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Quel est le bilan de Barack Obama au Proche-Orient ?

© Hélène Aldeguer, 2017.

Lorsque Barack Obama accède à la présidence des États-Unis, le 20 janvier 2009, les attentes internationales sont très élevées. Son pays est enfoncé depuis six ans dans une occupation militaire calamiteuse de l’Irak. Et la politique internationale du gouvernement américain a entrainé son isolement croissant. Symbole des espoirs d’un changement radical, Obama reçoit le 29 octobre 2009 le prix Nobel de la paix… avant d’avoir obtenu le moindre succès international.

Trois initiatives

En direction du Proche-Orient, Obama développe trois initiatives :

➞ la première consiste à faire la différence entre la guerre en Irak, qu’il a qualifiée de « guerre stupide », et celle en Afghanistan contre Al-Qaida et ses soutiens, les talibans, décrite comme une « guerre nécessaire ». Il va donc augmenter le contingent américain en Afghanistan et planifier un retrait militaire d’Irak en trois ans, retrait dont le principe avait été négocié par son prédécesseur George W. Bush ;

➞ la seconde porte sur le conflit israélo-palestinien. Il charge le sénateur George Mitchell de relancer une négociation de paix entre le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Mahmoud Abbas. À cette occasion, il demande à Israël de mettre fin à la colonisation des territoires palestiniens occupés pour permettre une négociation de paix entre les deux parties ;

➞ la troisième vise l’Iran. Obama s’est engagé à négocier « sans condition préalable » un traité pour mettre fin aux efforts iraniens d’accéder à la bombe atomique afin de normaliser les relations entre les deux pays (rompues en 1980) et avancer vers un Proche-Orient « dénucléarisé ». Il confirme cet engagement dans un discours célèbre, prononcé au Caire le 4 juin 2009.

Et il offre aux musulmans du monde « un nouveau départ » dans leurs relations avec les États-Unis. Le « cycle de méfiance et de discorde » engagé par les attentats du 11 septembre 2001 et l’invasion américaine de l’Irak « doit s’achever. (…) Les États-Unis ne sont pas et ne seront jamais en guerre contre l’islam », proclame-t-il.

Un bilan contrasté

Que reste-t-il de ce programme, huit ans plus tard ? L’Irak est très loin de s’être stabilisé. Exclus de la scène politique, en Irak puis en Syrie, une partie des activistes sunnites se sont ralliés à l’organisation de l’État islamique — « Daesh » —, une formation politico-militaire djihadiste qui a proclamé le « califat ». De sorte que, le gouvernement de Bagdad ayant demandé un soutien militaire de Washington contre l’OEI, on compte aujourd’hui 6 000 militaires américains en Irak. De même, Obama a ralenti le retrait des forces américaines d’Afghanistan où non seulement la « guerre nécessaire » n’a pas été gagnée (malgré l’assassinat, le 2 mai 2011, du chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden), mais où 9 000 soldats américains sont toujours présents, un retrait américain pouvant entrainer à court terme une reprise de la guerre civile.

Plus généralement, Obama n’est pas parvenu à rétablir la relation de confiance avec les peuples arabes et musulmans qu’il souhaitait. À l’issue des « printemps arabes », l’image des États-Unis y est encore plus dégradée qu’auparavant. Les assassinats ciblés menés par des drones téléguidés américains et leurs victimes « collatérales » ont eu des effets dévastateurs sur l’opinion. En huit ans, le chaos s’est lourdement accru, avec l’effroyable conflit en Syrie, mais aussi les guerres menées en Libye et au Yémen.

Enfin, non seulement Obama a été incapable de faire avancer Israéliens et Palestiniens vers un accord de paix, mais il a été publiquement humilié par le premier ministre israélien, qui a augmenté le nombre des colons de plus de 100 000 en Cisjordanie et à Jérusalem.

Pour beaucoup d’analystes, la diplomatie d’Obama dans cette zone est apparue incohérente. Seul succès diplomatique, mais très important, à mettre à son actif : la signature d’un accord mettant fin au programme nucléaire militaire de l’Iran et aux sanctions occidentales à son encontre. Malheureusement, l’accession de Donald Trump à la présidence américaine fait peser une menace sur la pérennité de cet accord.

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