Analyse

Yémen. Les houthistes, un pouvoir fragile aux racines familiales

La guerre a renforcé l’emprise idéologique et économique des houthistes sur la société yéménite. Mais la corruption généralisée, une gouvernance hasardeuse et la répression politique risquent rapidement de se retourner contre eux. Lorsque le conflit sera terminé, la population pourrait laisser exploser sa colère.

Des partisans houthistes brandissent des portraits de leur chef Abdelmalek Al-Houthi lors d’un rassemblement à Sanaa, le 3 juin 2022
Mohammed Huwais/AFP

Le changement de nature de l’État sous la domination des houthistes est l’un des défis à relever pour mettre fin à la guerre au Yémen. Le mouvement chiite zaydite a créé une situation sur le terrain qui complique considérablement le rassemblement des différentes parties dans un nouvel arrangement politique. Leur autorité de facto a effectivement transformé les institutions gouvernementales de Sanaa, avec le projet de construire leur propre État. Le groupe a déployé une doctrine confessionnelle, construit une armée importante et créé un vaste réseau de superviseurs supra-gouvernementaux, creusant ainsi le fossé entre la société et les dirigeants. Il est difficile d’imaginer que ce vaste réseau politique et économique se démantèle volontairement pour partager le pouvoir avec d’autres factions.

Bien que le groupe se nomme Ansar Allah, c’est-à-dire les Partisans de Dieu, la plupart des Yéménites le considèrent comme une entreprise familiale fondée sur les enseignements de Badreddine Al-Houthi (mort en 2010) et d’autres érudits religieux zaydites. Elle a été mise sur pied par les fils d’Al-Houthi et cherche à faire revivre l’imamat zaydite qui a gouverné le Yémen du Nord pendant près de trois siècles jusqu’au coup d’État républicain de 1962. Cet article examine les objectifs et l’origine du mouvement ainsi que la structure de l’État basé à Sanaa, entre ses mains depuis 2014. Il cherche également à éclairer les discussions sur les questions et les défis qu’impliquerait une tentative d’intégration d’éléments de cette structure dans un système de gouvernance post-règlement.

Contrer le wahhabisme

Le mouvement houthiste a vu le jour au début des années 1980 dans le foyer zaydite de Saada, dans le nord du Yémen, avec le double objectif de contrer la propagation du wahhabisme en provenance d’Arabie saoudite et de faire revivre le règne de l’imamat zaydite. La famille s’appuie sur la théorie zaydite de l’imamat, qui fusionne le leadership politique et religieux dans la figure du chef de l’État, tout en étendant la base de ceux qui peuvent assumer ce rôle à toute personne issue de la classe socioreligieuse des Hachémites (descendants du prophète Mahomet).

La famille Houthi a établi un vaste réseau dans le gouvernorat de Saada et dans d’autres zones tribales du nord. Mohamed et Hamed Badreddine ont été actifs par le biais d’associations de jeunes et de camps d’été dans les internats locaux, appelés « La jeunesse croyante ». Hussein et Yahya Badreddine se sont occupés du volet politique, et Abdelmalek Badreddine a été impliqué dans des activités militaires. Le cheikh Badreddine a choisi Abdelmalek pour diriger le mouvement après que son fils aîné, Hussein Al-Houthi, a été tué en 2004 au cours de la première des six périodes de combat contre le gouvernement de Sanaa du président de l’époque, Ali Abdullah Saleh, connues sous le nom de « guerres de Saada », qui ont duré jusqu’en 2010.

La théorie de gouvernement des houthistes est un mélange de zaydisme traditionnel, de gouvernement familial similaire à celui des monarchies du Golfe, et d’éléments du système révolutionnaire iranien, tout en conservant techniquement la structure républicaine de l’État. Le mouvement célèbre désormais le 21 septembre l’anniversaire de sa prise de Sanaa en 2014. Il a officiellement annulé le jour de la révolution républicaine du 26 septembre. Mais de nombreux Yéménites continuent à marquer cette dernière date en allumant les toits de leurs maisons et en chantant des chansons de la révolution de 1962 — comme un moyen d’exprimer leur désapprobation de la subversion du système républicain par les houthistes.

