
Plus d’un an après l’accord de cessez-le-feu, le Liban est toujours la cible de bombardements israéliens, tandis que le gouvernement de Nawaf Salam se dit déterminé à désarmer le Hezbollah sur l’ensemble du territoire. Une initiative qui ne tient compte ni de la menace israélienne, ni des risques de tensions confessionnelles internes.

La défaite des armées arabes en juin 1967, en particulier l’armée égyptienne, a constitué un tournant dans le conflit israélo-arabe sous sa forme classique, avec le retrait des armées arabes du champ de bataille — mis à part une reprise temporaire du conflit en octobre 1973. D’une certaine manière, la volonté d’hégémonie régionale d’Israël constitue une réponse tardive à l’une des principales conséquences de cette guerre : la montée en puissance face à lui d’acteurs non étatiques.
Bien que seul pays arabe en première ligne à ne pas avoir participé à la guerre de 1967, le Liban en a subi de plein fouet les répercussions. La défaite a même été un facteur majeur du déclenchement de la guerre civile libanaise (1975 – 1990), notamment après les événements de Septembre noir en 19701 et l’installation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) au Liban. Certains historiens ont même fini par conclure que la non-participation du Liban à la guerre lui a été plus préjudiciable que s’il y avait pris part.
Pendant la guerre civile, l’invasion de Beyrouth par Israël en 1982 a poussé l’OLP sur la voie d’une transformation qui aboutira à l’arrêt de la lutte armée et à la signature des accords d’Oslo en 1993. Un changement de cap qui nourrira l’ascension du Hamas et du Djihad islamique dans la bande de Gaza. Côté libanais, l’invasion de Beyrouth a donné naissance au Hezbollah, dans la vallée de la Bekaa, avec le soutien de la Syrie et de l’Iran. L’organisation s’est ensuite étendue à Beyrouth et dans le sud du Liban pour devenir le principal mouvement de résistance contre l’occupation israélienne, devant les partis et les organisations de gauche ou nationalistes. Mais son rôle a pris une autre dimension après le retrait israélien du Sud-Liban en 2000.
Après le 7 octobre 2023, Israël a vu une réelle opportunité de « changer la face du Proche-Orient », comme l’a déclaré Benyamin Nétanyahou en juin 20252. Autrement dit : désarmer – et donc éliminer – tous les acteurs non étatiques que Tel-Aviv considère comme une menace pour sa sécurité. Ceux-ci étant soutenus par Téhéran, leur bombardement s’inscrit dans le cadre du conflit entre Israël et l’Iran, qui remplace désormais dans la région le conflit israélo-arabe.
La guerre israélienne contre le Hezbollah, après que ce dernier a ouvert un front de « soutien à Gaza » le 8 octobre 2023, doit ainsi être considérée comme un prélude à la guerre lancée par Israël contre l’Iran en juin 2025, l’affaiblissement du Hezbollah au Liban ayant privé l’Iran de l’un de ses principaux atouts de dissuasion extérieure dans le cadre de sa stratégie de « défense avancée ». L’arsenal du Hezbollah fait ainsi partie d’un système militaro-sécuritaire régional soutenu par l’Iran. Celui-ci inclut, jusqu’à un certain point, le Hamas, les Forces de mobilisation populaire (FMP) en Irak, les houthistes au Yémen et les milices actives durant la guerre syrienne avant la chute du régime de Bachar Al-Assad le 9 décembre 2024.
Cette dimension régionale ne doit toutefois pas faire oublier l’enjeu interne lié aux armes du parti de Dieu. Bien antérieur au 7 octobre 2023, il a été exacerbé par le contexte de la guerre contre Gaza et ses conséquences sur le Liban. La question est notamment devenue un facteur de division politique et confessionnelle à partir du 5 août 2025 où, à l’issue d’un conseil des ministres, le gouvernement libanais a chargé l’armée d’élaborer un plan pour rétablir le monopole de l’État sur les armes sur l’ensemble du territoire. Cette décision concerne au premier chef les armes du Hezbollah, mais aussi celles d’autres groupes armés, notamment les armes palestiniennes présentes dans les camps de réfugiés. Lors de sa dernière visite au Liban le 21 mai 2025, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est engagé dans ce sens. Mais la mise en œuvre de cette décision s’est jusqu’à présent limitée à un démantèlement progressif des armes du Fatah, sans toucher aux autres factions palestiniennes, le tout dans un flou persistant quant à la quantité et au type d’armes concernées.
