avons fait directement à partir de leurs discours ou de leurs pages officielles.
Orient XXI n’a pas vocation à prendre position dans une élection quelle qu’elle soit. Mais nous tenons quand même à souligner que la vision de l’islam et des musulmans défendue par Marine Le Pen entre en contradiction avec les valeurs que nous défendons depuis notre lancement.

Bases générales de la politique étrangère

—  Emmanuel Macron :

« La France a perdu du terrain à Bruxelles, au sein des institutions européennes. Sa présence a globalement reculé au Moyen-Orient, au Maghreb et en Afrique, son continent frère. (...) La parole de la France porte moins. (…) Sa place dans la résolution des crises est moins centrale.  » Il y aurait trois raisons à cela :

➞ l’Europe n’est pas affirmée comme une puissance à part entière ;
➞ la France s’est montrée incapable de mener des réformes structurelles qui permettent une croissance soutenue et donc des marges de manœuvre budgétaires ;
➞ la diplomatie française s’est montrée erratique, manquant d’équilibre et de dialogue.

Emmanuel Macron réaffirme son attachement à la sécurité d’Israël, mais appuie la naissance d’un État palestinien, sans annoncer néanmoins la reconnaissance de cet État.

En Syrie, il ne faut pas faire de la fin du régime de Bachar Al-Assad un préalable à toute décision, même si c’est bien évidemment un objectif. Il y a une hiérarchie des priorités : l’ennemi de la France, la priorité absolue est la lutte contre l’organisation de l’État islamique (OEI) et tous les autres groupes djihadistes qui fomentent des attentats en Europe.

Depuis des années, nous avons construit une impuissance collective en mêlant nos objectifs et en ne sachant pas définir nos priorités.

Si les groupes terroristes en Syrie sont l’ennemi de la France, Bachar Al-Assad est l’ennemi de son peuple. Quand la stabilité sera acquise en Syrie, il faudra s’assurer que la justice internationale passera.

Considérer que la priorité absolue, quelle que soit l’horreur de ses actes, est la destitution de Bachar Al-Assad est une erreur qui fracture le front de la lutte contre les terroristes, lesquels sont l’objectif premier en termes de sécurité. En outre, il n’est pas satisfaisant de voir la crise syrienne réglée de fait par l’Iran et la Russie. Il faut retrouver un processus où sont autour de la table toutes les parties concernées par le conflit syrien. Cela comprend les représentants de Bachar Al-Assad. La présence des Nations unies est indispensable dans ces discussions. La feuille de route politique doit prévoir le départ de Bachar Al-Assad, non pas par des élections, mais dans le cadre d’un processus de transition. Il ne peut y avoir en effet d’élections qui puissent se tenir de manière crédible sous Bachar Al-Assad. La France ne doit tourner le dos ni à Vladimir Poutine ni à Donald Trump ; elle n’est pas là pour décerner des bons et des mauvais points à qui que ce soit, elle est là pour construire la paix.

L’ouverture vers l’Iran devra se poursuivre, si l’accord nucléaire de 2015 est respecté et si l’Iran concourt à la stabilité régionale. Avec l’Arabie saoudite, qui encourage les formes les plus rétrogrades du wahhabisme à s’étendre partout dans le monde, la France doit tenir un langage vigoureux. À propos du clivage entre ces deux pays :

la France doit parler à l’Arabie saoudite et à l’Iran. La France n’a pas à s’ingérer dans le jeu d’influence de ces deux puissances. Ce serait une erreur. Aussi vrai que c’est une erreur d’être trop favorable à l’Arabie saoudite, comme cela a pu être le cas par le passé. C’est aussi une erreur de vouloir déséquilibrer la présence française en ne considérant que l’Iran. Parce que c’est une manière d’insécuriser l’Arabie saoudite et parce que c’est une manière d’insécuriser Israël. Il faut mener une politique de dialogue exigeant avec ces deux puissances régionales. Exigence à l’égard de l’Iran en matière de nucléaire et de non-prolifération. Exigence à l’égard de l’Arabie saoudite qui doit avoir une politique de responsabilité et en aucun cas d’accepter quelque connivence que ce soit avec des mouvements qui promeuvent la violence et le terrorisme. Je ne m’aligne sur personne dans la région.

