Pourquoi y a-t-il la guerre en Syrie ?

© Hélène Aldeguer, 2016.

En 2011, les peuples tunisien et égyptien parviennent, grâce à des manifestations massives et pacifiques, à faire tomber des régimes dictatoriaux et prédateurs dans des pays où règnent la corruption, les inégalités et la pauvreté, l’arbitraire et l’impunité. Partout dans le monde arabe, les peuples se soulèvent alors, pour la liberté, la démocratie, la justice, la justice sociale. Ce sont les « printemps arabes ». Mais les répressions sont souvent féroces et meurtrières.

En Syrie, de jeunes collégiens écrivent en mars 2011 sur un mur de la ville de Deraa, dans le sud du pays, le mot d’ordre repris en chœur dans les rues ou sur les places de nombre de villes arabes : « le peuple veut la chute du régime ». Arrêtés par les services de sécurité, ils seront torturés. Dès lors, la Syrie elle aussi connaît un vaste soulèvement populaire, rassemblant des centaines de milliers de personnes de toutes confessions. La réponse est massive et immédiate : en quelques mois, les Nations unies déplorent déjà plus de 5 000 morts, mais aussi des centaines d’arrestations et de « disparitions ». Il s’agit de faire peur pour stopper au plus vite la protestation, et aussi de pousser la rébellion à la résistance armée, pour tenter de la délégitimer. Nombre de militaires désertent alors en effet pour participer à la révolution et forment « l’Armée syrienne libre » (ASL), rejoints par des civils. L’ASL parvient à prendre Alep en 2012 et des régions du nord du pays. Mais les forces démocratiques sont peu à peu marginalisées par diverses brigades islamistes sunnites.

Le conflit est syrien, mais il s’inscrit aussi dans un contexte de luttes d’influences des pays ou organisations para-étatiques de la région. Le régime comme les forces rebelles bénéficient d’alliances stratégiques et d’aides financières ou militaires de l’extérieur, ce qui contribue de fait à ancrer dans la durée une guerre dévastatrice qui a déjà fait entre 200 000 et 400 000 morts et des millions de réfugiés sur une population de quelque 20 millions d’habitants. La présence sur le terrain de l’organisation de l’État islamique (OEI, couramment désignée par l’acronyme « Daesh ») permet au président syrien Bachar Al-Assad de se présenter comme un rempart contre le terrorisme islamiste, et de trouver de nouvelles alliances internationales. Le conflit est internationalisé avec, outre les interventions de plusieurs États de la région (Iran, Turquie, Arabie saoudite, Qatar), celles de la Russie, des États-Unis et de la France.

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