Le terrorisme n’est qu’un mode d’action. Il consiste à créer de la terreur par une action violente, afin d’exercer une pression psychologique sur une autorité politique ou une opinion publique. Ce n’est jamais un but en soi : il s’agit de provoquer une réaction politique, un changement de comportement politique. Il est employé au service d’une cause ou d’un intérêt, qui eux-mêmes ne sont pas « terroristes » mais politiques. Il est souvent aussi un acte de rétorsion en réponse à ce qui est considéré comme une agression. La prise d’otages à des fins politiques, accompagnée de la menace d’exécution, est également du terrorisme.
Ses cibles — matérielles ou humaines — représentent directement ou symboliquement l’autorité politique visée. Exemples : les attentats de l’Irish Republican Army (IRA) en Angleterre dans les années 1970 à 1990 contre la présence britannique en Irlande du Nord ; l’attentat d’Al-Qaida du 11 septembre 2001 aux États-Unis pour répondre à la politique et à l’influence américaines au Proche-Orient ; celui de l’organisation de l’État islamique (OEI) à Paris du 13 novembre 2015, réplique aux bombardements de cette organisation en Syrie et en Irak par la France.
Le terrorisme peut être utilisé par une organisation non étatique (exemple l’IRA), ou par un État via ses services secrets (exemple les attentats libyens contre un avion de ligne américain en 1988, puis contre un avion de ligne français en 1989), ou encore via un groupe tiers que cet État crée et soutient (l’Espagne avec les Groupes antiterroristes de libération (GAL) anti-indépendantistes basques de l’Euskadi ta Askatasuna (ETA), dans les années 1980).
Le terrorisme s’arrête quand l’objectif poursuivi est atteint, ou quand les circonstances ont changé. Ainsi le Front de libération nationale (FLN) algérien a cessé ses attentats une fois l’indépendance de l’Algérie obtenue. Bien que leurs objectifs ne soient pas atteints, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’ETA en Espagne y ont renoncé. Les exemples du FLN et de l’OLP montrent que des groupes qui ont utilisé le terrorisme peuvent devenir des institutions officielles internationalement reconnues.
Qualifier une entité de « terroriste » est souvent un parti pris politique, surtout quand les faits et leur contexte sont en cours. Certains régimes politiques vont jusqu’à déclarer « terroristes » des mouvements qu’ils considèrent dangereux pour leur stabilité, ou qui s’opposent à leur politique, même si ces mouvements n’utilisent pas le terrorisme. Ainsi l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qualifient aujourd’hui les Frères musulmans d’organisation terroriste.
Aucun consensus international n’existe pour une définition officielle du terrorisme.
➞ On parle parfois de « terrorisme d’État ». Cela consiste, pour un pouvoir en place, à utiliser la terreur de façon illégitime comme méthode de gouvernement, visant à un accroître son pouvoir sur les citoyens, par exemple par la torture, l’emprisonnement ou l’assassinat d’opposants politiques.
➞ Le « cyberterrorisme » désigne des attaques illégales de réseaux informatiques pour des motifs politiques. La qualification de terrorisme est ici généralement abusive en l’absence de terreur provoquée par ces actions. L’utilisation d’Internet par une entité terroriste n’est pas du terrorisme en soi mais de la propagande, dans les réseaux sociaux par exemple, sauf si ce qui est diffusé cherche à provoquer de la terreur pour obtenir une réaction politique.
➞ Il y a une gradation dans le niveau de violence du terrorisme. Ce mode d’action peut se limiter aux infrastructures, bâtiments administratifs et fonctionnaires de l’autorité politique visée (exemple de l’IRA autrefois) ; ou viser les populations civiles (l’OEI).
C’est le contexte, la nature de la cible et l’effet de terreur recherché qui déterminent le caractère terroriste d’un mode d’action, et non la technique employée.
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