Pourquoi la Russie intervient-elle en Syrie ?

© Hélène Aldeguer, 2016.

Les relations entre l’Union soviétique et la Syrie sont anciennes et remontent aux années 1950. Nous sommes alors en pleine période de guerre froide qui voit s’affronter Moscou et Washington. Les pays du Proche-Orient arabe commencent à accéder à une indépendance politique réelle, à échapper à l’influence des Occidentaux. Ils cherchent dans l’URSS un allié qui puisse leur fournir des armes face à Israël et les aider à bâtir une industrie lourde.

Cette alliance a connu des hauts et des bas, mais l’URSS a aidé la Syrie face à Israël pendant la guerre israélo-arabe de 1973 et au moment de l’invasion du Sud-Liban en 1982. Des dizaines de milliers de conseillers militaires russes ont séjourné en Syrie, se sont parfois mariés avec des Syriennes et des dizaines de milliers d’étudiants syriens ont étudié soit à Moscou soit dans les différentes villes du pays.

Dès le début de l’insurrection populaire en Syrie au printemps 2011, la Russie affirme son soutien au régime, tout en ouvrant des canaux de discussion avec l’opposition. En septembre 2015, alors que les différentes forces rebelles et l’organisation de l’État islamique (OEI) remportent des succès sur le terrain, le président Vladimir Poutine décide d’intervenir massivement, par voie aérienne. Depuis, les bombardements massifs indiscriminés de son aviation ont redonné l’avantage à l’armée syrienne. La Russie appuie l’offensive gouvernementale contre Alep et est accusée de crimes de guerre par des organisations humanitaires internationales.

Les raisons de ce soutien à Bachar Al-Assad sont multiples. D’abord, l’effondrement des États en Irak et au Yémen a fait craindre à Moscou un sort similaire à la Syrie et une victoire des groupes les plus radicaux. Cette inquiétude est renforcée par le nombre de Russes et de citoyens des anciennes républiques d’Asie centrale qui combattent dans les rangs de l’OEI.

Les gains de la Russie en Syrie sont réels. Elle est devenue une interlocutrice obligée pour les États-Unis. Elle a installé deux bases militaires, l’une navale l’autre aérienne, les seules dont elle dispose au Proche-Orient, alors que les États-Unis en ont plusieurs dans la région. Elle teste ses armes les plus avancées.

Dans le même temps, les Russes cherchent à éviter l’enlisement dans une guerre longue et coûteuse — le nombre de leurs soldats sur le terrain est très réduit —, alors que leur économie connaît une récession due à l’effondrement des prix du pétrole. Ils sont donc à la recherche d’une solution politique qui préserverait l’armée et l’État syriens. La question qui demeure sans réponse est celle de l’avenir de Bachar Al-Assad.

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