Conférence internationale

Une conférence de paix sur le Proche-Orient pour rien ?

© Hélène Aldeguer, 2017.

Le 15 janvier, la France a réuni à Paris une conférence internationale avec les représentants d’environ soixante-dix pays ou organisations internationales. Officiellement, il s’agissait de relancer un processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais si l’Autorité nationale palestinienne y était favorable, les dirigeants israéliens en ont refusé jusqu’au principe.

Le principe d’une telle conférence partait à l’origine de trois constats simples, déjà faits par les Palestiniens eux-mêmes et les mouvements israéliens et internationaux de solidarité internationale avec le peupe palestinien :

  1. la colonisation israélienne, qui ne cesse de s’intensifier malgré les recommandations (non contraignantes) de l’ONU et de son Conseil de sécurité, rend à court terme impossible l’édification d’un État palestinien viable dans ce que l’on nomme les « frontières de 1967 », c’est-à-dire la ligne de cessez-le-feu de la guerre israélo-arabe de 1948-1949 qui sépare l’actuel territoire israélien des territoires palestiniens occupés, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine. Or, la France considère que la sécurité d’Israël lui-même dépend de la coexistence de deux États indépendants : Israël et la Palestine ;
  2. cette situation de non-droit imposée au peuple palestinien est considérée comme l’une des sources de violence dans toute la région et jusqu’en Europe ;
  3. la méthode utilisée depuis le début des pourparlers de paix (1993) a échoué. D’une part, parce qu’elle laissait la partie occupante et la partie occupée en tête-à-tête, dans une négociation bilatérale qui ne pouvait que soumettre les droits du peupe palestinien à l’accord préalable d’Israël. Or, les dirigeants israéliens refusent, officiellement, le principe même d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, de même qu’ils refusent toute négociation sur les droits des réfugiés palestiniens également fondée sur le droit international. D’autre part, parce qu’aucun calendrier n’a été respecté par les dirigeants israéliens. C’est pourquoi le ministre français des affaires étrangères avait annoncé que la France reconnaîtrait l’État de Palestine si, deux ans après l’ouverture d’une conférence multilatérale, la négociation n’avait pas abouti. Les parlementaires français avaient d’ailleurs demandé cette reconnaissance en novembre 2014, après les raids israéliens contre la Cisjordanie au printemps puis la guerre contre le territoire et la population de Gaza à l’été.

Mais la conférence organisée par la France s’est fondée à nouveau sur la méthode qui a échoué depuis plus de vingt-cinq ans. Le président François Hollande a en effet prévisé que l’objectif était de favoriser la reprise de négociations directes et sans conditions entre Israéliens et Palestiniens eux-mêmes. C’est donc une fois encore laisser les dirigeants d’Israël refuser la mise en œuvre des droits nationaux du peuple palestinien aussi longtemps qu’il leur plaira. Il a en outre renoncé à affirmer que la France reconnaîtra l’État de Palestine en cas d’échec de la négociation, et plus largement de toute pression et de toute sanction contre Israël pour le contraindre à cesser de violer le droit international et les droits du peuple palestinien. Une telle rencontre, comme les précédentes, faute de cadre et de contrainte, ne débouchera sur rien, comme de nombreuses initiatives depuis dix ans.

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