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Iran, Syrie, Irak. Contradictions et paradoxes de la politique américaine

Alors que les États-Unis proclament leur victoire dans la guerre contre l’organisation de l’État islamique (OEI), ils s’enferment dans une contradiction, entre leur volonté de se désengager partiellement du Proche-Orient et leur escalade contre l’Iran. Une stratégie qui ne peut que contribuer à déstabiliser la région, notamment l’Irak et la Syrie.

Les États-Unis n’aspirent plus à leur ancien statut de superpuissance ambitionnant de transformer le Proche-Orient conformément au scénario néoconservateur, mais continuent de s’appuyer sur les partenaires qu’ils ont soutenus dans la guerre contre l’OEI pour contrer ce qu’ils considèrent comme leur principal ennemi : l’Iran. Cette discordance entre les influences résiduelles d’anciennes politiques bellicistes et une approche isolationniste désormais dominante gêne les partenaires de Washington dans leurs négociations à tous les niveaux — en particulier dans les pourparlers avec les forces politiques alliées à Téhéran — générant ainsi une impasse politique en Syrie et en Irak. Avec son approche actuelle, l’administration Trump ne parvient pas à contrer l’Iran tout en maintenant les États-Unis militairement engagés dans des conflits persistants aux côtés de partenaires locaux faibles.

Sans une politique qui autorise ses partenaires locaux à s’engager dans des processus politiques avec toutes les forces locales — y compris celles alliées à l’Iran —, l’engagement militaire actuel des États-Unis en Syrie et en Irak ne pourra garantir une influence durable et compromettra les perspectives de stabilité.

L’insoluble problème kurde

Durant la présidence de Donald Trump, la position des États-Unis s’est trouvée réorientée d’un objectif purement sécuritaire visant à défaire l’OEI vers une politique visant à contenir l’influence iranienne, tout en exigeant une transition politique du pouvoir à Damas. La poursuite du soutien militaire américain aux Unités de protection du peuple (YPG) kurdes syriennes sans stratégie politique qui permette à ce groupe de négocier son statut à l’intérieur du pays l’expose à des menaces extérieures, laissant ainsi les soldats américains engagés sur le terrain sans pour autant que Washington détienne un enjeu dans la transition politique de la Syrie.

Les États-Unis fournissent depuis 2014 des armes et de l’entrainement aux YPG, ultérieurement surnommées « Forces démocratiques syriennes » (FDS) dans leur combat contre l’OEI. Pendant les quatre années de collaboration avec les Américains, le mouvement kurde a établi une structure de gouvernement dans le nord-est de la Syrie régulant un territoire supérieur à cinq fois la taille du Liban, partageant 450 km de frontière avec la Turquie, pouvant compter désormais sur une administration comprenant 140 000 civils, 60 000 combattants et une force de police de 30 000 hommes.

Cet impressionnant fait accompli n’a pourtant pas permis au mouvement kurde de transformer le soutien militaire dont il bénéficie en appui politique. De fait, les liens des YPG avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc ont ravivé les craintes d’Ankara qui a mis son veto à l’inclusion de cette auto-administration dans le processus de paix de Genève de l’ONU, dissuadant les États-Unis ou les pays européens de fournir une assistance solide à l’administration en charge de la gestion du nord-est, et empêchant des intermédiaires comme la Russie ou l’Iran de s’engager en faveur d’une entente entre l’administration du nord-est dominée par le mouvement kurde et Damas. De ce fait, l’administration autonome se trouve politiquement dans l’impasse, car exclue du processus de Genève et ayant à plusieurs reprises échoué à trouver un accord bilatéral avec le gouvernement syrien.

De plus, la façon dont les États-Unis ont géré les préoccupations d’Ankara a accentué ce cercle vicieux. La poursuite de l’appui militaire des Américains aux YPG/FDS après la défaite de l’OEI a convaincu Ankara que Washington soutenait la création d’un « mini-État PKK » à sa frontière avec la Syrie. Et plus la Turquie se sent menacée, plus elle déploie des troupes sur sa frontière avec la Syrie ; plus elle déploie des troupes, plus Washington se sent amené à protéger le territoire contrôlé par les YPG/FDS contre une éventuelle agression turque. En novembre 2018, après un mois de mobilisation de troupes turques à la frontière syrienne, accompagnée de tirs de faible intensité de part et d’autre de la frontière, les États-Unis ont pris la décision d’installer des postes d’observation en même temps que des patrouilles communes avec les FDS. Ce qui n’a fait que confirmer les soupçons de la Turquie quant à une protection américaine apportée au renforcement des capacités militaires du PKK en Syrie.

