Nouvelle

La longue nuit de Haïfa

Ce récit a été imaginé et écrit en arabe par Majd Kayyal, auteur palestinien d’Haïfa, dans le but de récolter des fonds en solidarité avec la population de Gaza. C’est dans le même esprit que Rania Samara l’a gracieusement traduit. En le diffusant, Orient XXI encourage nos lecteurs et lectrices à faire un don à l’organisation palestinienne Rawa, volonté de l’auteur.

Du sang, partout dans la maison. La mère, couverte de sang aussi, était recroquevillée par terre dans un coin de sa chambre, ses cris déchiraient notre rue. Une voix nous parvenait de la télévision dans le séjour annonçant les actualités. Les gémissements de la jeune mère jaillissaient du plus profond de son corps. Elle serrait dans sa main un petit camion en plastique et l’utilisait pour frapper le mur, à la cadence de ses lamentations. Les lambeaux de l’enfant étaient dispersés tout autour d’elle, sur les draps, sur le lit, sur le chargeur du portable, sur le miroir de la coiffeuse, sur les boucles d’oreilles posées sur la table et sur ses vêtements.

L'image présente une silhouette humaine stylisée, aux traits flous, en arrière-plan de couleurs sombres et lumineuses. Des bandes verticales de différentes teintes divisent visuellement la composition, créant une atmosphère mystérieuse et abstraite.
©Thomas Azuélos

Lorsque nous arrivâmes sur place, on nous interdit de toucher au couteau planté dans la poitrine du petit ou à toute autre chose avant l’arrivée de la police. Gênés devant le corps dénudé de la femme, les uns sortirent, d’autres, ne pouvant supporter la vue des petits membres sectionnés, se précipitèrent dehors à la recherche d’indices. Ils examinèrent la porte, les empreintes digitales et les traces des pas, ils cherchèrent le verre brisé après la bagarre, les caméras des environs, ils questionnèrent les voisins. Quelques minutes plus tard, certains revinrent, accompagnant une jeune adolescente qui frissonnait de tous ses membres. Ils dirent qu’elle était la baby-sitter de l’enfant assassiné.

Les yeux grands ouverts, les pupilles figées, la jeune fille entra. Elle ne pleurait pas, elle ne parlait pas, elle se contentait de pousser des soupirs. On l’éloigna rapidement puis on nous informa qu’elle avait l’habitude de s’occuper de l’enfant chaque après-midi, avant le retour de la mère de son travail. Elle dira plus tard à la police que la mère était rentrée plus tôt que d’habitude ce jour-là : « Quelque chose la terrifiait », elle semblait « en colère, furieuse », elle parlait « avec passion et comme absente ». La mère avait surgi dans la maison, en maillot de bain, les cheveux mouillés, disait des choses bizarres « comme si elle était possédée par les djinns. » Elle avait ensuite attrapé son portefeuille, l’avait lancé à la tête de la jeune fille avant de la mettre à la porte.

La police nous poussa dehors et nous nous retrouvâmes dans la rue, la voix de la mère nous parvenait quand même du cœur de la maison. Elle criait sans arrêt : « J’ai rien fait ! Mon Dieu ! J’ai rien fait… » Blafarde, la baby-sitter accompagnait les cris de la mère en sanglotant sur le trottoir où la foule se bousculait. Elle pleurait, se frappait le visage, se tapait la tête contre la vitre d’une Tesla blanche garée devant l’immeuble. Quelques jeunes gens accoururent pour tenter de la calmer, mais la jeune fille ne cessait de répéter le nom de l’enfant.

C’était un gosse pétillant et rieur. Il dansait déjà avant de savoir marcher. Le jour où il réussit à se tenir debout tout seul, il avait tenté de donner des gifles aux personnages de la télé. Il apprit à chantonner avant même d’apprendre à parler. Son premier mot fut « ms », pour dire « maison ». Ensuite il prononça « heur », pour dire « peur » parce qu’il venait d’entendre le ricanement des hyènes surgir des profondeurs de la montagne. Il piquait une colère si quelqu’un tentait de l’aider alors qu’il voulait faire quelque chose par la seule force de son corps tenu.

Sur le trottoir, la baby-sitter criait son nom ; dans l’immeuble, la mère continuait de hurler : « J’ai rien fait ! J’ai rien fait ! » Quelques minutes plus tard, un jeune homme, la trentaine, sortit à la hâte de l’immeuble voisin et, sans un mot, s’installa au volant de la Tesla blanche et partit la garer un peu plus loin, tandis que les jeunes du quartier, stupéfaits et admiratifs, échangeaient des réflexions sur le moteur silencieux du véhicule.