Monopolisation du pouvoir

Alors que certains opposants accusent le mouvement houthiste d’essayer de faire revivre l’imamat zaydite, d’autres pointent du doigt la monopolisation du pouvoir par la famille comme une violation des principes de l’imamat. La structure gouvernementale houthiste est dirigée de façon verticale par Abdelmalek Al-Houthi, qui jouit d’une autorité absolue en tant que leader zaydite hachémite, considéré comme possédant un pouvoir charismatique en tant que descendant du Prophète. L’influence et l’autorité de toute personnalité houthiste ne sont pas définies par son titre ou son rôle, mais par sa proximité avec Abdelmalek, qui vit dans un lieu secret et est décrit dans les médias de propagande comme le « chef de la révolution » (qa’id al-thawra).

Seul un groupe limité de personnes a accès à lui. Il se trouve au centre de deux réseaux. Le premier est composé de ceux qui étaient fidèles à la famille Houthi et à Abdelmalek personnellement pendant les guerres de Saada. Abdelmalek qualifie ces personnes, pour la plupart originaires du gouvernorat de Saada, de moudjahidines (« combattants de Dieu »). Beaucoup d’entre eux sont des Hachémites. La deuxième catégorie comprend les vastes réseaux établis par les autres fils de Badreddine dans les années 1990.

Les familles ayant des relations matrimoniales avec la famille Houthi jouent un rôle important dans la formation des principaux superviseurs, comme les familles Ijri, Mutawwakil, Mo’ayyed, Tawoos et Mashat. L’origine hachémite relie également les Houthi à des dizaines de familles, notamment la famille Shami. Les liens régionaux sont également valorisés, de sorte que la plupart des principaux superviseurs sont originaires du gouvernorat de Saada. Ceux qui ont rejoint le groupe après son installation à Sanaa sont connus sous le nom de mutahawwithin (littéralement « les houthifiés »). Ils jouent des rôles mineurs, comme celui de superviseur de district dans leur propre localité géographique.

La famille Houthi, avec ses liens matrimoniaux, est au sommet de la pyramide. Les loyalistes du gouvernorat de Saada qui ont combattu avec les houthistes à leurs débuts viennent en deuxième position, et les Hachémites, en général, sont en troisième position. En cas de conflit entre un Hachémite de l’extérieur de Saada et un non-Hachémite du gouvernorat de Saada, ce dernier l’emportera. Un Hachémite de Saada a une influence considérable au sein du groupe.

Le frère cadet d’Abdelmalek, Abdelkhalek Al-Houthi est le commandant en second, malgré son jeune âge (il est probablement né à la fin des années 1980). En 2014, il a été nommé chef de la plus grande brigade militaire, la Force de réserve. Puis, en 2018, il est devenu chef militaire de la « Région centrale » selon le vocabulaire houthiste, c’est-à-dire Sanaa et ses environs. Youssef Al-Madani, époux de la fille d’Hussein Al-Houthi, est un autre chef militaire clé.

Abdelkarim Al-Houthi, l’oncle d’Abdelmalek, occupe deux postes essentiels, président du bureau exécutif du groupe et ministre de l’intérieur. Yahya Al-Houthi, un frère aîné d’Abdelmalek, est ministre de l’éducation. Il n’a pourtant reçu qu’une éducation religieuse, et n’a jamais fréquenté l’école publique. Mais l’éducation est un outil idéologique essentiel pour le mouvement. C’est également le ministère de l’éducation qui contrôle une grande partie de l’aide alimentaire internationale dans le nord. Une nouvelle génération de la famille Houthi occupe désormais des postes importants. Le fils d’Hussein Al-Houthi, Ali, est ministre adjoint de l’intérieur pour l’autorité.

Les superviseurs, un système de gouvernement parallèle

Les houthistes qui ne font pas partie de ce cercle dirigeant et qui soulèvent des objections à cette forme de gouvernance semblent avoir été réduits au silence. Mohammed Abdelazim Al-Houthi, un cousin de Badreddine, a largement disparu de la scène publique en 2018 après avoir, semble-t-il, fait part de son opposition au leadership d’Abdelmalek. Il est toutefois apparu cette année dans une photo illustrant un reportage publié dans les médias gérés par les houthistes.

