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Peut-on mettre un terme à la prolifération nucléaire au Proche-Orient ?

© Hélène Aldeguer, 2017.

Pour répondre à cette question, il faut s’intéresser au cas de deux pays : l’Iran et Israël.

Deux poids, deux mesures

— L’Iran a développé ces dernières années l’enrichissement de l’uranium, sans pour autant disposer de la bombe atomique. Cela a déclenché une grave crise internationale durant une douzaine d’années, avec de lourdes sanctions à son encontre (économiques et diplomatiques), et des négociations interminables qui ont abouti le 14 juillet 2015 à un accord avec les pays du « P 5+1 » : États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, plus l’Allemagne. Il prévoit de limiter l’enrichissement de l’uranium et la production de plutonium, de renforcer les inspections internationales, en échange de la levée des sanctions, mais en maintenant un embargo sur les armes.

Des menaces pèsent cependant sur la pérennité de cet accord sur le nucléaire iranien, que le président américain Donald Trump a promis de "déchirer" durant sa campagne électorale, et contre lequel Israël multiplie les interventions.

— Israël, en revanche, dispose de la bombe depuis le milieu des années 1960, mais sans l’admettre, au prétexte de ne pas vouloir être le premier à avoir introduit l’arme nucléaire au Proche-Orient. Aussi refuse-t-il que des négociations s’ouvrent sur une zone sans armes de destruction massive au Proche-Orient. En revanche, il intervient, militairement au besoin, comme en juin 1981 contre l’Irak en détruisant le réacteur nucléaire Osirak fourni par la France, et poursuit la modernisation de son arsenal nucléaire. Mais aucune sanction n’est prise par la communauté internationale. Au contraire, plusieurs États, dont la France, l’Allemagne, les États-Unis, soutiennent l’industrie militaire d’Israël, tout en ayant été les plus fervents initiateurs des sanctions appliquées à l’Iran.

Mettre un coup d’arrêt à la prolifération nucléaire au Proche-Orient nécessite de sortir de l’attitude de « deux poids deux mesures ».

Une situation qui alimente la prolifération

Cette politique vis-à-vis de l’armement nucléaire israélien apparaît absurde et dangereuse. Car ce qui alimente la prolifération et le risque d’une guerre nucléaire dans cette région du monde est bien la possession par Israël de cette arme de destruction massive et la volonté de ce pays de conserver le monopole nucléaire tout en déniant à ses voisins le droit d’acquérir l’arme nucléaire pour assurer leur sécurité.

La possession de l’arme nucléaire confère une indéniable supériorité en termes de puissance et sur un plan technologique, même si on ne voit pas quelle utilité elle peut avoir sur le plan militaire : son utilisation par Israël ne semble en effet guère possible, ne serait-ce que pour les conséquences sanitaires environnementales que cela aurait dans toute la région, ce qui serait suicidaire pour Israël lui-même.

Une zone sans armes de destruction massive est-elle possible ?

Un accord a été trouvé avec l’Iran, mais sans la mise en route d’un processus de négociation pour une zone sans armes de destruction massive au Proche-Orient. Par conséquent, le risque est que demain un autre pays — Arabie saoudite, Égypte… — veuille à son tour se doter de l’arme nucléaire, ou au minimum en maîtriser toutes les technologies, afin de devenir un « pays du seuil » nucléaire, selon la terminologie en usage.

Qui plus est, le Proche-Orient est une région nucléarisée de fait avec l’arsenal israélien, mais aussi la présence des sous-marins ou des porte-avions nucléaires tant russes qu’américains qui circulent de manière quasi permanente dans la région. Pourtant un tel processus de « zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Proche-Orient » est en discussion au sein des Nations Unies depuis… 1974 ! Mais il manque une réelle volonté politique des différents acteurs.

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