La ville ne connut pas le sommeil au cours de cette nuit alors que la pleine lune dissipait l’obscurité des rues. Le silence était si tranchant et si oppressant que l’humidité de l’air n’en devenait que plus intolérable et envahissait nos œsophages comme autant de lamelles de cuivre rouillées. Nous vîmes les voisins regarder par les fenêtres, fumer sur les balcons, errer au hasard dans la rue, fixer les yeux sur le lointain, et ce silence… ce silence… ce silence… ce silence…

Le communiqué de la police disait : selon les enquêtes préliminaires, la mère (32 ans, issue de la communauté arabe) se trouvait sous l’emprise d’une crise psychotique soudaine qui l’avait conduite à poignarder son enfant et à le démembrer. Elle fut transférée dans un hôpital psychiatrique dans le nord du pays. La police déclara ne pas suivre d’autres pistes ni investiguer sur aucun autre suspect, mettant les citoyens en garde contre la propagation des rumeurs à propos d’un hypothétique tueur en série qui, selon un rapport factice diffusé sur Internet, cherchait à tuer les premiers-nés, dans le but de reproduire les plaies de l’Égypte du Livre biblique de l’Exode.

Nous, nous connaissions la vérité, mais nous refusions d’y ajouter foi. La femme était une personne digne et respectée par les habitants du quartier, personne de l’avait jamais vue mal agir. Venant de sa maison, nous n’entendions rien d’autre que le rire de l’enfant, les chansons et les chaînes d’information à la télévision. Quand le nourrisson faisait ses dents, les gens du quartier supportaient ses pleurnicheries avec patience et bienveillance. Nous le maudissions en secret, nous lui faisions des câlins dans la rue, nous passions à sa mère nos vieilles recettes en pensant à nos enfants et en regardant nos vies passer. L’enfant — que Dieu lui accorde Sa miséricorde et qu’Il fasse de lui un ange parmi les anges du ciel — était le chouchou du quartier. Il pourchassait les chats et les pigeons sous le bâtiment, ses vêtements sentaient toujours le parfum de l’assouplissant. Il tendait la main, saluait les passants et acceptait d’aller dans les bras de n’importe quel inconnu.

Nous étions incapables de décrire la scène. Cette nuit-là, chaque fois que la question était posée, les mots s’engluaient comme une poignée de sable dans nos gorges. Nous secouions la tête, prenions de profondes inspirations qui ne tardaient pas à s’échapper pourtant de nos gorges comme si, terrorisées, elles s’enfuyaient d’une grotte hantée. Nos genoux tremblaient et nos doigts s’engourdissaient. Nous avions l’impression que des barbelés nous tenaillaient depuis les yeux jusqu’au cœur au point de les rompre, nos nuques semblaient criblées de l’intérieur. Les mots devenaient des fourmis mortes dans nos bouches, et nous, les habitants du quartier, nous étions pareils à un seul poète, muet et amputé des mains.

Comme par hasard, pendant ces heures nocturnes, un jeune poète se tenait sur la plage de la Colline aux Poissons. Il avait apporté un cahier et un stylo et essayait d’écrire un poème pour son amoureuse qui venait de rompre brusquement avec lui. Avec un silence glacial et un mépris stupide, elle avait cessé de répondre à ses messages et à ses appels. Les étrangers appellent cette condition « ghosting », ce qui veut dire que l’amant disparaît d’un coup, à l’instar d’un fantôme. Le plus bizarre avec ce terme, c’est que les fantômes n’ont aucune signification s’ils viennent à disparaître, ils ne deviennent des fantômes que lorsqu’ils nous pourchassent et nous hantent.

Cette nuit-là, le poète avait écrit dans son carnet :

« Et maintenant ? Est-ce que tu sens le corps d’un autre homme
sur ton corps mouillé
et brûlé ? »

Il supprima ensuite ces trois lignes, planta son stylo dans le sable humide et lança son carnet à la mer. Le poète avait vingt ans et gardait l’apparence d’un adolescent. Il était grand, malvoyant et passionné de cinéma. Ni ses larges épaules ni sa mâchoire carrée ne lui étaient d’aucun secours pour surmonter son extrême timidité ou son introversion.

Il était tombé amoureux d’elle alors qu’il suivait son atelier concernant le courant néoréaliste du cinéma italien. Sa dulcinée, qui dirigeait le département cinéma et télévision au centre culturel, était un peu plus âgée que lui. Elle n’avait pas encore trente ans, était charmante et d’une douceur fascinante. Fille d’un cheikh bien connu dans un village non loin de Haïfa, elle portait le voile. Elle aimait les cerises vertes et son père, détestait ses frères, qui, à leur tour, détestaient Haïfa.

L'image représente une silhouette humaine allongée, vue de face, avec la tête légèrement en arrière. Des mains se trouvent sous le menton. Au-dessus, un amas de formes noires évoquant des bâtiments ou une ville se détache sur un fond clair, le tout entouré de nuances de doré et de jaune.

