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Dénucléariser le Proche-Orient, résoudre le conflit israélo-arabe

Lancée par des enseignants de l’université américaine de Princeton, signée par des chercheurs des deux côtés de l’Atlantique, cette déclaration appelle à rompre avec la politique de soutien inconditionnel de Donald Trump à Israël et à engager la région dans la voie de la dénucléarisation, qui implique que Tel-Aviv signe le traité sur la non prolifération des armes nucléaires.

L'image montre un paysage désertique avec des bâtiments en arrière-plan. Au centre, on peut voir un dôme argenté, probablement un réacteur ou une installation scientifique. À côté, il y a une cheminée de grande taille et d'autres structures de différentes hauteurs, suggérant qu'il s'agit d'une installation industrielle ou scientifique. Le ciel est clair et il n'y a pas de nuages. Le terrain autour est aride, avec peu de végétation.
Centrale nucléaire de Dimona, dans le Neguev.

Le Proche-Orient est à nouveau dans la tourmente. Il est peut-être même au bord d’une guerre d’importance qui pourrait impliquer les États-Unis et la Russie. Le président Donald Trump a sorti les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, dénommé Plan d’action global commun (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPOA) conclu par six pays avec l’Iran. Bien que certains de ses conseillers l’aient incité à ne pas dénoncer l’accord, il a préféré suivre l’avis des membres de son cabinet réputés pour être des « faucons » en ce qui concerne le Proche-Orient, optant pour un changement de régime à Téhéran plutôt que pour une réforme de celui-ci. Le plus notable de ces conseillers bellicistes est John Bolton, nommé directeur de la National Security Agency (NSA). Ces choix politiques sont en adéquation avec ceux du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui, dès sa signature, a condamné l’accord nucléaire avec Téhéran.

Le 14 mai, Israël a célébré le soixante-dixième anniversaire de sa création. En 1948, 1956 et 1967, le pays a connu d’incontestables succès militaires face à ses voisins arabes et, durant la guerre de 1973 contre l’Égypte et la Syrie, les Forces de défense israéliennes (FDI), après avoir subi des revers, ont réussi à traverser le canal de Suez et se sont retrouvées en position de menacer Le Caire et Damas ainsi que de nombreuses autres villes. Pourtant, malgré ses capacités militaires inégalées au Proche-Orient, ses institutions culturelles fortes, ses compétences technologiques et son haut niveau de vie par rapport aux autres États de la région, Israël n’a négocié des accords de paix qu’avec l’Égypte et la Jordanie.

Le gouvernement des États-Unis tout comme des citoyens américains et des sociétés américaines ont fourni un important soutien financier et militaire à Israël. L’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) est l’un des groupes de pression les plus puissants aux États-Unis, au même titre que les lobbies d’entreprises ou la National Rifle Association (NRA). La décision récente du gouvernement américain de déplacer son ambassade à Jérusalem sans aucune contrepartie du gouvernement israélien et sans l’accord de ses alliés européens montre clairement qu’il s’est rangé aux côtés de l’État d’Israël. Peut-être aussi grave que la tension entre l’Iran et Israël est la présence de soldats israéliens sur la rive ouest du Jourdain, où vit une population palestinienne importante. L’armée israélienne occupe cette région depuis cinq décennies, ce qui en fait l’une des plus longues occupations militaires des temps modernes. Israël a abusé de son pouvoir en refusant aux Palestiniens la création d’un État, en les opprimant, en les dépossédant de leurs maisons et de leurs terres et en installant de nombreux colons bien décidés à annexer ces territoires.

Les décideurs politiques américains ainsi que les dirigeants israéliens doivent repenser leurs politiques militaires, économiques et culturelles dans la région. Si Israël maintient son armée en Cisjordanie et continue, avec l’aide de l’Égypte, à isoler Gaza du monde extérieur, elle sera considérée comme responsable du drame des populations palestiniennes, et s’engagera dans des politiques d’apartheid.

Les leaders politiques américain et coréen ont envisagé une dénucléarisation de la péninsule coréenne. La dénucléarisation du Proche-Orient ne serait-elle pas une évolution souhaitable et un premier pas important vers la résolution des tensions croissantes dans la région ? À ce jour, selon certaines sources, les Israéliens possèderaient 150 ogives nucléaires. Ils refusent de signer le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ou de permettre à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’inspecter leurs installations, prétendant qu’Israël ne sera jamais le premier à utiliser des armes nucléaires. Bien que les Iraniens n’aient pas justifié leur programme nucléaire comme une réponse à la présence d’armes nucléaires en Israël, cette situation ne peut qu’avoir eu un impact sur leur détermination.

Il est temps que ceux d’entre nous qui s’intéressent au Proche-Orient et à la paix mondiale fassent entendre leur voix. Nous appelons à ce que soient adoptées des politiques qui conduisent à la dénucléarisation de la région ainsi qu’à une résolution juste et équitable du conflit arabo-israélien.

Cette déclaration est née à l’université de Princeton de conversations impliquant Arno J. Mayer, Stanley J. Stein et Robert L. Tignor, professeurs retraités du département d’histoire de l’université de Princeton. Elll a été validée et signée par Abdel Aziz Ezz El-Arab (université américaine du Caire), Joel Beinin (université de Stanford), Noam Chomsky (Massachusetts Institute of Technology, MIT), Richard Falk (université de Princeton et université de Californie, Santa Barbara), Khaled Fahmy (université de Cambridge), James Gelvin (université de Californie à Los Angeles, UCLA), Israël Gershoni (université de Tel Aviv), Molly Greene (université de Princeton), Alain Gresh (ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et directeur d’Orient XXI), Chris Hedges (ancien chef de bureau Proche-Orient pour le New York Times), Yoram Meital (Université Ben Gourion dans le Néguev), Ralph Nader (citoyen), Ilan Pappe (Université d’Exeter), Vijay Prashad (Directeur de l’Institut Tricontinental pour la recherche sociale), Roger Owen (université de Harvard), Cyrus Schayegh (université de Genève), Taqadum Al-Khatib (université libre de Berlin) et Michael Wood (université de Princeton). La plupart des signataires sont chercheurs et donnent des cours sur le Proche-Orient contemporain.

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