Cet accord — ou ensemble d’accords — porte les noms des deux responsables qui l’ont signé. Mark Sykes était un haut fonctionnaire britannique (qui laissait croire qu’il parlait turc et arabe, ce qui n’était pas vrai). François Georges-Picot était un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay, convaincu de la « mission civilisatrice » de la France et membre du comité de l’Asie française, un lobby colonial ; il est consul général à Beyrouth quand la guerre éclate.
L’accord est conclu secrètement le 16 mai 1916 entre la France et le Royaume-Uni puis ratifié par la Russie, en vue du partage de l’empire ottoman allié de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie au cours de la première guerre mondiale. Avec les accords de Saint-Jean-de-Maurienne auxquels se joint l’Italie, ils répartissent les zones d’influence des puissances victorieuses.
Bien que l’on évoque souvent « les frontières de Sykes-Picot » pour parler du découpage actuel du Proche-Orient, celles-ci ont été largement renégociées, et d’abord entre Londres et Paris qui renoncera à la Palestine et à Mossoul. Les révolutionnaires soviétiques dénonceront en 1917 les engagements de leurs prédécesseurs. Les nationalistes turcs, conduits par Moustapha Kemal, libèreront l’Anatolie entre 1919 et 1922. Le cadre définitif de la paix sera fixé par le traité de Sèvres (août 1920) et par le traité de Lausanne (1923). A Peace to End all Peace (Une paix pour en finir avec toute possibilité de paix)1 est le titre d’un ouvrage de David Fromkin consacré aux accords entre alliés dans les années 1914-1920.
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1David Fromkin, A Peace to End All Peace : The Fall of the Ottoman Empire and the Creation of the Modern Middle East, Macmillan, 2009.