Le poète n’aimait pas du tout le centre culturel. Il admirait le vieux bâtiment et son emplacement au milieu de l’agglomérat des maisons de Wadi Nisnas, mais détestait le fréquenter. Son père, un écrivain célèbre, en était le directeur. Les employés, les visiteurs et tous les gens en général exécraient son père à cause de son autoritarisme irascible, de sa personnalité grossière et du sarcasme que sa bouche crachait constamment.

Nonobstant, le poète s’était inscrit au centre pour apprendre à connaître le « néoréalisme ». Lors de la dernière séance, pendant la pause, l’enseignante le surprit dans les toilettes du sous-sol, l’embrassa et l’accula à lui faire l’amour hâtivement. Sous le choc, il tomba immédiatement amoureux d’elle et passa la dernière heure du cours, fixant, bouche bée, son amante qui parlait de Pasolini.

Cette nuit-là, le carnet flotta sur la mer, se balança d’avant en arrière sur la mousse de la vague. Puis les pages commencèrent à prendre l’eau, à devenir plus lourdes avant de sombrer. Le jeune homme se leva, entra dans l’eau, nageant dans sa tristesse, les rochers lui meurtrissant les pieds alors qu’il continuait à plonger dans les reflets de la lune.

Vers deux heures du matin, il se précipita hors de l’eau en vociférant. Ses bras frappaient l’air, avant qu’il ne s’effondre sur le sable en sanglotant. Il criait, trébuchait et pleurait tout à la fois. Enfin il s’empara de son téléphone cellulaire et appela son amante à plusieurs reprises. Ne recevant aucune réponse, il bondit dans sa voiture et se précipita chez elle.

Il sonna avec insistance, sonna avec insistance, sonna avec obstination, puis il frappa la porte de ses mains, dit qu’il avait besoin d’elle, répéta encore et encore qu’il avait besoin d’elle. Il haussa la voix pour dire qu’il avait vu sa voiture garée devant l’immeuble et qu’il savait qu’elle était à l’intérieur. Tremblante, la jeune femme finit par lui ouvrir la porte, cherchant à le calmer par tous les moyens.

Le poète s’élança, se jeta sur elle avec frénésie, lui serra le visage entre ses mains, s’abattit sur elle. Il lui tira les cheveux, tenta de lui baiser le visage et les épaules, ses dents lui griffèrent la peau. La jeune femme poussait des cris, appelait au secours. Un homme, dissimulé jusque-là, sortit de la chambre, il n’avait sur lui qu’un large caleçon à rayures. Il fondit sur le poète, le poussa et le jeta par terre sur le seuil de la maison. Avant que la porte ne se referme, le poète vit le visage de l’homme : c’était son père. Le même éminent romancier qui avait dit à sa famille qu’il partait à Ramallah pour participer à la rencontre des plus grands écrivains palestiniens sur le rôle de la culture pour mettre fin à la guerre, du secours apporté à notre peuple, du soutien à la résistance de notre peuple dans la bande de Gaza.

Les laves se mirent à bouillonner dans le cerveau du poète. Il courut à sa voiture et démarra à une vitesse volcanique. Il entra ensuite via Facebook en contact avec l’un des frères de la jeune femme. Lorsque ce dernier lui répondit, il lui dit de se rendre immédiatement chez sa « traîtresse » de sœur. Il poursuivit sa route vers Stella Maris en admirant la beauté de la mer sur sa gauche, avant d’accélérer et se diriger vers Wadi Nisnas.

Arrivé au centre culturel, il gara sa voiture, escalada le portail de derrière, sauta dans la cour et brisa le loquet d’une porte latérale qu’il savait défectueux. Il prit d’assaut le centre, brisa les baies vitrées des bureaux, détruisit les ordinateurs et les photocopieuses. Il se rendit ensuite au magasin des produits d’art, prit de la peinture bleue pour tracer sur le mur de la cuisine des employés le mot : « Trahison ». Puis il revint au magasin et, avec un couteau, éventra les canettes de Tinner, que les artistes utilisent pour diluer la peinture à l’huile, les emporta en courant dans les couloirs du bâtiment et s’arrêta à la bibliothèque.

Là, il ouvrit une porte latérale derrière laquelle se trouvaient le générateur de secours et les jerricanes de fioul. Il les prit, en aspergea les portes en bois, la clôture et les arbres environnants. C’est ainsi que le poète mit le feu avant de s’enfuir. L’incendie se propagea à l’extérieur des murs du centre et atteignit les immeubles avoisinants. La première maison à brûler était celle d’une femme qui aimait cuisiner et gérait une page TikTok sur laquelle elle publiait ses recettes. Le feu atteignit la bonbonne de gaz, la cuisine explosa.