L’aide au développement doit être plus efficace et plus diversifiée qu’aujourd’hui. Elle doit se concentrer sur l’Afrique subsaharienne, le Sahel, le Maghreb, les pays en crise et l’espace francophone. La politique africaine et méditerranéenne doit être replacée au cœur de la diplomatie française, cependant « la zone méditerranéenne n’est pas l’apanage de la France, mais bien l’affaire de toute l’Europe ». « L’erreur qui a été commise avec l’Union pour la Méditerranée (UPM) était que le projet était trop franco-français. Il faut associer l’Europe et en particulier l’Allemagne. Il faut arrêter de dire que la Méditerranée est un pré carré  ». De même, « la Méditerranée a une façade sud qui peut et doit travailler avec l’Europe, et un Proche-Orient très différent, traversé par des conflits parfois très anciens. Vouloir considérer la Méditerranée comme un tout homogène a été une erreur qui a contribué à bloquer le projet UPM. »

Il faut sortir de la « Françafrique », faire un aggiornamento de notre action en Afrique.

— Marine Le Pen :

Pour Sarkozy et Hollande, la politique arabe, c’est l’argent. Pour moi, c’est l’avenir de la relation entre l’Europe et la Méditerranée.

Il est important d’aller dans les pays du Moyen-Orient qui luttent contre le fondamentalisme islamiste. Et c’est aussi le meilleur moyen de protéger les chrétiens d’Orient.

Il y a des pays qui affrontent ce phénomène criminel avec détermination, comme la Russie et l’Iran.

La Russie, qui a repris pied au Proche-Orient, y est désormais un interlocuteur essentiel.

En Syrie, le soutien aux « islamistes supposés modérés » a été et demeure une erreur. Pour Marine Le Pen, face au régime de Bachar Al-Assad, les puissances occidentales aident les milices islamistes qui combattent pour l’étranger. Pour que la négociation de sortie de crise aboutisse, il faut inviter tous les acteurs « en dehors bien évidemment des terroristes islamistes, y compris ceux d’Al-Nosra, ceux qui faisaient du “bon boulot” selon Laurent Fabius. Ils sont le problème. Ils ne peuvent être la solution ». Le rôle diplomatique de la France doit être de faciliter les contacts entre tous les intervenants et de ne pas jeter des exclusives au nom de considérations qui n’ont rien à voir avec le but final. « Nous romprons avec la diplomatie moralisatrice ».

Marine Le Pen veut restreindre les relations avec les États qui soutiennent le fondamentalisme islamique. Elle dénonce l’alliance que la France a nouée avec l’Arabie saoudite et le Qatar. L’Arabie saoudite serait le « cœur nucléaire de l’islamisme mondial ». Elle critique un personnel politique français qui serait soumis à ces deux pays. Si elle est bien consciente que les terroristes commettent aussi des attentats en Arabie, elle dénonce « des financements sous couvert de solidarité religieuse qui ne sont pas acceptables ». « On ne peut donc pas être dans une coalition avec ces pays-là. Il ne faut pas s’allier avec des gens qui ont en réalité un objectif différent des nôtres ». Elle considère également que « ces pays doivent aussi prendre leur part du fardeau des réfugiés en les accueillant chez eux, à commencer par ceux qui se réclament de la même religion. »

Marine Le Pen loue le rôle stabilisateur que l’Égypte du président Abdel Fattah Al-Sissi, « l’un de nos remparts les plus solides contre les Frères musulmans » peut avoir en Libye face à la double menace de l’émiettement étatique et du radicalisme islamiste. Il s’agit en effet de soutenir les pays qui luttent contre le fondamentalisme, au premier rang desquels — outre l’Égypte — il y a les Émirats arabes unis. L’affaiblissement des régimes autoritaires aboutit en effet à la chute de l’État, à l’émergence des extrémistes et à la poussée migratoire, contre lesquels ils sont des remparts.