Craintes de la Turquie

Les tentatives américaines actuelles d’atténuer les tensions existant entre leur partenaire local dans la guerre contre l’OEI et la Turquie répètent le même processus : incapables ou réticentes à prendre en compte les liens existant entre le PKK et les YPG, les États-Unis voient la tension actuelle dans le nord-est comme une question bilatérale entre l’administration du nord-est et la Turquie, à savoir comme une question de frontière. Ainsi, de la même manière qu’ils ont essayé de dissiper les tensions avec la Turquie en novembre 2018 en proposant des postes d’observation et des patrouilles communes, la proposition américaine d’une « zone de sécurité » ne fait que reproduire le même schéma, à savoir proposer des solutions militaires à court terme alors que le principal problème politique — la connexion PKK/YPG — est ignoré par les Américains, rendant la Turquie plus déterminée que jamais à agir, convaincue par ailleurs que les Américains sont activement partie liée avec la création de ce « mini-État PKK » qu’ils redoutent.

La perpétuation de la coopération militaire entre les États-Unis et le mouvement kurde même après la fin du projet territorial de l’OEI irrite également les puissances régionales contre leur partenaire. Téhéran voit ce soutien comme un alignement des Kurdes sur les Américains et contre ses alliés dans l’« axe de la résistance ». Ankara, on l’a vu le considère comme un plan visant à consolider l’émergence d’un mini-État aux couleurs du PKK. Pour Damas, c’est une partie d’un projet israélo-américain de partition de la Syrie. Et la Russie a déjà montré qu’elle accordait la priorité aux intérêts des pays régionaux sur ses liens avec les YPG. Il n’y a qu’un an, en janvier 2018, Moscou donnait son feu vert à la Turquie pour son opération « Branche d’olivier » qui a résulté dans le déploiement de troupes turques dans la zone d’Afrin, à majorité kurde, dans le nord-ouest de la Syrie.

Ainsi, le territoire autonome kurde est de plus en plus pris au piège d’un alignement unilatéral sur les Américains qui remet en question plutôt qu’il ne facilite ses tentatives pour définir son statut en Syrie. Les dirigeants voient bien qu’une solution durable réside dans un accord avec Damas, et qu’en s’appuyant uniquement sur le soutien militaire américain, sans parvenir à rouvrir des négociations avec le régime syrien, ils ne font que s’exposer grandement à une intervention militaire turque contre eux. « Nous réalisons bien que nous sommes seuls, et nous avons expliqué aux Américains qu’à cause de notre alignement à leur côté, nous nous nous retrouvons avec toute la région contre nous, et sans eux nous n’avons désormais plus de chances de nous en sortir », reconnaît un des leaders du mouvement kurde.

Instabilité du gouvernement à Bagdad

Comme en Syrie, l’objectif de l’administration Trump en Irak est passé de la défaite de l’OEI à une position anti-iranienne marquée, qui a polarisé la scène politique irakienne. Cette attitude d’escalade met en péril les tentatives du gouvernement irakien de rester neutre dans la confrontation Washington-Téhéran et crée une impasse permettant à l’Iran d’élargir et de consolider ses alliances avec des partenaires locaux en Irak tout en minant son partenaire clé, le gouvernement irakien à Bagdad.

Depuis 2014, les États-Unis ont déployé 5 200 soldats américains, approvisionné en armes, en formation, en renseignement et en conseillers les combattants kurdes ainsi que l’armée irakienne. En septembre 2018, alors qu’un nouveau gouvernement irakien était en train de se former, la pression américaine sur ses principaux partenaires — les partis kurdes et les forces modérées chiites qui dirigent le gouvernement — pour s’aligner contre l’Iran a sapé le poids de ces deux partenaires des États-Unis sur la scène politique. Il l’a polarisée et a accentué sa fragmentation en créant deux camps rivaux, l’un soutenu par Washington et l’autre par Téhéran. Une telle polarisation a empêché le premier de s’entendre avec le second sur des candidats ministériels susceptibles d’équilibrer les deux côtés, créant ainsi une impasse dont on n’est pas encore sorti. Le gouvernement Adel Abdel Mahdi, qui a pris ses fonctions en octobre 2018, s’appuie sur une majorité parlementaire fragile et reste incomplet, les portefeuilles de sécurité clé (intérieur, défense et sécurité nationale) restant à nommer.

La position agressive de Washington contre Téhéran affecte directement le gouvernement irakien sommé ouvertement de choisir entre le camp américain et le camp iranien. Depuis octobre 2018, l’administration Trump a demandé à Bagdad d’appliquer le régime de sanctions contre Téhéran et de réduire les paiements pour les importations de gaz et d’électricité en provenance d’Iran. Washington émet des dérogations de 45 jours, puis de deux périodes de 90 jours, permettant à Bagdad de continuer à payer ses importations de gaz et d’électricité. Cela maintient en revanche le premier ministre dans une position fragile, forcé qu’il est de devoir renégocier en permanence le renouvellement de ces dérogations. La liste noire des groupes paramilitaires irakiens liés aux Gardiens de la révolution (IRGC), eux-mêmes classés depuis le 8 avril 2019 comme groupe terroriste, risque de renforcer la tendance de Washington et de l’Iran à soutenir des forces irrégulières extérieures au gouvernement. Cela se fera au détriment du programme de réforme du secteur de la sécurité qui a tenté de réintégrer ces forces sous l’égide de l’État et de définir l’architecture de sécurité du pays dans la période de l’après-ISIS.