Pendant plus d’une heure, des explosions successives résonnèrent dans toute la ville. Les vents marins attisaient le feu, les flammes faisaient rage comme si les géhennes étaient en travail. Les détonations arrivèrent jusqu’à l’immeuble où habitait son amante. Dans les escaliers, les frères de la jeune femme s’arrêtèrent en se demandant d’où venaient ces bruits. Ils frappèrent à la porte, mais leur sœur n’ouvrit pas. Ils entendaient pourtant du remue-ménage à l’intérieur de la maison. L’aîné haussa la voix, dit qu’il voulait lui parler calmement, et que, quoi qu’elle ait fait, elle sera toujours leur sœur, leur chair et leur sang, il promit de ne pas s’en prendre à elle ni lui faire du mal. Elle ne leur ouvrit pas.

Le plus jeune frère retourna prendre dans la voiture un énorme marteau et revint l’abattre sur la serrure. La jeune femme appela plusieurs fois la police secours sans jamais recevoir de réponse, car le commissariat était inondé de plaintes concernant les incendies. Elle finit par ouvrir la porte, l’aîné entra, se précipita sur sa sœur et la jeta par terre, le plus jeune lui écrasa la bouche de son pied. L’aîné fouilla les autres pièces et trouva le romancier — sélectionné sur la liste courte des candidats au Prix Booker — qui se cachait en tremblotant dans la buanderie. Il lui tira dessus à plusieurs reprises, les balles atteignirent sa tête ainsi que le flacon de l’adoucissant parfumé à la lavande qui se répandit sur le cadavre. L’autre frère tira sa sœur par les cheveux, la traîna jusqu’à la grande fenêtre donnant sur la ville, attendit l’arrivée de son frère aîné avant de la descendre. La vitre se recouvrit de taches de sang et de fragments de cervelle qui scintillaient sous les lumières lointaines du port et les réverbérations de la lune.

Les deux frères s’enfuirent à bord de leur voiture qui avalait l’asphalte de la route. Arrivés sur la voie périphérique de Wadi Nisnas, ils virent les flammes engloutir les maisons. L’incendie exacerbait leur peur et la vitesse de la voiture, tandis que les résidents du quartier fuyaient les maisons en feu dans leurs vêtements d’intérieur avec leurs enfants sur leurs épaules, ils fuyaient les ruelles étroites du quartier vers la grande rue afin de se mettre à l’abri des flammes qui faisaient rage. La voiture rugissait bruyamment sans jamais s’arrêter près des attroupements de gens qui fuyaient l’incendie, heurtant des dizaines de femmes, d’enfants et d’hommes agglutinés dans la rue. Les plus chanceux furent propulsés dans les airs, alors que les moins chanceux se faisaient écraser sous les pneus de la Mercedes Classe G.

Parvenus au virage, ils se retrouvèrent nez à nez avec un camion de pompiers qui roulait à toute allure dans la direction opposée et qui était suivi de près par les voitures de la police. La voiture des frères percuta le véhicule des pompiers alors que les voitures de la police se tamponnaient les unes les autres. Quelques instants plus tard, l’un des frères réussit à sortir de la voiture alors que son frère demeurait immobile. Il aperçut ensuite les policiers approcher en brandissant leurs armes, il leva alors sa propre arme et ouvrit le feu. Ils répliquèrent par une rafale de balles qui les tua tous les deux, ainsi que les quelques survivants de l’incendie de la vallée qui se trouvaient là. Il y avait sept victimes exactement, toutes tuées par les balles perdues des policiers terrorisés.

Une heure auparavant, alors que le poète sortait de la mer en criant, en courant, en tombant et en sanglotant, deux pêcheurs se tenaient sur des rochers non loin de lui. Leur longue conversation s’interrompit, ils abandonnèrent leurs cannes à pêche pour observer l’étrange jeune homme qui s’enfuyait au volant de sa voiture. L’un des pêcheurs remarqua que la ligne de son camarade restait coincée entre les rochers. Il se proposa de descendre dans l’eau pour la dégager, l’autre se porta volontaire aussi. Ils renchérirent l’un et l’autre sur lequel des deux allait accomplir cette fastidieuse corvée.

Leur amitié n’était pas naturellement agréée dans notre ville. Ils étaient camarades de classe et venaient de deux familles qui nourrissaient l’une pour l’autre de vieilles vindictes et un long conflit. Les deux familles étaient rebutées par cette amitié et les cousins y voyaient du mépris pour le sang versé par leurs pères et par leurs frères, assassinés tout au long de vingt ans. Les deux jeunes gens firent donc en sorte de réduire leurs apparitions ensemble en ville et les soirées passées à la pêche constituaient ainsi leur seul refuge contre les animosités des deux clans ennemis.

L’un d’eux disparut quelques minutes sous l’eau, alors que l’autre attendait de le voir sortir parmi les rochers. Soudain, il l’entendit crier, le vit surgir des flots, courir vers le rivage, trébucher, heurter les rochers, se relever, courir et tomber à nouveau. Le jeune homme courut vers son ami et en approchant, il vit qu’il était couvert de sang et délirait comme un fou : « Le sang est devenu de l’eau ! Le sang est devenu comme de l’eau ! » Le jeune homme ne réussit pas à contrôler son ami qui lui donnait des coups de pied, le frappait tout en criant et reprenant la même phrase, une fois avec un hurlement de loup, une autre fois avec la voix d’un enfant, avec un cri perçant, ou avec un murmure, comme s’il s’adressait à des fantômes.

