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Qui sont les militants israéliens pour la paix ?

© Hélène Aldeguer, 2017.

La société israélienne, comme toute société, n’est pas monolithique, et il existe des organisations et des militants — peu nombreux — en faveur de la paix et en faveur de la fin de l’occupation de la Palestine.

En Israël, ces militants pour la paix agissent en ordre dispersé. Il n’existe pas d’organisation rassemblant les différents groupes. À quelques exceptions près, ils ne condamnent pas en bloc les guerres d’Israël à l’extérieur, mais plutôt la colonisation des territoires palestiniens.

—  Combien sont-ils ? Quelques centaines, quelques milliers de membres actifs. La société israélienne est de plus en plus opposée à la création d’un État palestinien, et les positions du « camp de la paix » ne sont guère populaires.

—  Qui sont-ils ? Il y a d’abord les ONG civiles. L’une des plus connues est Shalom Archav (La paix maintenant). Fondée en 1978 pour soutenir les négociations entre Israël et l’Égypte, elle a joué ensuite un rôle important contre la guerre au Liban (en particulier entre 1982 et 2000) par de vastes manifestations, même si ses militants repartaient en général sans rechigner au Liban lorsque l’armée les y appelait. Son travail principal aujourd’hui est d’établir des cartes qui montrent la progression de la colonisation des territoires palestiniens. Le mouvement est divisé. En principe, il accepte de discuter avec le Hamas, qui gouverne Gaza, mais beaucoup de ses membres ne sont pas d’accord. La majorité est aussi défavorable au droit des Palestiniens réfugiés au retour dans leurs anciens foyers.

Un autre gros travail est effectué par B’Tselem, qui signifie « À l’image de », d’après le verset de la Bible « Et Dieu créa l’homme à son image » (Genèse, 1 :27). Cette ONG rapporte au jour le jour les violations des droits des Palestiniens par l’armée israélienne : arrestations, violences, morts, etc.

Dans l’armée, des mouvements de soldats éclosent périodiquement. Certains refusent de combattre dans des guerres extérieures. Yesh Gvul (Il y a une limite) a été créée par des officiers de réserve qui ont refusé de se battre au Liban en 1982, pour ne pas tuer des civils. Quelques militaires ont aussi refusé de se battre au Liban dans la guerre de 2006 contre le Hezbollah, pour les mêmes raisons. Depuis, Yesh Gvul soutient les conscrits et les réservistes qui n’acceptent pas de participer à la répression dans les territoires palestiniens. On peut aussi citer la « Lettre des pilotes », écrite par 27 aviateurs qui ont refusé de bombarder Gaza en 2003. Plus récemment, en 2014, des spécialistes de la surveillance électronique ont refusé de continuer à réprimer les Palestiniens. Et l’association Breaking the Silence (Briser le silence) est allée plus loin : ses membres décrivent en détail, dans les médias, les violences dont ils ont été les témoins quand ils étaient sous l’uniforme.

En général, ces dissidents n’effectuent pas de longues peines de prison, mais ils paient cher leur action. Ils ont du mal à trouver un emploi et sont souvent exclus par leurs familles et leurs amis.

Il existe aussi en Israël des mouvements politiques, très minoritaires, dont le programme porte pour l’essentiel sur la fin de l’occupation, la paix et l’égalité des droits entre Palestiniens et Israéliens. C’est le cas, par exemple, de Hadash, le Front démocratique pour la paix et l’égalité, qui réunit diverses organisations, notamment le parti communiste, et où se retrouvent Israéliens juifs et Palestiniens d’Israël. La liste unifiée qu’il a présentée aux élections législatives de 2015 a obtenu cinq sièges. C’est aussi le cas du Matzpen, parti trotskiste.

Au-delà, il existe une kyrielle de petites organisations. Ainsi de Taayush (Coexistence), du centre d’information alternatif (Alternative Information Center, AIC, israélo-palestinien), de Gush Shalom (Bloc de la paix), ou encore de Machsom Watch, qui surveille l’action des soldats aux checkpoints, de Rabbis for Human Rights (Rabbins pour les droits de l’homme), d’autres qui reconstruisent des maisons palestiniennes démolies par l’armée, et de nombre de petites structures.

Tout un arsenal législatif de lois nouvelles ou en débat au Parlement vise à empêcher le travail de ces organisations.

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