On entend souvent dire : « dénoncer la politique israélienne, c’est être antisémite ». Le mot « antisémitisme » date du XIXe siècle et désigne la haine très ancienne des juifs, née en Europe dès le Moyen-Âge à cause de l’Église chrétienne, qui les accusait d’avoir tué Jésus-Christ. Elle a entraîné l’oppression des juifs dans toute l’Europe pendant près de deux mille ans, pour aboutir au génocide de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants par les nazis durant la seconde guerre mondiale.
Traiter quelqu’un d’antisémite est donc une accusation très lourde. Comme les dirigeants d’Israël présentent eux–mêmes leur État comme un « État juif », critiquer Israël et critiquer les juifs, ce serait pareil. Mais « juif » et « Israélien », est-ce vraiment la même chose ? Non, loin de là. Depuis sa création en 1948, Israël n’a pas attiré la majorité des gens considérés comme juifs, qui restent citoyens d’autres pays.
Tous les juifs soutiennent-ils la politique israélienne ? Non. Même en Israël, il existe des opposants à la politique du gouvernement actuel, qui consiste à accélérer l’occupation des territoires palestiniens et empêcher la naissance d’un État palestinien. Dénoncer cette politique, ce n’est pas critiquer « les juifs », mais ceux qui dirigent aujourd’hui Israël, et qui sont très marqués à droite, voire à l’extrême droite. Ce sont eux qui affirment que dénoncer leur politique, c’est être antisémite, et que cela signifie qu’on souhaite la disparition de tous les juifs, en Israël ou ailleurs.
En réalité, Israël est un État, avec un gouvernement, et sa politique peut donc être examinée, appréciée, discutée, comme celle de n’importe quel autre État et de n’importe quel autre gouvernement dans le monde.
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