Après plusieurs tentatives laborieuses, le jeune homme dut recourir aux coups pour calmer son ami, il réussit enfin à l’installer dans la Land Rover. Il prit ensuite une corde pour l’attacher au siège et démarra pendant que son ami essayait de se dégager en vociférant, en se tapant la tête contre le dossier du siège et en répétant les mêmes mots. Ils atteignirent ainsi les abords du quartier de Halisa, à l’est de la ville. Il ouvrit alors la portière, défit les nœuds de la corde, déposa son ami devant chez lui et déguerpit en vitesse.

La voiture fut aperçue par quelques jeunes qui fumaient le narguilé devant la boutique d’Abu Tafech, à l’entrée de la rue. Lorsque les habitants de la maison se réveillèrent et virent leur fils en train de délirer, couvert de sang et de marques de cordes sur le corps, ils rassemblèrent les jeunes gens de leur famille à la hâte, et l’information se répandit vite que le fils de l’autre famille était à l’origine du malheur qui s’était abattu sur le leur.

Sans preuve aucune, ils étaient certains que le fils de la famille adverse avait glissé un comprimé hallucinogène dans la boisson de leur cousin. Pourtant ils avaient toujours méprisé ce dernier, affirmaient qu’il n’était qu’un bon à rien, répétaient la même vieille histoire, celle du jour où il s’était évanoui en voyant un chat de gouttière trépasser suite à la morsure d’un serpent. Mais, au fond d’eux-mêmes, ils étaient conscients qu’il était le seul homme instruit de la famille, qu’il ressemblait à un espoir, que leurs enfants pourraient suivre son exemple s’ils désiraient quitter les sentiers du sang où sombraient les destinées de leurs pères.

En une demi-heure, les jeunes gens déterrèrent leurs armes, montèrent dans leurs voitures et se dirigèrent jusqu’à la lisière de l’autre quartier. Au courant déjà de l’incident, la famille adverse se tenait prête à riposter.

L'image montre une composition abstraite avec des formes en blanc et des touches de bleu, sur un fond texturé aux nuances de noir et or. Les formes évoquent des visages ou des masques stylisés, créant une ambiance mystérieuse.

Dans la nuit longue et silencieuse, avec la pleine lune et la vue dégagée, nous entendîmes soudain des coups de feu ininterrompus et entrecroisés. Les explosions reprirent et ne s’arrêtèrent plus. Nous ignorions alors que les hostilités avaient repris entre les deux familles. En arrivant sur les lieux, nous vîmes les cadavres joncher la rue. Venant de directions inconnues et opposées, les tirs nous prirent pour cible, certains d’entre nous furent blessés et d’autres tués. Même ceux qui ne faisaient que regarder depuis leurs balcons et fenêtres furent touchés par les tirs. Nous nous empressâmes de nous éloigner. Le bilan s’éleva à une vingtaine de morts et une soixantaine de blessés. L’échange de tirs se poursuivit au-delà d’une heure. Des maisons, des voitures, des magasins furent incendiés, le feu se propagea ensuite à sept autres bâtiments, dont la plupart des habitants avaient réussi à s’échapper. Seuls périrent dans l’incendie : une femme âgée et alitée, un jeune autiste, une femme qui avait pris des somnifères et un homme qui n’ayant pas trouvé ses clés, venait de sauter du cinquième étage.

Entre-temps, la police avait arrêté le poète sans difficulté aucune. Les inspecteurs décrétèrent immédiatement qu’il n’était pas sain d’esprit. Ils le conduisirent aux urgences de l’hôpital pour le faire examiner par un psychiatre. Le poète, avec son riche langage, son éloquence subtile et sa passion pour l’œuvre du poète libanais Ounsi al-Hajj, n’était capable de prononcer qu’un seul mot et de le répéter avec frénésie : « Trahison… Trahison… Trahison… Trahison… »

Autour du poète qui avait perdu sa langue, le service des urgences se remplissait de dizaines de personnes blessées dans l’incendie ou dans les accidents de la route à Wadi Nisnas. Les lits manquant, les blessés, enveloppés du noir de la carbonisation, s’étaient dispersés à même le sol du service. Des odeurs de brûlé régnaient, celle des peaux brûlées, des cheveux brûlés et des cris brûlés ; les infirmières régurgitaient, les médecins s’évanouissaient. À mesure que les cris se faisaient plus forts, la voix du poète montait : « Trahison ! »