Ils ont mis en place un système parallèle aux institutions officielles de l’État, formé d’individus loyaux. Ces superviseurs sont répartis dans les institutions de l’État depuis 2014, et ce sont eux, et non les titulaires de postes officiels, qui détiennent le pouvoir dans leurs différents domaines. Ce système a vu le jour dans le gouvernorat de Saada lorsque les forces houthistes s’en sont emparées en mars 2011, lors du soulèvement populaire contre Saleh. Lorsqu’ils se sont emparés de la capitale en septembre 2014, ils ont réparti leurs combattants dans les rues de la ville sous la forme de comités de sécurité. D’autres hommes armés portant le titre de superviseur (mushrif) ont ensuite été dispersés dans les différents ministères sous prétexte de lutte contre la corruption.

Un mois après la démission du président Abd Rabbo Mansour Hadi et du premier ministre Khaled Bahah en janvier 2015, les houthistes ont publié une déclaration constitutionnelle qui créait des comités révolutionnaires pour organiser le travail des superviseurs. Le détenteur de la véritable autorité peut être le ministre lui-même, comme le ministre de l’éducation Yahya Al-Houthi, ou un second, comme Hussein Al-Ezzi, un adjoint du ministre des affaires étrangères Hisham Sharaf. Le maintien en place de personnes comme Sharaf sert de façade technocratique au véritable pouvoir, celui du superviseur, un loyaliste avec peu ou pas d’expérience dans le domaine. Et cela même si la personne jouant un rôle de façade, Mahdi Al-Mashat, ancien membre de l’équipe de négociation après la prise de Sanaa, est le visage de l’État houthiste à la tête du Conseil politique suprême. Mais derrière lui se tient un chef de cabinet, Ahmed Hamed, surnommé « le président du président », qui travaille dans l’ombre.

Chaque gouvernorat dispose d’un superviseur général. Il est directement choisi par Abdelmalek Al-Houthi, et placé sous l’autorité du Comité révolutionnaire (al-lajna al-thawriyya), dirigé par Mohamed Al-Houthi. Sous chaque superviseur général, il y a des dizaines, parfois des centaines de superviseurs mineurs, divisés en cinq catégories.

La première catégorie est le superviseur de la sécurité, chargé de détecter les signes d’opposition ou même de ressentiment à l’égard de l’autorité. Les noms de ces personnages ne sont pas rendus publics ; ils ne sont désignés que par des surnoms, comme « Abou Hassan ». Certains ont disparu complètement de la scène publique. Par exemple, la mort du haut responsable de la sécurité Taha Al-Madani dans une frappe aérienne de la coalition a été annoncée en 2017, un an et demi après sa disparition. Sultan Zabin, le directeur du département des enquêtes criminelles, a semblé disparaître après que l’ONU l’a sanctionné pour son implication dans des actes de torture et de violence sexuelle. Les médias houthistes ont annoncé sa mort en avril 2021.

Écarter les acteurs tribaux traditionnels

Le superviseur de la sécurité dirige également les trois agences de sécurité, qui opèrent toutes sous l’égide du ministère de l’intérieur. La première, la Sécurité préventive est un appareil de renseignement chargé de surveiller les combattants pour les empêcher de fuir, et de punir tout responsable engagé dans des activités subversives. La deuxième, le Bureau de la sécurité et du renseignement est l’organe issu de la fusion des deux services officiels de renseignement. La troisième, la Zainabiyat, est une agence composée de femmes, chargée de la surveillance et de l’arrestation des femmes, ainsi que des prisons pour femmes.

Ensuite, les superviseurs financiers sont chargés de collecter les impôts et la zakat islamique. Le troisième type de superviseur est le superviseur social, qui traite avec divers acteurs sociaux tels que les chefs de tribu et les chefs de quartiers traditionnels appelés aqil. Les quatrième et cinquième types sont les superviseurs intellectuels et éducatifs, dont les missions interdépendantes concernent la diffusion de la propagande. Ces superviseurs reçoivent leurs salaires du bureau d’Abdelmalek Al-Houthi, mais sont également connus pour collecter des taxes auprès des communautés locales qui relèvent de leur compétence.