La décision gouvernementale, rejetée par le Hezbollah, est intervenue sous une pression internationale intense, notamment de la part des États-Unis. L’envoyé spécial des États-Unis Thomas Barrack a effectué quatre visites au Liban entre le 19 juin et le 27 août 2025, dans le cadre du « suivi américain pour consolider l’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël ». Au niveau national, le bloc politique soutenant la décision du désarmement s’est considérablement élargi après la guerre israélienne contre le Liban. Il s’étend à d’anciens alliés du Hezbollah, à l’image de Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL), allié politique et électoral du Hezbollah depuis février 20063. De même pour Fayçal Karamé, issu d’une famille politique historique de Tripoli, ville à majorité sunnite dans le nord du pays, jadis proche du mouvement chiite et qui soutient la décision gouvernementale.
Le Hezbollah a réagi en retirant deux de ses ministres de la réunion du conseil des ministres du 5 août 2025. Deux autres, affiliés au mouvement chiite Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berri, leur ont emboîté le pas. Le parti de Dieu a qualifié cette décision de « faute grave » et a déclaré qu’il ferait comme si elle n’avait jamais eu lieu. La formation chiite ne cesse depuis d’affirmer qu’elle ne déposera pas les armes tant qu’Israël ne se serait pas retiré du territoire libanais, cessé ses attaques et libéré les prisonniers, et tant que la reconstruction n’aura pas été entamée. De son côté, Israël, qui continue de bombarder régulièrement le Sud-Liban, occupe cinq points dans la zone frontalière du Sud. Il refuse de s’en retirer tant que le Hezbollah n’aura pas rendu les armes.
Or, comme le rappelle le Hezbollah, l’accord du cessez-le-feu du 27 novembre 2024 ne concerne que les armes stationnées au sud du fleuve Litani, tandis que la décision gouvernementale veut étendre son désarmement à l’ensemble du territoire national. Dans le sud, la formation chiite a déjà entamé l’évacuation de ses positions et la remise de ses armes dans les mains de l’armée. Par ailleurs, la quantité et le type exact d’armes encore en possession du Hezbollah demeurent inconnus. Des déclarations israéliennes suggèrent que le Hezbollah détiendrait des missiles Zelzal de fabrication iranienne dans la vallée de la Bekaa. Le parti de Dieu n’a ni confirmé ni infirmé ces informations.
La veille du conseil des ministres du 5 août 2025, les partisans des deux formations chiites – le Hezbollah et Amal – ont organisé des défilés de motos dans la banlieue sud de Beyrouth. Or, pour la première fois, l’armée les a empêchés de pénétrer dans les quartiers centraux de la capitale. On est bien loin du 5 mai 2008, lorsque le gouvernement de Fouad Siniora avait estimé, également à la suite d’une décision du conseil des ministres, que le réseau privé de communications du Hezbollah portait atteinte à la souveraineté de l’État et à sa sécurité nationale, et avait chargé l’armée de le démanteler. Siniora avait alors démis de ses fonctions le général de brigade Wafik Choukeir, directeur de la sécurité de l’aéroport international Rafik Hariri de Beyrouth – seul aéroport civil du Liban –, l’accusant d’avoir facilité la mainmise du Hezbollah sur le lieu. À l’époque, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, assassiné par Israël le 27 septembre 2024, avait immédiatement interprété ces décisions comme une déclaration de guerre contre son organisation, le réseau de télécommunications étant, selon lui, un élément de l’arsenal de la résistance.
Sous le cri de guerre « des armes pour défendre les armes », le Hezbollah avait lancé, le 7 mai 2008, une offensive militaire contre des quartiers de Beyrouth contrôlés par ses rivaux, notamment le Courant du futur de Saad Hariri et le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, ainsi que contre certaines zones du sud du Mont-Liban considérées comme des bastions de ce dernier. L’offensive avait fait des dizaines de morts et de blessés, y compris des civils. La crise avait pris fin avec un accord politique négocié, au Qatar, qui avait consacré un droit de veto chiite au sein du gouvernement.
La différence de réaction de la part du Hezbollah entre le 5 mai 2008 et le 5 août 2025 révèle un net recul de sa position. Car si le parti de Dieu fait preuve de retenue tout en refusant de rendre les armes, c’est qu’il est en moindre capacité de prendre l’ascendant sur ses adversaires.
