Que pèsent les partis politiques arabes en Israël ?

Les partis arabes traduisent la présence des Palestiniens de l’intérieur, restés sur le territoire de la Palestine historique après la guerre de 1948. Ils représentent près de 20 % de la population totale d’Israël. Bien qu’officiellement citoyens israéliens, ils ne possèdent pas les mêmes droits que les citoyens juifs.

Ces partis ont longtemps été soumis au contrôle de l’administration israélienne, notamment pendant la période du gouvernement militaire (1948-1966). Le plus important a longtemps été le Parti communiste israélien Maki, seul parti judéo-arabe. Après une scission en 1965, il devient le Rakah qui obtiendra trois députés aux élections cette année là et compte parmi ses membres l’écrivain et journaliste palestinien Émile Habibi ainsi que Tewfik Zayyad maire de Nazareth. En 1977, il réussit à capter près de 50 % des voix arabes au sein de la coalition Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité). Il réclame la création d’un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël.

D’autres partis ont été interdits en raison de leur orientation, comme le parti nationaliste arabe Al-Ard (La terre), dissout en 1965 par la Cour suprême et accusé de nier le droit des juifs à disposer d’un État.

Proximité avec l’OLP

À partir des années 1970, plusieurs partis nationalistes arabes voient le jour. Le mouvement Abna Al-balad (Les fils du pays) créé en 1972 à Oum Al-Fahm se revendique de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP). Très présent aux élections locales et sur les campus universitaires, il refuse jusqu’à sa scission en 1983 d’entrer au Parlement. La Liste progressiste pour la paix fondée en 1984 par Mohamed Miari remporte 2 sièges cette année-là, avec 18 % du vote arabe. Quant au Parti démocratique arabe (PDA) d’Abdelwahab Darawshé, il récolte un siège pour sa première élection en 1988.

Parallèlement, le Mouvement islamique est fondé en 1983 par le cheikh Abdallah Darwish. Omniprésent dans les manifestations, il remporte de nombreuses localités, mais ne fait son entrée au Parlement qu’en 1996 aux côtés du PDA au sein de la première Liste arabe unie.

La présence des partis arabes dans le Parlement israélien ne signifie pas une participation aux politiques publiques, puisqu’ils n’intègrent pas le gouvernement. Toutefois, des députés arabes du Parti travailliste sont nommés au gouvernement en 1992, à la veille de la signature des accords d’Oslo. Le parti travailliste capte cette année-là 52 % du vote des Palestiniens d’Israël.

Le tournant des années 2000

En 2000, 13 Palestiniens d’Israël sont tués pendant la répression d’une manifestation de soutien à la deuxième Intifada. L’année suivante, une abstention record de 80 % est enregistrée chez les Palestiniens d’Israël lors de l’élection du premier ministre, après la démission d’Ehoud Barak, responsable de la répression anti-palestinienne. À l’Assemblée, les partis arabes sont plus que jamais divisés, avec 10 sièges occupés par 8 partis différents. C’est toutefois l’émergence d’un « vote arabe » puisqu’en 1999, les partis arabes obtiennent 70 % des voix arabes contre moins de 8 % pour le Parti travailliste.

Les députés arabes sont régulièrement ciblés par les attaques des partis sionistes. Cette pratique s’est intensifiée avec la montée en puissance du Likoud. Plusieurs députés arabes comme Azmi Bishara — qui sera poussé à l’exil — ou Ahmed Tibi ont vu leur immunité levée par la majorité parlementaire pour leur soutien à la cause palestinienne, bien que ces décisions aient été annulées par la Cour suprême.

Des lois sont votées pour limiter leur participation à la vie politique, comme l’amendement de la loi fondamentale introduit en juin 2008 qui disqualifie un candidat qui se serait rendu « dans un État ennemi sept ans avant la candidature », comme la Syrie ou le Liban. Le relèvement du seuil électoral minimal (2 % en 2006 puis 3,25 % en 2015) contribue également à la marginalisation des partis arabes.

La radicalisation de la scène politique en Israël les a poussés à l’union. La Liste arabe unie (LAU) qui réunit la majorité d’entre eux à partir de 2003 parvient à fédérer le vote palestinien autour d’un programme commun et à obtenir 13 sièges en 2015 et 2019, puis 15 sièges en 2020. La coalition connaît toutefois des tensions internes entre ses leaders. En mars 2021, le vote arabe se divise entre la Liste unifiée menée par Ayman Odeh et la liste islamiste Ra’am menée par Mansour Abbas, qui ne rejette pas formellement une alliance avec le Likoud, mais avec qui toute coopération est récusée par l’extrême droite coloniale, principal partenaire politique de Benyamin Nétanyahou.

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