Depuis la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali, le dinar tunisien a accéléré sa dégringolade par rapport à la devise européenne, l’euro, et au dollar, perdant près des deux tiers de sa valeur. L’année 2019 présentait les mêmes raisons que les années précédentes, sans parler des incertitudes politiques, pour s’attendre à une nouvelle baisse : une hausse des prix de près de 7 %, un déficit courant gigantesque (près de 12 % du PIB) et une croissance plus que faiblarde (au mieux 1 %).
Or, à partir de mars 2019, on a assisté à une stabilisation du dinar tout à fait inattendue alors que l’écart avec l’inflation chez les principaux partenaires de la Tunisie atteignait des records et aurait justifié une baisse pour maintenir la compétitivité des exportations tunisiennes. Comment expliquer ce « miracle » ?
Dans une interview à Tunis Afrique Presse (TAP), un économiste tunisien, Ezzedine Saïdane vend la mèche :
Nos autorités en ont décidé autrement, procédant à des interventions massives sur le marché des changes, en proposant aux banques des devises à prix réduit, ce qui a permis de redresser progressivement le dinar. Les devises provenant des dettes ou de cession d’actifs ont été donc utilisées pour inverser la courbe du dinar d’une manière artificielle. La partie restante a été utilisée pour augmenter le niveau des réserves de change, mais tout cela au détriment d’un autre ratio, celui de la dette extérieure, qui a carrément explosé dépassant actuellement 100 % du PIB »1.
D’où venaient les devises nécessaires au financement de ces largesses ? Tout simplement, de l’endettement souscrit en 2019, dont un emprunt sur le marché financier international de 700 millions de dollars (637,45 millions d’euros) et quelques autres à des conditions très onéreuses. Évidemment, la banque centrale ne pourra pas continuer cette politique de gribouille qui au passage a enrichi quelques amis après les élections. La rentrée économique et sociale sera sportive cette année à Tunis après les élections.
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