La réaction de Nabih Berri, président du Parlement et chef de l’autre mouvement chiite Amal, a été plus modérée. Dans un premier temps, Berri a enjoint ses partisans à ne pas participer aux manifestations contre la décision gouvernementale. Le 31 août 2025, dans un discours commémorant la disparition de l’imam Moussa Al-Sadr (1928 –1978), fondateur d’Amal, il s’est dit prêt à discuter du sort des armes du Hezbollah dans un cadre apaisé et consensuel.
Les relations entre le mouvement Amal — acronyme arabe pour Détachements de la résistance libanaise —, fondé en 1974, et le Hezbollah sont marquées par une longue histoire en dents de scie. Il n’est d’ailleurs pas rare que des familles chiites comptent au sein d’une même fratrie des membres d’Amal et du Hezbollah — le frère de Nasrallah lui-même était un dirigeant au sein d’Amal. Cela n’a toutefois pas empêché leur affrontement, durant « la Guerre des frères », qui s’est déroulée par intermittence entre mars 1988 et novembre 1990. Une réconciliation avait finalement été négociée à Damas sous l’égide syro-iranienne.
Avec la fin de la guerre civile libanaise (1975 – 1990) et la signature de l’accord de Taëf (1989) entre les parties libanaises à Riyad, la capitale saoudienne, les deux camps sont passés du conflit à une alliance relative, à l’ombre de la tutelle syrienne sur le Liban. Bien que l’accord de Taëf stipule qu’« aucune arme ni autorité sécuritaire ne saurait être détenue en dehors de l’État libanais », Amal et le Hezbollah ont été, en tant que mouvements de résistance contre l’occupation israélienne du Sud-Liban, exemptés de cette clause. Cette exception a bénéficié d’un quasi-consensus jusqu’au retrait de l’armée israélienne du Sud, le 25 mai 2000. À partir de cette date, les armes du Hezbollah ont commencé à être perçues au Liban comme servant des objectifs régionaux, liés à la stratégie iranienne. D’autant que la justification avancée par le Hezbollah pour conserver ses armes, à savoir la libération des fermes de Chebaa, était sujette à débat et à interprétation. Cette zone est enregistrée auprès des Nations Unies comme territoire syrien et n’est donc pas concernée par la résolution 425 de l’ONU exigeant le retrait d’Israël du territoire libanais. Le débat s’est accentué après l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik Hariri le 14 février 2005, et le retrait de l’armée syrienne du Liban en avril de la même année.
À partir de 1990, les relations entre Amal et le Hezbollah ont été marquées à la fois par la compétition et certaines divergences. Ce fut d’autant plus vrai avec l’accès au pouvoir de Bachar Al-Assad, avec lequel Nabih Berri entretenait, selon des sources proches de lui, peu de relations, ce qui a fait pencher la balance à Damas en faveur du Hezbollah. Le défilé militaire organisé par le Hezbollah en Syrie pour la première fois lors des funérailles de Hafez Al-Assad en 2000 témoigne alors de l’avantage qu’il a pris sur Amal dans ses relations avec Damas. Mais la personnalité de Nasrallah, qui qualifiait Nabih Berri de « frère aîné », a contribué à apaiser les tensions et à renforcer les liens entre les deux camps durant cette période, notamment au plus fort des divisions politiques et confessionnelles au Liban après l’assassinat de Hariri.
Cependant, le déclenchement de la guerre en Syrie après le soulèvement de 2011 a de nouveau nourri la divergence. Le Hezbollah s’est rapidement engagé dans le conflit, tandis que Berri a catégoriquement refusé d’y participer. Une position qui aurait fortement irrité Bachar Al-Assad. Après le 7 octobre 2023, le président du Parlement aurait émis des réserves quant à l’ouverture par le Hezbollah d’un « front de soutien à Gaza », considérant la résistance comme une stratégie défensive et non d’attaque. Cela n’a toutefois pas empêché Berri de mettre toutes les ressources d’Amal, notamment le soutien logistique, à la disposition du Hezbollah, toujours selon des sources qui lui sont proches. Le Hezbollah a par ailleurs mandaté Berri pour négocier l’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Des représentants du Hezbollah auraient été présents tout au long des tractations à la résidence de Berri, dans le quartier de Aïn El-Tineh, à Beyrouth. Les sources précisent que le Hezbollah avait des réserves quant au délai de 60 jours qui a été accordé au retrait des forces israéliennes du Sud-Liban. Il s’agissait d’une initiative du chef d’Amal qui considérait le fait de parvenir à un accord et de mettre fin à la guerre comme prioritaire.
