
Gaza va-t-elle disparaître à nouveau des titres ? Alors qu’Israël a élargi le champ de son agression au Liban, l’intérêt médiatique porté à la situation dans cette bande de 360 km² s’estompe, bien que l’on dépasse désormais le seuil – officiel — des 43 000 morts, en réalité bien plus haut. À peine ose-t-on rappeler qu’une partie du nord de Gaza est assiégée et que sa population est littéralement affamée et victime d’un nettoyage ethnique. Au même moment, les responsables israéliens sont toujours assurés d’avoir un micro tendu pour dérouler leur propagande, sans une velléité de contradiction. Et après plus d’un an de guerre génocidaire, d’attaques en règle contre le droit international et ses institutions, Benyamin Nétanyahou est encore reçu, avec tous les honneurs, sur les chaînes françaises, et ses ministres, même les « suprémacistes juifs », accueillis à Paris.
Informer, analyser et donner à comprendre. Voilà à quoi devraient se consacrer les médias, et non à se faire l’escorte d’un génocide, ou les relais du discours étatique. Tirer la sonnette d’’alarme aussi, à l’heure – l’oublie-t-on ? – où le fascisme frappe à nos portes. Rappeler enfin que ce qui se passe là-bas est plus que jamais lié à ce qui se joue en bas de chez soi. Et qu’au-delà des vies humaines, des domicides et des écocides, c’est notre propre humanité – et la promesse du « plus jamais ça » — que nous trahissons, si nous cessons de parler du génocide en cours.
Dans ce contexte à l’horizon sombre, Orient XXI se fait un devoir de garder Gaza, et plus largement la Palestine, toujours en Une, notamment grâce au Journal de bord de notre correspondant à Gaza, Rami Abou Jamous. Son témoignage et la ténacité dont il y fait preuve ont d’ailleurs été salués par deux récompenses au Prix Bayeux des correspondants de guerre, le 12 octobre dernier : celui de la presse écrite, ainsi que le prix Ouest-France.
Notre journal trouve sa raison d’être dans deux convictions : d’abord, la nécessité, plus que jamais, de l’existence des médias indépendants, pour donner à lire une information qui ne soit ni le fruit d’investissements de milliardaires dont certains sont proches de l’extrême droite, ni au service d’un gouvernement qui appuie la politique israélienne et relaie un discours de haine, de division et islamophobe qui vise en priorité les populations musulmanes ou perçues comme telles ; ensuite, la nécessité, vitale, d’incarner les valeurs de solidarité, dans un monde où le droit international est ouvertement bafoué et de plus en plus abandonné au profit de la loi du plus fort.
Pour continuer notre travail de journalistes, Orient XXI continue de faire appel à ses lecteurs et lectrices pour assurer son financement, et n’être ainsi tributaire d’aucun acteur politique ni économique. C’est aussi pour cela que nous tenons à rester en accès libre : pour que ceux et celles qui ont les moyens de soutenir la presse indépendante le fassent, et que les plus précaires de nos lecteurs, ainsi que ceux et celles du Sud puissent avoir droit, eux aussi, à une information de qualité.
Vos messages touchants et vos témoignages de sympathie et de solidarité, notamment depuis le début de la guerre génocidaire à Gaza, nous ont prouvé que l’on pouvait compter sur votre soutien. Or, et nous le disons sans détour : il est impossible de produire une information de qualité, d’assurer une couverture quotidienne, sans des moyens financiers et des ressources humaines en adéquation. Cela dépend aussi de chacun d’entre vous : on ne peut pas dénoncer les médias aux ordres et ne pas agir concrètement pour aider ceux qui les combattent.
Nous sommes conscientes et conscients de la tâche qui nous incombe, surtout dans le contexte actuel. Continuer à l’honorer, mener à bien nos projets de reportage et d’enquête, est notre priorité, pour donner une voix, un visage aux Palestinien
ne s, aux Libanais es ainsi qu’aux autres victimes de la répression coloniale et des régimes autoritaires, au Maghreb et au Proche-Orient ; pour éclairer la politique de la France et du monde occidental dans cette région et les conséquences désastreuses que les engagements en faveur d’Israël ont sur les relations avec le Sud de la Méditerranée ; pour regarder l’histoire afin de mieux comprendre le présent.Pour toutes ces raisons, nous lançons à partir d’aujourd’hui une campagne de dons de 65 000 euros.
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