La France doit jouer un rôle d’équilibre dans les conflits du monde arabe : conflit israélo-palestinien, conflit entre chiites et sunnites. « La montée des tensions (…) notamment tout autour de la Méditerranée, a pour première origine le “deux poids deux mesures”, l’instrumentalisation du droit, des institutions internationales, des organisations paraétatiques par les grandes puissances. ». À ce titre aussi, il convient de « ne pas se mettre sous la coupe des États-Unis, qui sont la nation la plus discréditée dans cette partie du monde compte tenu de l’histoire récente ». Elle dénonce également l’ouverture du processus d’adhésion de la Turquie, qui serait contre la volonté de la majorité des Européens.

Avec l’Afrique, Marine Le Pen veut rompre avec la politique « trop souvent condescendante qui conduit à émailler les relations de discours moralisateurs comme cela a été trop souvent le cas par le passé. » Elle veut appliquer en Afrique le principe de non-ingérence et substituer «  aux relations fluctuantes d’aujourd’hui des relations stables qui garantiront aux états qui le veulent la sécurité des pouvoirs légitimes ».

S’agissant de l’aide au développement, elle veut recréer un ministère de la coopération et lui attribuer « les crédits nécessaires à une grande politique, prioritairement tournée sur l’école primaire, le développement de l’agriculture et la défense ». De plus, « les étudiants africains seront les bienvenus pour peu qu’ils acceptent — c’est aussi l’intérêt de leur pays d’origine — le principe d’un retour dans leur patrie à l’issue de leurs études. Les entrepreneurs africains et français seront encouragés à approfondir leurs échanges technologiques, financiers ou commerciaux. »

Les interventions militaires extérieures

— Emmanuel Macron : construire la paix

La priorité de la France est de construire la paix.
L’objectif final de nos interventions est de travailler à des interventions militaires ponctuelles, mais surtout à des solutions politiques. Elles sont nécessaires, mais seulement dans le cadre d’une feuille de route diplomatique pour plus de stabilité politique. Une intervention militaire ne peut s’inscrire que dans une feuille de route diplomatique qui s’appliquera dans la durée.

Si l’on n’a pas à la clef la solution diplomatique et politique sur le terrain, on se trompe toujours à proposer des solutions militaires qui ne sont toujours que de court terme.

Nos pires ennemis sont les États faillis dans la région. Il ne faut pas oublier les erreurs commises par le passé quand on a voulu destituer des régimes sans construire de solution politique pérenne.

— Marine Le Pen : pas d’interventionnisme, mais…

Au cours des dix dernières années, la France a été belliciste, elle a cru résoudre par la guerre des questions politiques, religieuses, ethniques, d’une complexité qui exclut toute solution simple.

La France s’est laissée entraîner, ou s’est entraînée d’elle-même, dans des guerres qui n’étaient pas les siennes, au nom d’intérêts qui n’étaient pas les siens, et qui parfois étaient contraires aux résolutions des Nations unies comme à l’objectif proclamé de maintien de la paix et de protection des populations civiles.

Est ainsi condamnée l’intervention militaire qui a été faite en Libye, qui a outrepassé le mandat des Nations unies et procédé, avec une absence totale de stratégie pour la suite à un « changement de régime qui n’était ni légitime ni conforme à l’intérêt de la France ».

La France doit disposer des capacités de projection militaire pour protéger les pays d’Afrique et du Moyen-Orient de la structuration des terroristes islamistes. « N’oublions pas qu’en les protégeant, nous nous protégeons nous-mêmes ». Comme c’est déjà le cas au Mali et au Moyen-Orient, la France doit être prête à intervenir à la demande des États « pour empêcher l’extension de Daesh, d’Al-Qaida et de toutes les formes de djihadisme, notamment en Afrique où la France a des responsabilités historiques particulières ».

Il convient aussi, si possible, de respecter la légalité internationale conférée par les Nations unies. De plus, « ces interventions doivent se dérouler dans le cadre de coalitions pour au moins en répartir la charge ». Il faut prendre garde qu’elles ne soient en réalité des ingérences « sous prétexte humanitaire » et qu’elles « ne sombrent pas dans l’idéologie ou dans de bons sentiments apparents qui dissimuleraient des prédations traditionnelles ». Marine Le Pen insiste en effet sur le fait que « la démocratie ne s’impose pas à la pointe des baïonnettes ou à coups de missiles ». Elle prend comme exemples les résultats de l’intervention américaine en Irak en 2003 « à laquelle la France ne s’est pas associée grâce à la clairvoyance du président Chirac », et de celle franco-britannique, « engagée de manière irresponsable » en Libye. Ce sont des atteintes aux intérêts français « avec le déferlement de millions de migrants, les jeux dangereux avec les milices islamistes ».