Grâce à ce système de supervision, les dirigeants ont écarté les acteurs traditionnels de la société. Les cheikhs et les aqils tribaux étaient autrefois choisis par leur communauté. La centralisation du pouvoir, qui est une caractéristique générale de l’État moderne, va à l’encontre des modèles traditionnels de gouvernance au Yémen.

Selon Adel Dashela, chercheur sur les tribus yéménites, la plupart des zones tribales du nord sont restées sous-développées pendant la période moderne et la présence de l’État y était minime. L’ancien président Saleh a utilisé une politique de division et de domination pour acheter la loyauté des cheikhs tribaux, tout en donnant du pouvoir à des personnalités de faible statut social pour affaiblir les véritables acteurs. Le mouvement a appliqué la même stratégie, mais à plus grande échelle, en déployant diverses méthodes pour amadouer les cheikhs récalcitrants, allant jusqu’à détruire leurs maisons.

Quant à l’aqil, son rôle traditionnel était de servir de médiateur entre les habitants et le gouvernement. Sous le règne des houthistes, sa mission a été recadrée ; il doit collecter des informations sur les résidents et les transmettre aux superviseurs sociaux. L’aqil fournira les noms des jeunes hommes qui peuvent être appelés à se battre. Il distribue également une aide humanitaire aux familles, en donnant la priorité à celles qui font preuve de loyauté en collectant des fonds auprès de la communauté ou en aidant au recrutement de combattants. Il doit également s’assurer que les jeunes suivent les programmes idéologiques du régime.

Ce système très centralisé reflète la conception houthiste du pouvoir, émanant d’un personnage qui n’a théoriquement pas besoin de nouer des liens avec les communautés locales, puisqu’il est investi de l’autorité divine. Mais cette approche pourrait finir par provoquer une réaction si ceux qui ne font pas partie du réseau de pouvoir se sentent privés de nourriture, de médicaments et de diverses formes de mobilité sociale. L’idéologie risque également de se heurter aux traditions familiales et tribales et à d’autres liens sociaux préexistants, notamment par son recours à la violence. Un retour de bâton est possible contre le régime autoritaire, surtout dans une société fortement armée comme le Yémen.

Mise en place d’une double imposition

Plus de la moitié de la population yéménite vit dans des zones contrôlées par les houthistes. Ces territoires souffrent d’un manque de ressources naturelles génératrices de revenus. Pourtant, les taxes perçues dans ces régions — estimées à 1,8 milliard de dollars (1,79 milliard d’euros) par an — sont, selon un expert économique yéménite, égales aux recettes fiscales annuelles des dernières années du régime de Saleh, alors que ce dernier contrôlait l’ensemble du pays.

L’expert économique, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, note que les houthistes se sont concentrés sur les impôts. Les banques et les grandes entreprises sont tenues de révéler leurs comptes fiscaux depuis leur première année d’activité, souvent bien avant que leur mouvement ne prenne le pouvoir, et sont ensuite obligées de compenser les impôts qu’elles n’ont pas payés pendant les années Saleh.

La zakat islamique est devenue un impôt obligatoire plutôt qu’un devoir religieux. Le gouvernement houthiste veille à collecter l’impôt pendant le mois de ramadan, car la crainte de représailles de la part du gouvernement pendant cette période, la plus rentable de l’année fait que les propriétaires d’entreprises sont peu enclins à discuter le paiement. L’administration a en réalité, tout en améliorant l’efficacité du fisc, créé un système de double imposition. Les taxes prélevées sur le secteur privé en particulier ont contribué à financer l’effort de guerre, au lieu d’être affectées au paiement des salaires du secteur public.

Le gouvernement houthiste a également fait preuve d’inventivité en collectant de l’argent pour une série de commémorations populaires soutenues par l’État, comme l’anniversaire du Prophète, le lancement de la campagne militaire de la coalition, l’Achoura qui rappelle le martyre de Hussein, le petit-fils du Prophète, la Journée de Jérusalem, ainsi que des collectes de fonds impromptues en faveur de causes politiques. Dans son ensemble, ce système de prélèvements tourne comme une machine, toute l’année, et inclut tout le monde, des riches et des puissants aux vendeurs de rue et aux petits agriculteurs.