L’influence accrue de Téhéran

Si la menace d’une confrontation physique entre les États-Unis et l’Iran est encore incertaine, Washington agit comme si cette menace était réelle et défie la tentative de Bagdad de rester neutre dans la confrontation. Au cours de sa visite à Bagdad, Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain, a averti les responsables irakiens que toute agression contre les intérêts américains en Irak déclencherait une réaction sur le sol irakien. Quelques jours plus tard, le département d’État a décidé d’évacuer une partie de son personnel diplomatique d’Irak. Un alignement du gouvernement sur les positions du camp américain contre l’Iran peut déclencher une réaction locale et inciter les groupes parlementaires un vote de retrait de confiance, voire à s’appuyer sur les milices affiliées pour des opérations de déstabilisation. Si, à l’inverse, le gouvernement s’aventurait à se rapprocher trop du camp pro-iranien, Washington pourrait sanctionner le gouvernement pour avoir violé le régime de la sanction et retirer ses moyens militaires et de sécurité indispensables pour empêcher la résurgence de l’OEI dans le pays.

Au même moment, l’influence iranienne s’est considérablement accrue sur la scène politique irakienne. Téhéran entretient des relations avec tout le spectre politique irakien, y compris avec des partis et des personnalités qui ont toujours été des alliés des États-Unis. L’un de ceux qui ont récemment changé d’allégeance et soutenu les Iraniens a déclaré : « Les Iraniens s’engagent, livrent et livrent. Les États-Unis ne font rien de tout cela ». Parce qu’ils entretiennent des relations avec les factions chiites, kurdes et sunnites, les responsables iraniens sont en mesure de faciliter les transactions entre eux, voire de remplacer le gouvernement. Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) traditionnellement plus proche des États-Unis que de l’Iran conclut des accords avec les plus proches partenaires de Téhéran, membres de l’alliance Al-Fatah. Contrairement au gouvernement, les membres de ce bloc parlementaire sont en mesure de contrôler le déploiement de forces paramilitaires dans des territoires contestés entre la région kurde et Bagdad.

En janvier, les forces politiques parlementaires alliées avec l’Iran ont rédigé une loi remettant en cause la légitimité de la présence militaire américaine en Irak. Au cours du mois de février, le projet de loi a recueilli davantage de soutien. Que le Parlement adopte la loi ou non, l’initiative risque de forcer les alliés des États-Unis à la soutenir, sommés qu’ils seront de soutenir une ligne populiste insistant sur la nécessité de préserver la souveraineté de l’Irak des ingérences étrangères. Le gouvernement, à son tour, pourrait ne pas être en mesure de s’opposer à la mise en œuvre du projet de loi, craignant de contrarier le Parlement et de perdre la majorité lui permettant de conserver le pouvoir et de gouverner.

En Irak, les Iraniens font ce que les États-Unis ont tenté en vain : faire pression sur leurs rivaux par le biais de partenaires locaux. Un responsable des Unités de mobilisation populaire, un groupe paramilitaire ayant des liens étroits avec Téhéran, explique : « Plus les Américains sont en mode escalade, plus nous sommes habilités à consolider notre présence sur le terrain. »

Pour une approche politique

En Syrie comme en Irak, le décalage entre la position agressive de Washington contre l’Iran et son désengagement du Proche-Orient rend les alliés des États-Unis vulnérables. Si l’administration américaine a pour objectif de contrer l’Iran sans être pour autant prête à engager les États-Unis dans une guerre à grande échelle, elle doit alors s’appuyer sur une stratégie visant à convertir sa présence militaire dans des contextes post-OEI en un levier politique. Elle ne peut y parvenir que par l’intermédiaire de ses partenaires locaux et en leur permettant de négocier même avec les forces alliées à l’Iran qui dominent le paysage post-OEI en Irak et en Syrie. Une rhétorique belliqueuse contre l’Iran non adossée à une véritable stratégie d’influence politique concrète pourrait, sur la scène de la politique intérieure américaine, renforcer le soutien à l’administration Trump, mais ne ferait que prolonger les crises en Syrie et en Irak.

