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L’expulsion des Marocains d’Algérie en 1975

L'image montre un groupe de personnes se tenant près d'une clôture. Plusieurs individus, dont des femmes portant des vêtements traditionnels, sont en interaction avec des personnes de l'autre côté de la clôture. L'arrière-plan est rouge, tandis que les personnages portent des vêtements verts. Il semble y avoir une atmosphère de séparation et d'échange, où des gestes et des expressions indiquent des émotions fortes. L'ensemble de la scène évoque des thèmes de séparation et de communication à travers une barrière.

« Je détestais tout ce qui était lié au Maroc », dit en riant Fatima Malki, une jeune Algérienne dont la grand-mère était l’une des rares Marocaines à être restée en Algérie après 1975. Cette année-là, le président Houari Boumediene annonçait l’expulsion de plus de 45 000 familles marocaines - un événement qui sera baptisé par les Marocains de « Marche noire », après que le royaume avait nationalisé, en 1973, une grande partie de ses terres du sud. Selon les Algériens, leurs ressortissants étaient les seuls à ne pas avoir été indemnisés suite à cette décision.

Frontières fermées, liens rompus : telles sont quelques-unes des conséquences tangibles d’une querelle qui dure depuis des décennies entre le Maroc et l’Algérie. Après avoir obtenu l’indépendance du colonialisme français et espagnol, des territoires furent laissés en litige, notamment le Sahara occidental. Le Front Polisario, mouvement nationaliste de libération sahraoui se forme, revendiquant son droit à l’autodétermination, considéré comme légitime par les Nations unies.

La guérilla du Front Polisario

Lancées à l’appel de feu le roi Hassan II, des manifestations de masse ont lieu le 6 novembre 1975. Avec le soutien de leur gouvernement, 350 000 Marocains entreprennent une « Marche verte » vers le territoire du Sahara occidental, conduisant le Maroc à affirmer son autorité sur la plupart de ses territoires du sud, précédemment colonisés par l’Espagne.

Le Front Polisario riposte par une guerre de guérilla contre Rabat, soutenu par l’Algérie. Un appui que l’on estimait stratégiquement intéressant puisqu’il pouvait ouvrir pour Alger l’accès à l’Atlantique et aux terres marocaines. En représailles à la « Marche verte » qu’il considère comme une menace pour sa position vis-à-vis du Sahara occidental, le gouvernement algérien expulse plus de 45 000 familles marocaines de son territoire.

Ces dernières sont contraintes à abandonner leurs attaches, leurs activités économiques et tous leurs biens. « Il y avait des familles mixtes dont les membres avaient participé à la libération de l’Algérie à l’époque coloniale », confirme Miloud Chaouch, le président de l’Association des Marocains victimes d’expulsion arbitraire d’Algérie (AMVEAA), qui travaille sur ce dossier depuis 2006 et plaide pour des réparations auprès des deux gouvernements. Ces Marocains furent dispersés sur tout le territoire royaume, la ville frontalière d’Oujda n’étant pas en capacité de tous les accueillir. Certains d’entre eux sont toujours hantés par le souvenir d’avoir été séparés de force de leurs propres frères et sœurs par la décision unilatérale de Boumediene. Mais les événements de 1975 restent encore largement méconnus des deux côtés de la frontière.

L’arrière-plan de la Guerre froide n’était pas non plus étranger au conflit entre les deux pays. Alors que le Maroc penchait davantage vers les États-Unis et ses alliés, l’Algérie était soutenue par l’Union soviétique.

Diplomatie de rupture

Les tensions diplomatiques ne se sont pas arrêtées là, et rythment toujours les relations entre les deux voisins. En 1994, le Maroc ferme sa frontière avec l’Algérie, en réponse à l’attentat terroriste perpétré à l’hôtel Atlas Asni de Marrakech. Le royaume chérifien est convaincu que les services secrets algériens sont impliqués. Ni une ni deux, Rabat renvoie tous les Algériens ne disposant pas d’un permis de séjour et établit un visa obligatoire pour les ressortissants algériens, en contradiction avec les principes de l’Union du Maghreb arabe qui établit la liberté de circulation des personnes entre les cinq pays de la communauté. Depuis cette date, la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc est fermée.

En septembre 2021, le Haut Conseil de sécurité algérien a fermé l’espace aérien du pays à tous les avions commerciaux et militaires marocains. Cette escalade fait suite à la normalisation du Maroc de ses relations avec Israël et la reconnaissance qui s’en est suivie de sa souveraineté sur le Sahara occidental par l’ancien président américain Donald Trump. Les tensions sont allées crescendo avec la mort, deux mois plus tard, de trois Algériens à la suite d’un bombardement marocain dans la zone-tampon de Guerguerat, entre le royaume et la Mauritanie. L’Histoire semblait alors se répéter pour les Marocains d’Algérie qui ont commencé à s’inquiéter et à se demander si l’administration actuelle allait entreprendre des mesures similaires à celles de 1975.

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