Une culture de la corruption

Dans le même temps, le gouvernement a souvent négligé, ou tardé à payer les salaires et à maintenir les services publics. En général, les employés de l’État n’ont reçu que la moitié de leur salaire mensuel à intervalles irréguliers, une mesure justifiée comme un prélèvement à la source pour la zakat. Des services tels que l’eau, l’électricité et l’entretien des routes sont parfois négligés. Le gouvernement explique tout cela par les difficultés de la guerre, y compris le blocus économique.

Cependant, les prix de l’immobilier à Sanaa ont grimpé en flèche pendant la guerre, la plupart des acheteurs étant des pro-houthistes qui se sont apparemment enrichis. L’immobilier est un bon investissement alors que la monnaie souffre ; ces transactions peuvent également constituer un moyen de blanchir de l’argent et de le transférer hors du pays.

Ces activités ont été rendues possibles par une culture de la corruption et l’absence de responsabilité, en particulier pour les superviseurs ; une culture, facilitée par l’étouffement de l’activité politique et des médias indépendants qui existaient, même imparfaitement, dans les décennies précédentes. En bref, l’économie houthiste a contribué à l’augmentation de la pauvreté, à la création d’une classe de profiteurs de guerre et à l’élargissement du fossé entre les riches et les pauvres — des facteurs qui avaient contribué à alimenter le soulèvement populaire contre le régime de Saleh.

Des sanctions de portée limitée

Après la prise de Sanaa, un accord de paix et de partenariat national avait été signé en septembre 2014 pour former un gouvernement technocratique comprenant des houthistes et d’autres partis politiques, en échange du retrait des forces houthistes. Mais une fois le gouvernement formé, les forces sont restées. Dès ces premiers mois, Bahah, le premier ministre, s’est plaint que les superviseurs s’immisçaient dans le travail ministériel et se comportaient comme une autorité supérieure. La gouvernance des houthistes étant désormais bien ancrée après plus de sept ans de guerre, le changement sera difficile. La plupart des propositions de paix ont envisagé une certaine forme de partage du pouvoir, mais le mouvement semble déterminé à conserver ses superviseurs. Il serait difficile d’intégrer officiellement dans les institutions de l’État ce personnel très nombreux et peu qualifié.

Il existe peu de moyens de pression internationaux pour persuader les houthistes de céder, car leurs liens politiques et économiques avec l’extérieur sont limités. Les sanctions des États-Unis et des Nations unies à l’encontre de plusieurs d’entre eux, y compris l’interdiction de leurs comptes bancaires, ont peu d’impact ; des personnalités comme Abdelmalek Al-Houthi ou Abou Ali Al-Hakim, un autre haut responsable militaire, ne voyagent pas et ne possèdent pas de comptes bancaires occidentaux. Ils entretiennent uniquement des relations avec l’Iran dans le domaine militaire et du renseignement.

Le mouvement a perdu depuis longtemps son élan de mouvement populiste luttant contre la corruption. La nature régionale et confessionnelle du groupe limite fortement la volonté d’autres régions du Yémen à accepter sa domination, même parmi les communautés qui rejettent également l’intervention militaire et politique des Émirats arabes unis. La guerre a renforcé l’emprise houthiste sur la société, elle a permis au groupe de développer une culture idéologique particulière qui va à l’encontre des traditions du Yémen, et elle a créé une classe de profiteurs de guerre.

La corruption et les gains mal acquis ont été la principale raison du ressentiment populaire contre Saleh et son successeur, Hadi. Lorsque la guerre sera terminée, les houthistes seront confrontés à de nouveaux défis. Il n’y aura plus de prétextes pour la corruption, la mauvaise gouvernance, l’oppression brutale et la multiplication des taxes. Tous ces phénomènes ont créé un vaste gouffre entre le gouvernement et la société, et une colère silencieuse qu’ils seraient bien avisés de redouter.

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