Ensuite les blessés de Halisa arrivèrent, couverts de sang et de trous de balle. Les gardes-frontières surgirent au service des urgences en vue de maîtriser la situation. En même temps, l’hélicoptère transportait un soldat blessé, touché par un obus tiré par les résistants depuis le Sud-Liban. Les parents des blessés de Halisa des deux clans se rassemblèrent sur le parking, près de la piste d’atterrissage de l’hélicoptère. À l’entrée de l’hôpital, une nouvelle bagarre éclata entre les jeunes des deux familles armés de couteaux, de bâtons et de pierres arrachées au trottoir et qui servaient à assener les coups sur les têtes. Les gardes-frontières quittèrent enfin l’hôpital, lançant d’abord des bombes sonores, puis tirant des coups de feu sur un jeune homme qui brandissait un couteau. Lorsque des balles réelles furent tirées, les jeunes prirent la fuite en direction de la piste d’atterrissage. En voyant les Arabes courir dans leur direction, les soldats autour de l’avion se mirent à tirer sur les têtes des enfants de notre quartier. Les jeunes rebroussèrent chemin dans la direction opposée et coururent se réfugier au camp naval. Des dizaines de soldats sortirent du camp, en pyjama et armés pour tirer sur les attaquants arabes. En même temps, les gardes-frontières lançaient des bombes lacrymogènes, que l’air marin portait jusqu’à l’hôpital, puis dans les bouches d’aération de la climatisation, arrivant même jusqu’au service des urgences. Les blessés et les brûlés suffoquaient, toussaient, criaient, s’effondraient. La voix du poète s’amenuisait de plus en plus alors qu’il continuait à brailler le même mot, mais, sa gorge le trahissant, il n’avait plus de voix quand il essayait de clamer : «  »

Nous nous chargeâmes d’enterrer les restes de l’enfant avant l’aube, les incendies de la ville n’étaient pas encore étouffés. Notre ville vivait sous l’impact d’une seule et unique folie qui provoqua la mort de plus de quatre-vingts personnes, les incendies et la panique générale. Les soldats du « Front intérieur » furent convoqués pour régenter la situation. Certaines des familles dont les maisons avaient été incendiées à Wadi Nisnas partirent trouver refuge auprès de leurs proches restés dans leurs villages d’origine en Galilée, d’autres familles, isolées et sans parentèle, quittèrent les tentes pour rejoindre le « Verger communiste ». À Halisa, nous avions verrouillé portes et fenêtres, interdisant à nos enfants ne serait-ce que de jeter un coup d’œil à l’extérieur. Les gardes-frontières étaient déployés partout dans le quartier.

Nous avions regardé les chaînes de télévision, mais nous n’étions même pas cités sur le bandeau déroulant d’information. Au journal de six heures du matin sur la chaîne israélienne, nous apprîmes que l’état du soldat blessé transporté par hélicoptère s’était stabilisé et qu’il avait été transféré sous haute surveillance dans un service spécial, situé dans les salles souterraines de l’hôpital, construites en béton armé. Quant à la chaîne Al-Jazira, elle commença par rapporter les nouvelles nous concernant, alors que les gens croyaient que les évènements étaient dus aux bombardements et que les tirs n’étaient revendiqués par personne. Les chaînes reprirent rapidement l’information à propos de la Grande Guerre, nous donnant le sentiment que nous étions totalement abandonnés à nous-mêmes et que personne ne s’intéressait à notre sort.

Nous avions tort de penser que la ville serait ébranlée de fond en comble le lendemain matin, car, avec la lumière du matin, nous entendîmes le mugissement des bus comme tous les autres matins, ainsi que le vacarme des camions de marchandises, des cloches des écoles, puis celui des appels téléphoniques des banques et des agences de collecte d’impôt. Chaque indice de la réalité vibrante nous acculait un peu plus dans un coin sombre de nous-mêmes, avec l’impression que tous les fils réunis de nos vies n’enrichissaient ni ne réduisaient les entrelacs captivants et harmonieux de la vie.

À mesure que le soleil montait, la honte et la confusion nous envahissaient. Nous nous sentions coupables de constituer comme un obstacle dans une ville qui avait soif de progrès. Haïfa nous secouait comme de la farine pulvérisée sur ses habits. Les gens dirent que le massacre de Halisa n’était qu’une rixe entre deux familles de gangsters. Nous avions gardé le silence quand l’Internet s’en était gaussé : « C’est une aubaine qu’elles se soient entretuées ! » Toutes les victimes venaient de notre quartier et, malgré la guerre ostentatoire qui durait depuis des décennies entre les deux clans, il ne s’agissait en aucun cas d’un conflit banal.

Au cours des journées ordinaires que les récits ne consignent pas, les victimes sont vivantes et nous ressemblent. Il est peut-être vrai qu’elles se mettent en colère plus vite que les autres, que leurs voitures bloquent la rue plus longtemps que les autres et qu’elles tirent des coups de feu aux mariages. Oui, mais ces choses ne sont que des brindilles de paille éparpillées dans la trame d’un immense tapis. Il est vrai que nous ne nous réjouissions pas particulièrement de leurs vendettas, nous connaissons malgré tout la sincérité de leurs sentiments face à la perte de leurs proches, disparus trop tôt. Nous étions conscients que la logique seule ne pouvait soulager la douleur humaine dans un quartier qui n’était pas plus important qu’un mégot de cigarette éteint.

