Le traité de Lausanne est le dernier des grands traités conclus après la première guerre mondiale. Sa signature, le 24 juillet 1923, donne naissance à la configuration actuelle de la Turquie, avec sa nouvelle capitale, Ankara.
Les nationalistes turcs, conduits par Mustafa Kemal, « Atatürk », avaient ressenti le traité de Sèvres de 1920 comme une humiliation, qui imposait des conditions inacceptables. Il fallait certes, selon eux, mettre fin à l’empire ottoman, mais cela ne pouvait se faire au prix de la perte d’une part importante des terres résolument turques. Il s’agit donc pour eux d’effacer l’humiliation diplomatique par la victoire militaire.
Les années 1920-1923 sont marquées par une radicalisation qui remet en cause les clauses territoriales imposées par le traité de Sèvres à la Turquie : les combats et les conquêtes turques de cette véritable guerre d’indépendance donnent lieu à des faits d’armes violents, affectant notamment les populations civiles, comme l’incendie de Smyrne en 1922. Ils bouleversent la composition démographique de l’Asie mineure. Le traité de Lausanne consacre cette évolution, décidant de massifs transferts de population : c’est la fin de la présence hellène en Asie mineure, et le déplacement vers la nouvelle Turquie de la population musulmane de Thrace, entre autres.
Le traité de Lausanne, qui annule et remplace celui de Sèvres, consacre le projet de « turquification » et d’homogénéisation ethnique de l’Asie mineure, entamé de facto dès les guerres balkaniques de 1912-1913 et poursuivi au cours du premier conflit mondial (génocide des Arméniens, entre autres).
Il signifie également la fin de l’ère ottomane et celle de la soumission au bon vouloir des puissances européennes incarnée par l’internationalisation de Constantinople, décidée à Sèvres et à laquelle il est mis fin à Lausanne. Les capitulations sont alors définitivement et juridiquement supprimées, après la proclamation ottomane unilatérale de septembre 1914.
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