« Les dictateurs ont peut-être disparu, mais les pays sont déchirés par des guerres civiles. L’État islamique s’y est implanté ».

Le djihadisme et ses origines

Emmanuel Macron : le climat social

« Les réseaux terroristes d’Al Qaida et de Daech constituent un enjeu stratégique pour la France (…) Cela étant posé, il faut comprendre en quoi, en France, il y a un « terreau”, et en quoi ce terreau est notre responsabilité ».

Le défi lancé par le terrorisme international n’est pas qu’un défi de sécurité. C’est un défi qui est au croisement de batailles économiques, sociales, culturelles, spirituelles. Aujourd’hui, des formes radicales de l’islam prospèrent aussi du fait des difficultés sociales et économiques de certains quartiers. Le djihadisme se nourrit d’un climat social, d’une critique des valeurs républicaines communes et de l’absence de culture religieuse : défiance envers les institutions, théories du complot, antisémitisme, victimisation excessive.

Les tensions qui surgissent dans certains quartiers résultent aussi de l’abandon où la République les a laissé tomber. Quand l’école s’est dérobée, quand la promesse a disparu d’un progrès pour chacun, quand l’assignation à résidence a fait partie du quotidien, les forces religieuses les plus radicales ont pris l’ascendant. De nos jours, dans certains quartiers, la religion est devenue un contreprojet politique et culturel. L’émergence de ce que l’on appelle souvent communautarisme — un mot un peu fourre-tout — n’est rien d’autre qu’une contre-culture politique. Les enfants de ceux qui dans leur pays d’origine s’étaient battus contre le radicalisme religieux et pour l’émancipation veulent porter le niqab. Pourquoi ? Parce qu’elles pensent que cette République n’est pas pour elles.

Il ne faut pas se focaliser uniquement sur la réponse sécuritaire. En effet, il ne s’agit pas seulement d’une menace extérieure, d’un crime qui viendrait d’autres pays : « il faut regarder en face le fait que notre société, notre économie a aussi produit de l’anomie, de l’exclusion, des destins individuels qui ont pu conduire certaines et certains à aller jusqu’à ces atrocités ».

« Prendre conscience des origines intérieures du terrorisme, c’est aussi prendre la mesure des responsabilités et penser plus largement la réponse au terrorisme. L’idéologie islamiste (...) n’aurait pas une emprise si grande sur les jeunes Français si la République n’avait pas laissé tomber une partie de sa jeunesse. »

La faillite des élites, mais aussi celle du modèle éducatif et social ont leur part de responsabilité dans l’émergence d’un extrémisme qui a pris l’islam pour véhicule et étendard. Car on a construit « la nouvelle prospérité » autour de deux grands axes : la défiance et l’arrêt de la mobilité sociale. « Quelqu’un, sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre ». Ainsi, « nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain qui permettait à chacune et chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité sociale ». Contre cela, Emmanuel Macron prône l’action résolue de l’État, des acteurs locaux, du secteur associatif pour permettre de réinvestir les territoires en relégation, de réaffirmer les principes républicains d’égalité et de liberté, et de lutter contre l’idéologie djihadiste. Les différentes formes de partenariats publics (prêts de locaux, agréments, etc.) aux associations dans le secteur social et culturel seront conditionnées au respect strict des principes républicains. Les lieux de culte qui promeuvent une propagande djihadiste ou qui ne respectent pas les lois de la République seront fermés et les associations concernées dissoutes.

— Marine Le Pen : l’emprise du fondamentalisme islamique

Imposer par l’argent, par l’influence ou, pire, par la force (des) valeurs n’aboutit qu’à allumer les feux d’une violence fondée sur l’humiliation et le ressentiment.

