À l’occasion de la visite du président égyptien Al-Sissi à Paris ce vendredi, je souhaitais vous écrire pour vous donner quelques informations sur le cas urgent de mon frère Alaa Abdel Fattah, prisonnier de conscience britannico-égyptien et militant démocrate emprisonné en Égypte pendant la majeure partie de la dernière décennie. Alaa a entamé une grève de la faim illimitée le 2 avril. Un peu de lait écrémé ou une cuillère de miel dans son thé est tout ce qui a permis à mon frère de rester en vie ces 109 derniers jours. Il consomme ce que l’on estime être 5 % de l’apport calorique moyen normal.
Alaa est une voix majeure du mouvement laïc et démocratique, d’où son emprisonnement. Il a été nommé citoyen d’honneur de la ville de Paris en 2021, et neuf élus de la mairie de Paris ont récemment publié une tribune dans Le Monde (26 juin 2022) pour réclamer sa libération. Il a le soutien de la ministre britannique des affaires étrangères, de dizaines de députés britanniques, du sénateur américain Bernie Sanders, du comité de rédaction du Washington Post, du codirecteur du parti vert allemand Omid Nouripour, du Comité pour la protection des journalistes, d’Amnesty International, de dizaines d’acteurs d’Hollywood, de Reporters sans frontières, de l’Electronic Frontier Foundation, parmi beaucoup, beaucoup d’autres.
Le 21 juin, la ministre britannique des affaires étrangères a confirmé au Parlement qu’elle « travaille très dur pour obtenir sa libération ». Il existe un large consensus international parmi les démocraties occidentales pour qu’Alaa soit libéré et remis au Royaume-Uni, mais son état se détériore rapidement.
Je vous demande instamment de profiter de la visite du président Al-Sissi pour ajouter la voix de la France à celles qui font pression pour la libération d’Alaa. Si Al-Sissi constate que partout où il voyage en Europe, il est confronté aux mêmes questions, aux mêmes demandes unifiées, cela accélérera sa libération. Notre seul espoir est que cela se produise avant qu’il ne soit trop tard.
L’eurodéputé français Mounir Satouri a écrit avec force sur Twitter, en se référant à ce récent article sur Alaa dans le New Yorker :
Nous n’avons jamais été aussi près de faire sortir Alaa de prison ou de le perdre complètement. Sa libération serait une victoire majeure pour la démocratie et les droits humains dans la région. Sa mort, en revanche, serait une grande perte pour notre famille, bien sûr, mais il est important de faire savoir aux autorités égyptiennes qu’elle porterait un coup dévastateur à la campagne de blanchiment d’image que le président Al-Sissi entend mener en accueillant la COP27.
J’ai moi-même été emprisonnée à trois reprises pendant un peu plus de trois ans sous le régime actuel de Sissi, je connais donc la triste réalité de ce que signifie être un prisonnier politique en Égypte.
Faites ce que vous pouvez pour défendre son cas pendant le séjour d’Al-Sissi en France. Si nous pouvons vous aider de quelque manière que ce soit, n’hésitez pas à nous le faire savoir. Nous pouvons rapidement vous fournir les citations, interviews ou médias nécessaires.
Cordialement,
Sanaa
Les articles présentés sur notre site sont soumis au droit d’auteur. Si vous souhaitez reproduire ou traduire un article d’Orient XXI, merci de nous contacter préalablement pour obtenir l’autorisation de(s) auteur.e.s.