La ville compatissait pour les maisons incendiées à Wadi Nisnas. La plupart des gens ne s’étaient pas souciés du fait que l’incendie ait commencé dans le centre culturel. En fait, seuls quelques citadins avaient déjà fréquenté le centre. L’assassinat du grand romancier, de la jeune femme et de ses deux frères fut enfoui dans le secret et le scandale enterré sous les monceaux de cadavres. En termes compassés, les intellectuels firent l’éloge funèbre de l’écrivain, certains militants politiques relatèrent l’incident de l’hélicoptère, quelques membres arabes de la Knesset rendirent visite à leurs partisans dans la ville. Alors que le soleil continuait à monter dans le zénith en se brisant et en répandant incongruités, mensonges, actes héroïques, sophismes, analyses et métaphysiques spirituelles qui, comme les éoliennes, s’alignaient et tournaient stupidement le long des champs académiques. En quelques heures, nous, les témoins de ces évènements, nous étions dégoûtés de nous-mêmes, de ce qui s’était passé et de tout ce qui avait été raconté à propos de cette nuit.

L'image montre une silhouette stylisée d'une personne avec des cheveux ondulés de couleur bleue, portant un vêtement noir. En arrière-plan, des tons de vert créent une ambiance légèrement floue et texturée. Une lueur semble provenir d'un objet tranchant en diagonal, suggérant une tension dans la scène.

Les écoles publiques de Halisa et de Wadi Nisnas décrétèrent la suspension des classes. Les autres écoles, notamment les privées, n’en firent rien de tel. Quelques professeurs arrivèrent, ainsi qu’un grand nombre d’élèves qui habitaient dans d’autres quartiers et qui ne s’étaient jamais retrouvés autour de la même natte que nous. Quant à nos enfants, ils restaient confinés dans les maisons claquemurées. Quelques-uns de nos enfants fréquentaient les écoles privées, nous les considérions comme nos émissaires et espérions qu’ils y trouveraient la voie du salut. À midi, quelques-uns, au nombre de six exactement, de la onzième classe à l’école des Grecs orthodoxes, entrèrent en communication avec leurs camarades des autres quartiers et décidèrent de rejoindre leur école, même s’il était déjà midi passé.

Les mères furent terrifiées et les pères s’y opposèrent d’instinct. Nous avions le sentiment lourd et envahissant que nos soucis de montagnards gâchaient la douceur de la vie, que nous représentions un fardeau sombre et puant sur l’épaule de la ville prospère. Quelques pères pourtant s’étaient levés, accordant aux six élèves la permission de sortir. Deux pères furent chargés de les accompagner jusqu’à ce qu’ils se fussent éloignés du quartier.

Nous ne savions pas grand-chose à ce moment-là. Nous avions vu la mère qui avait tué son enfant apparaître en maillot de bain, mais nous n’y avions prêté aucune attention. Nous ignorions tout de la nuit du poète, de son carnet ou de sa baignade, des deux amis qui se rendaient à la pêche à la Colline aux poissons. Nous ignorions aussi que nos enfants avaient secrètement convenu avec les enfants des autres quartiers de se retrouver à l’entrée de l’école pour se rendre ensemble à la plage et se purifier des horreurs de cette nuit.

Ils étaient quinze élèves, filles et garçons, tous originaires de Haïfa ou des villages du Carmel. En chemin, ils échangèrent les rumeurs et les interprétations répandues à propos de cette terrible nuit, et, en arrivant, ils se dévêtirent de la nuit et de leurs uniformes scolaires, prirent leurs maillots de bain dans leurs sacs, deux bouteilles de vodka et des cigarettes. Ils burent et fumèrent à satiété, car la Colline aux Poissons était la seule plage sûre à laquelle la police municipale ne pouvait accéder. Ensuite, ils plongèrent dans l’eau en rigolant et en plaisantant lourdement, en s’exhortant bruyamment, se taquinant les uns les autres et échangeant des blagues sur les évènements de la veille. Les garçons s’approchèrent des filles, tentèrent leurs premiers attouchements d’adolescents dans l’eau salée. C’était la fin du mois de mai et l’été n’avait pas encore mûri, les vents batifolaient encore sur l’eau, la mer agitée rendait la danse parmi les vagues plus amusante et la quiétude plus difficile.