En Syrie, les États-Unis devront trouver une formule qui leur permette de maintenir leur soutien aux YPG sans antagoniser les acteurs régionaux. Ils devraient plutôt opter pour une stratégie qui permette aux YPG de traduire le maintien du soutien militaire américain en levier pour les négociations avec Damas selon une formule hybride qui permettrait à l’État de revenir dans des domaines tels que l’éducation et les affaires administratives tout en évitant le retour de l’appareil sécuritaire de l’État. Une série d’accords locaux de partage du pouvoir et de sécurité, ainsi qu’un accord global de partage des recettes restent pour l’instant le meilleur moyen de reconnecter progressivement l’État central avec l’administration autonome du nord-est sans forcer cette dernière à une simple reddition. Un tel règlement ne représente aucunement une solution définitive. Mais il créerait une transition durable qui inverserait le déclin actuel vers l’isolement politique du mouvement kurde. Cela placerait également ce dernier dans une meilleure position pour un processus politique tout en lui permettant de conserver au moins temporairement sa capacité militaire.

Un tel arrangement pourrait également contribuer à répondre aux préoccupations de Damas et d’autres puissances régionales. Pour sa part, le territoire kurde pourrait renouer avec le gouvernement central sans perdre le contrôle de ses périphéries tout en désamorçant les conflits avec les acteurs régionaux concernés par son actuel unilatéralisme centré sur les États-Unis.

La Turquie verrait ses inquiétudes partiellement apaisées, car l’autonomie des YPG serait réduite et le cauchemar d’un mini-État kurde à sa frontière évité, même en l’absence de réponse à la question des capacités militaires des Kurdes. Une telle solution négociée serait susceptible de régler le dilemme américain partagé entre le désir de Washington d’utiliser la présence kurde sur le terrain pour contrer l’Iran et le besoin de réparer ses relations avec Ankara, tout en évitant que l’Iran ne profite d’un éventuel retrait américain dans le nord-est syrien pour combler le vide.

En Irak, la priorité des Américains devrait être d’aider le gouvernement à finaliser la formation du cabinet, et de lui permettre de gouverner. Ceci impliquerait de moindres pressions sur l’exécutif pour qu’il mette en œuvre des sanctions contre l’Iran tout en encourageant — ou au moins en ne s’opposant pas — à un rapprochement entre les blocs antagonistes au Parlement.

Une approche plus « soft » sur la question des sanctions permettrait à Bagdad de rester à égale distance de Washington et de Téhéran. Les périodes de grâce accordées par Washington à l’Irak dans la mise en œuvre de sanctions contre l’Iran ne sont pas de nature à aider l’exécutif irakien, mais le fragilisent plutôt. L’administration américaine gagnerait plus à se mettre d’accord avec Bagdad pour établir un calendrier des sanctions anti-iraniennes qui tienne compte de sa dépendance énergétique et économique vis-à-vis de Téhéran, et de mesurer les risques d’instabilité politique et militaire en cas de riposte contre le gouvernement irakien.

Un consensus entre les blocs politiques rivaux au Parlement permettrait d’éviter les obstacles sur la formation du gouvernement et aiderait les factions politiques à s’entendre sur les ministères non affectés en nommant des candidats modérés capables de dialoguer avec des responsables iraniens et américains et à même de faciliter la définition du statut juridique de la présence militaire américaine en Irak. De la même manière, les sanctions en Syrie pourraient certes contribuer à épuiser le régime, mais aussi encourager la résurgence de cellules de l’OEI dans les zones nouvellement libérées. La pénurie de pétrole dans les zones contrôlées par le régime a alimenté la mise en place de réseaux de contrebande depuis les zones des FDS en direction des territoires contrôlés par le régime. L’offre de pétrole a alors chuté dans les zones FDS, entrainant une hausse massive des prix qui a contribué, entre autres causes, à une vague de manifestations populaires dans les campagnes de la région de Deir Al-Zor et incitant les cellules restantes de l’OEI à profiter de l’insurrection locale contre les FDS pour la radicaliser et se repositionner dans la région.

En Syrie comme en Irak, Washington devrait mettre sa rhétorique au diapason de ses objectifs de politique étrangère et concevoir son rôle et ses relations avec les partenaires locaux conforme à son désengagement partiel du Proche-Orient. Un pas dans cette direction consiste à s’appuyer sur ces partenaires locaux et à leur permettre de créer leurs propres alliances, même avec des forces hostiles, afin de défendre leurs propres intérêts de manière transactionnelle. Il est temps d’envisager une approche qui pourrait offrir au Proche-Orient plus de stabilité et une influence durable à Washington sans le coût des lourds engagements militaires qui ont très peu rentabilisé leur investissement et qui sont maintenant explicitement indésirables pour le gouvernement actuel. Cela ne fera peut-être pas du Proche-Orient une région plus démocratique, mais le rendra à coup sûr plus stable.

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