Focus Oslo

Israël-Palestine. Des deux États à l’apartheid

L'image montre trois hommes se serrant la main lors d'un événement important. À gauche, un homme âgé avec des lunettes, à droite, un homme en costume militaire, et au centre, un homme en costume noir qui semble jouer un rôle de médiateur. Ils se tiennent sur un balcon ou une terrasse, avec un décor architectural en arrière-plan. Cette scène évoque un moment symbolique de paix ou de négociation entre des parties en conflit.
Washington, la Maison Blanche, 13 septembre 1993. La célèbre poignée de mains entre le premier ministre israélien Yitzahk Rabin et Yasser Arafat, chef de l’OLP, à la signature des « accords d’Oslo »
J. David Ake/AFP

Quand le 13 septembre 1993, Yasser Arafat, président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et Yitzhak Rabin, premier ministre d’Israël, signent ce que l’on appellera « les accords d’Oslo » sur la pelouse de la Maison Blanche, sous l’égide du président américain Bill Clinton, l’euphorie est générale à travers la planète, et faibles sont les voix discordantes. Il est vrai que le monde vit dans la bulle de « la fin de la Guerre froide » et de l’effondrement de l’URSS, rêve d’un nouvel ordre mondial international que la guerre de 1990-1991 contre l’Irak n’a pas ébranlé. Un à un, des conflits majeurs connaissent des solutions en Angola comme au Mozambique, au Nicaragua comme au Salvador. Et le système de l’apartheid en Afrique du Sud est démantelé, tandis que Nelson Mandela est libéré.

Alors, pourquoi pas la Palestine et la fin du « conflit israélo-arabe » ? D’autant que les négociations se concentrent sur l’avenir du peuple palestinien. Il faudra dix ans de tractations, de répression, de colonisation, d’attentats pour que ce que l’on appelle « le processus de paix » sombre corps et bien. Il existe de nombreuses raisons à cet échec, mais le principale est le refus des Israéliens et de leur gouvernement de reconnaître les Palestiniens comme des égaux. À chaque moment de la négociation, ce qui a prévalu ce sont les intérêts des Israéliens au détriment de ceux des Palestiniens ; et, malgré le rapport de forces défavorable entre les deux parties, à chaque moment, les États-Unis et les Européens ont fait pression sur la partie la plus faible pour qu’elle fasse encore plus de concessions.

Dans ses mémoires1, où il relate les négociations avec le premier ministre Frederik De Klerk sud-africain, Mandela rappelle que sa seule exigence non négociable était celle de l’égalité entre les citoyens — un homme, une femme, une voix. Récemment, de nombreux dirigeants occidentaux se sont indignés des déclaration du ministre israélien Itamar Ben Gvir qui a affirmé haut et fort que les droits des juifs sur la terre de Palestine étaient supérieurs à ceux des « Arabes ». Mais n’est-ce pas toute la politique israélienne qui est fondée, depuis des décennies, sur ce refus de l’égalité ?

Les accords d’Oslo sont morts et avec eux la possibilité d’une « solution à deux États ». Entre le fleuve (du Jourdain) et la mer (Méditerranée), il n’existe désormais qu’un seul État, comme le reconnaissent quatre éminents universitaires américains dans la prestigieuse revue de l’establishment Foreign Affairs2. Dans cet État, expliquent-ils, vivent deux populations soumises à des lois, à des tribunaux, à des règles différents, autrement dit à ce que l’on peut définir comme une situation d’apartheid. Il faudra bien que la communauté internationale et notamment les Occidentaux finissent par le reconnaître.

1Un Long chemin vers la liberté, Le Livre de Poche, Paris, 1996.

2Michael Barnett, Nathan Brown, Marc Lynch et Shibley Telhami, « Israel’s One-State Reality »,, Foreign Affairs, New York, mai-juin 2023.

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