L’islam ne se confond pas avec l’islamisme, le terrorisme ne découle pas automatiquement de la religion, mais depuis les origines, il a toujours existé au sein de l’islam un courant très minoritaire qui a justifié la violence pour imposer sa conception de Dieu et du monde. Il faut donc « libérer nos compatriotes musulmans de l’emprise qu’ils subissent de la part des fondamentalistes islamistes ».

La laïcité et l’islam en France

— Emmanuel Macron : une laïcité non excluante

Je refuse de faire de la laïcité quelque chose qui exclut, ou qui viserait à construire une religion républicaine ». Beaucoup « se trompent en pensant que la loi de 1905 établit une société qui doit être laïque. C’est l’État qui est laïc. Il garantit l’exercice libre et autonome de la conscience individuelle et de l’adhésion à une religion.

La laïcité n’interdit pas les manifestations religieuses. Il faut redonner son sens à la laïcité comme source de liberté. « La liberté est la règle, et l’interdiction l’exception ». Au titre d’une laïcité revancharde, on en vient à sortir des citoyens des lieux de la République et à les confiner à l’écart, sans enrayer la montée du fondamentalisme ni conforter la laïcité.

Les manquements à la laïcité, c’est-à-dire les atteintes à la liberté religieuse comme à la neutralité des services publics seront sanctionnés. L’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école fait l’objet d’un large consensus social ; elle doit donc être maintenue. Elle ne doit pas être étendue à l’université, où les étudiants sont majeurs et responsables. Les usagers des services publics doivent voir protéger leur liberté d’exprimer leurs convictions religieuses et spirituelles, dans la limite du raisonnable comme des règles de l’ordre public et du bon fonctionnement de ces services. Et dans « l’espace public » (rues, plages), l’expression des convictions religieuses doit rester libre. La seule limite est de ne pas porter atteinte à l’ordre public. L’entreprise n’est pas un service public, elle est régie par le principe de liberté religieuse dans la limite du bon fonctionnement, car il ne faut pas confondre l’expression paisible de convictions personnelles et le prosélytisme, agressif ou non, qui n’a pas sa place sur le lieu de travail…

Si Emmanuel Macron n’est pas favorable à une transformation de la laïcité, il tient à ce qu’on mette un terme à des compromis qui ont été noués depuis trente ans par des élus de tous bords soucieux de conserver la paix civile. Ce laisser-aller aurait permis de renforcer le rôle et l’influence de prédicateurs indifférents aux lois de la République.

Il faut aider les musulmans à restructurer l’islam de France. En 2016, le gouvernement a créé la Fondation pour l’islam de France, mais, en raison de la loi de 1905, celle-ci ne prend en charge que des projets sociaux et culturels, à l’exclusion des questions proprement cultuelles. Il faut créer une Fédération nationale de l’islam de France regroupant des associations cultuelles locales créées dans le cadre posé par la loi de 1905. Ces associations pourront recevoir des dons et legs dans des conditions fiscales avantageuses, permettront de financer la rénovation et la construction de mosquées et la formation d’imams. La liberté de culte, c’est aussi la liberté de le pratiquer dans des conditions dignes.

Nous formerons des imams sur le sol français et de façon adaptée aux valeurs de la République. Aujourd’hui, les formations d’imams en France sont presque inexistantes. Résultat : environ trois cents imams exerçant en France sont payés par des gouvernements étrangers (Algérie, Maroc, Turquie). Un certain nombre maîtrise mal le français.

Il s’agira de susciter au sein de l’université la création de diplômes universitaires destinés aux ministres du culte. Ces diplômes garantiront la maîtrise du français, la connaissance des valeurs de la République et des droits de la femme, de la société française et des autres cultes et convictions présents en France. Le soutien des communes à la construction de mosquées sera conditionné au respect des mêmes principes. Si le fonctionnement de la mosquée ou les prêches méconnaissent ces valeurs, le bail sera résilié. Emmanuel Macron sera intransigeant sur le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes et la place des femmes dans l’espace public.

