Jusqu’au milieu des années 2000, la Tunisie était considérée par les démographes comme un modèle à suivre pour les autres pays arabes. Grâce au modèle de développement pour lequel a opté le président Habib Bourguiba après l’indépendance (nouveau Code de la famille, scolarisation massive), on a assisté à une forte diminution de la natalité. Les femmes tunisiennes devenaient plus libres de disposer de leurs corps, des tabous tombaient, à tel point que les Tunisiennes qui mettaient au monde en moyenne plus de 7 enfants dans les années 1960 n’avaient plus que deux enfants dans les années 2000.
La transition démographique fut brutale. D’autres pays arabes ont suivi cette tendance. Mais à partir de 2014, on a observé un renversement de ce phénomène, avec ce que nous avons appelé une contre transition démographique, qui pose véritablement problème. C’est le cas pour l’Égypte qui compte 90 millions d’habitants et dont le taux de croissance a augmenté ces cinq dernières années, passant de 3 à 3,5 %. Mais c’est aussi le cas de l’Algérie qui connaît une très forte remontée de la natalité. Elle s’explique par la fin de la guerre civile ; beaucoup d’Algériens se sont également mariés et se sont mis à avoir des enfants. Cela s’explique aussi par la redistribution massive de la rente pétrolière et par d’autres facteurs, comme le souvenir lointain de la guerre d’Algérie : un pays qui a eu un grand nombre de martyrs a toujours une réaction de type nataliste, même 50 ans après.
Malgré cela, Youssef Courbage n’imagine pas cette progression de manière durable et pense que les pays de la région reviendront à des taux de fécondité limités.
Les articles présentés sur notre site sont soumis au droit d’auteur. Si vous souhaitez reproduire ou traduire un article d’Orient XXI, merci de nous contacter préalablement pour obtenir l’autorisation de(s) auteur.e.s.