Les jeunes s’étaient dispersés dans l’eau à quelques mètres les uns des autres et seules leurs têtes ou leurs mains étaient visibles au-dessus de l’eau. Une fille fit signe au garçon qu’elle chérissait. Le garçon s’approcha de la fille qu’il aimait depuis la classe de sixième et lui toucha la main sous l’eau. Soudain, la fille regarda son amoureux avec horreur, mais il ne comprit pas son regard. Elle s’éloigna brusquement. Il sentit quelque chose dans l’eau, paniqué il se mit à donner des coups de pied à l’aveuglette. La fille eut peur, elle recula en hurlant de terreur. Les autres les regardèrent en éclatant de rire. C’est alors qu’un cadavre fit son apparition sur la surface de l’eau.

Les élèves poussèrent un immense cri à l’unisson. Sous le choc, le garçon avala de l’eau, une vague l’enveloppa et, lorsqu’il releva la tête, il se retrouva pris entre les jambes d’un autre cadavre nu. Son amie frappait l’eau à l’aveuglette comme pour s’échapper et, quand elle se retrouva à côté d’un autre camarade, elle s’accrocha à son cou, le tirant ainsi avec elle vers le bas. Il étouffa, la repoussa, mais elle s’agrippait toujours à lui et lui à elle. Les vagues les submergèrent tous les deux, le sel de l’eau leur coula dans le nez et la gorge. Les pieds d’une autre élève qui nageait un peu plus loin touchèrent le fond marin et, au troisième pas, elle écrasa quelque chose d’étrangement glissant. Une tête coupée surgit de l’eau, paralysant la fille d’un coup. Une énorme vague lui arriva dessus et l’engloutit. Un autre élève observait la scène de loin, il donna un coup de poing à son camarade qui, incapable de respirer, lui demandait son aide. Ils en vinrent aux mains, leur lutte se poursuivit sous l’eau, ils s’écroulèrent sur un tas de cadavres que les gros loups de mer étaient en train de dévorer. Une autre élève tendit le bras vers son ami pour qu’il l’aide, elle s’accrocha au bras tendu, mais ne se sentit pas délivrée de l’eau et, en levant le regard, elle se rendit compte qu’elle agrippait une main coupée et que son ami avait complètement disparu.

Un autre corps apparut au-dessus de l’eau, puis encore un autre, puis une tête, ensuite le corps d’un enfant, la tête d’une fillette, plusieurs membres amputés, des moitiés de corps, des cervelles et, avec l’eau que les élèves avalaient se trouvaient des dents arrachées qui les firent suffoquer. Il y eut d’autres corps. Certains étaient carbonisés, d’autres étaient criblés de balles, d’autres laissaient apparaître des squelettes aux os saillants, dont certaines étaient plantées de bouts de fer pointus.

La clameur des élèves diminua, ces derniers devenaient des cadavres qui s’enfonçaient dans les profondeurs de l’eau. Certains avaient résisté plus que d’autres, ils avaient eu des crampes aux bras ou aux jambes et étaient paralysés par la peur. Les autres s’étaient agrippés les uns aux autres jusqu’à ce que la mort les emporte tous, car aucun ne réussit à sauver aucun autre et c’est justement cette action-là qui cause habituellement les noyades. Malgré cela, tout le monde continuait à s’accrocher à tout le monde, tout le monde frappait tout le monde. Ils s’entretuaient tous dans une vaine tentative pour survivre.

Il n’y avait que cet unique jeune garçon, Ahmad était son nom, il est né dans notre quartier, avait grandi dans nos maisons, goûté à notre cuisine, et de notre côté, nous avions assisté aux mariages de ses frères. Seul ce garçon, Ahmad, fut capable de nager avec une force dépassant le septième degré de la nature et réussit à vaincre les vagues. Debout sur le rivage, les gens l’observaient, et dès qu’il fut visible, ils se précipitèrent pour l’aider. Il sortit indemne de l’eau et se mit à courir sur les rochers vers le rivage. De son pied droit, Ahmad écrasa les algues vertes gorgées d’eau, brillantes et glissantes. Il fut propulsé vers l’avant, sa tête heurta le bord d’un rocher pointu, son crâne se fendit en deux, il mourut à l’instant.

En moins d’une demi-heure, les équipes de secours entreprirent leur besogne avec l’aide des bateaux et des plongeurs. Les pêcheurs arrivés de Jisr al-Zarqa et de plusieurs autres lieux se portèrent volontaires pour dégager les cadavres. Nous pensions que cela ne prendrait que quelques heures, car la Marine était arrivée peu de temps après la noyade de nos enfants. Pourtant les recherches se poursuivirent pendant plusieurs jours, la ville oublia l’incendie de Wadi Nisnas ainsi que le massacre de Halisa pour s’occuper des élèves décédés. Certains évoquaient le recours aux techniques de l’intelligence artificielle pour accélérer les opérations. Pourtant, une semaine plus tard, la police israélienne annonça l’interruption de toutes les opérations de sauvetage, car aucun cadavre d’enfant de Haïfa n’avait été retrouvé. Le porte-parole de la police expliqua que tous les corps retrouvés jusqu’à cette heure avaient apparemment été charriés par les courants de la Méditerranée depuis le littoral de Gaza.

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