— Marine Le Pen : invisibilité, interdiction, exclusion Pour Marine Le Pen, « une société multiculturelle est une société multiconflictuelle ». Il faut promouvoir la laïcité et lutter contre le communautarisme et inscrire dans la Constitution le principe : « La République ne reconnaît aucune communauté ». Il convient donc d’étendre à tout l’espace public la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostentatoires à l’école, et l’inscrire dans le Code du travail afin que « les entreprises privées suivent les mêmes règles de neutralité religieuse et de laïcité que celles qui prévalent dans les administrations. »

Le port du voile islamique est dénoncé au nom « de sa signification quant au statut des femmes », et pour son « effet de dire qu’une partie de la population, sur une base religieuse, serait entièrement à part de la seule communauté qui vaille : la communauté nationale ».

Sur le plan local, il faut

en finir avec les petits arrangements pour contourner la loi de 1905 avec des associations bien choisies, ici pour construire une mosquée sur un terrain communal cédé par bail emphytéotique, là pour la construction d’un centre culturel qui sera en fait un centre cultuel, sans compter les accords discrets sur le menu des cantines ou les horaires des piscines ».

Il ne s’agirait que de « clientélisme municipal », lequel ne peut que favoriser l’enfermement communautariste.

Tout financement public (État, collectivités territoriales…) des lieux de culte et des activités cultuelles doit être interdit. De même que leur financement par des fonds étrangers, qu’ils soient publics ou privés, « car celui qui paye commande ». Marine Le Pen dénonce « l’idée absurde de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, qui a lié les droits de vote pour le Conseil français du culte musulman à la superficie des lieux de prière ». La conséquence serait que le Maroc, la Turquie, l’Algérie, l’Arabie saoudite et le Qatar auraient alors massivement financé la construction de mosquées de plus en plus nombreuses, dans une compétition pour que leur vision de l’islam obtienne le plus d’influence en France. Certaines de ces visions, rigoristes, posent selon elle de nombreux problèmes.

La question des desservants du culte est également posée. Marine Le Pen dénonce par exemple les accords signés, l’un à Alger le 18 décembre 2014 par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, pour faire venir en France des imams algériens, l’autre au Maroc le 19 septembre 2015 par Laurent Fabius, alors ministre des affaires étrangères, pour faire venir en France des imams marocains.

La venue de ces imams algériens ou marocains ne peut que conforter et pérenniser l’enfermement communautariste des citoyens français originaires de ces pays, sans compter les ressortissants de ces pays vivant sur notre sol.

Nous ne pouvons accepter cet islam consulaire, il va à l’encontre de l’unicité du peuple français.

À propos des « 242 mosquées turques réparties sur le territoire français et recensées par le ministère de l’Intérieur », Marine Le Pen souligne qu’« une mosquée turque reste une excroissance de l’administration turque et leurs desservants sont des fonctionnaires de la Diyanet, la présidence des affaires religieuses » en Turquie. Ces fonctionnaires turcs seraient un moyen pour le président Recep Tayyip Erdogan d’encadrer les communautés turques à l’étranger. « La France ne peut admettre une telle présence d’une administration étrangère sur son territoire. »

Marine Le Pen demandera que les prêches soient prononcés en français. Même si « bien évidemment, les paroles rituelles pourront rester dans la langue du Coran ».

Il faut fermer toutes les mosquées salafistes, car

le salafisme gagne du terrain, et finit par organiser la vie quotidienne sur des portions du territoire de la République.

Je commencerai par dissoudre l’UOIF (Union des organisations islamiques de France). Affiliée aux Frères musulmans et classée comme organisation terroriste par certains pays musulmans, dont les Émirats arabes unis, l’UOIF a bénéficié en France de trop de complaisance des gouvernements successifs.

Il n’appartient ni au gouvernement de la République ni aux collectivités locales de choisir des musulmans qui pourraient devenir des interlocuteurs privilégiés. La Fondation de l’islam de France, présidée par Jean-Pierre Chevènement, ne peut être qu’une impasse. Pourquoi les musulmans de France se rangeraient-ils derrière un « machin » dirigé par un « mécréant » et quelques « musulmans de plateaux de télévision »  ? C’est aux musulmans en France de choisir eux-mêmes leurs imams et de construire leurs lieux de culte. Mais il ne peut être toléré des imams « qui appellent à transgresser les lois de la République ». Si le prêcheur fautif est étranger, il ne faut pas hésiter à l’expulser.

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