Ce dernier aurait été profondément affecté de voir s’effondrer sous ses yeux tout ce qu’il avait construit dans le Sud pendant près de 30 ans. Il souhaitait donc mettre fin à la guerre au plus vite. Les mêmes milieux proches de lui indiquent que le véritable revers pour le duo chiite n’a pas été l’accord de cessez-le-feu qui a permis à Israël de maintenir sa liberté de mouvement dans l’espace aérien libanais, ni même l’assassinat de Nasrallah, mais plutôt la chute du régime syrien le 8 décembre 2024. Si celui-ci était tombé avant la signature de l’accord de cessez-le-feu, le tandem chiite aurait sans doute refusé de signer.
Avec cette nouvelle donne, le bloc chiite fait désormais face à deux défis majeurs. Le premier vient du sud, avec la poursuite des assassinats et des bombardements israéliens ; le second vient de l’est et du nord, au vu de l’hostilité du nouveau régime syrien envers le Hezbollah. Dans ce contexte, le sentiment d’une menace existentielle pour les chiites s’intensifie. Or, si Berri estime que la priorité est de protéger l’existence des chiites au Liban, le Hezbollah privilégie la protection de ses armes et de ses capacités de résistance. Toutefois, leur alliance demeure, pour les deux, une priorité. Selon les mêmes sources mentionnées plus haut, un haut responsable d’Amal aurait déclaré que Nabih Berri préférerait parvenir à un mauvais accord avec le gouvernement, mais qui préserverait l’unité politique de la communauté chiite, plutôt qu’un bon accord susceptible d’entraîner une scission entre Amal et le Hezbollah.
Dans ses échanges avec l’exécutif, le parti de Dieu se montre plus conciliant envers le président de la République. Mais il attaque frontalement le premier ministre, Nawaf Salam, l’accusant de se soumettre aux ordres israéliens et états-uniens. Des partisans du Hezbollah ont même diffusé des images de lui avec la mention « traître ». Dans un entretien donné le samedi 6 décembre 2025 à la chaîne panarabe Al-Arabi, en marge du Forum de Doha, au Qatar, Salam a renouvelé son intention d’aller jusqu’au bout de l’entreprise de désarmement du parti de Dieu. Selon lui, les opérations de démantèlement au nord du fleuve Litani commenceront dès janvier 2026.
Lors du conseil des ministres du 5 septembre 2025, Nabih Berri est parvenu à une solution « équilibrée » à la crise grandissante entre le premier ministre et le président de la République d’un côté, et le Hezbollah de l’autre. Le succès tiendrait également à une intervention qatarie. Cela laisse penser que Washington commence à se méfier d’une escalade interne malavisée contre le Hezbollah, qui pourrait mettre le feu aux poudres.
L’accord de septembre 2025 stipule que le gouvernement « accueille favorablement » le plan de l’armée. Celui-ci se contente de définir les étapes de la mise en œuvre du désarmement au sud du Litani, avec la présentation de rapports mensuels, sans donner de date butoir quant à la fin des opérations. Le commandant de l’armée, Rodrigue Haykal, a même déclaré à plusieurs reprises que l’armée ne s’engagerait jamais dans une confrontation avec aucune partie libanaise. Il indique ainsi son refus d’imposer son plan de désarmement par la force. De leur côté, Amal et le Hezbollah veulent maintenir l’armée à l’écart du conflit politique en cours.
En même temps, des sources indiquent qu’à la veille de ce conseil des ministres, le Hezbollah a envoyé des signaux aux services de sécurité pour signifier qu’il était prêt à faire monter la tension si la réunion aboutissait à des décisions qui lui seraient hostiles. Des inquiétudes financières ont également émergé quant à l’impact potentiel de ces tensions sécuritaires sur le taux de change de la livre libanaise.
Mais cet accord n’apporte pas de réponse aux attaques israéliennes et à sa présence dans le Sud-Liban. De même Thomas Barrack a déclaré que Washington ne pouvait rien dicter à Israël. Le 29 novembre 2025, l’ambassadeur des États-Unis au Liban, Michel Issa, d’origine libanaise, a affirmé qu’« Israël n’a pas besoin de notre permission pour se défendre ».
Cette approche états-unienne partiale, au motif que le Hezbollah n’a pas rendu ses armes à l’armée libanaise, n’a cependant pas empêché Washington de freiner la volonté de Benyamin Nétanyahou d’intensifier les hostilités contre le Hezbollah, après la signature de l’accord de cessez-le-feu à Gaza en octobre 2025. Dans ce cadre, Washington a fait pression sur le gouvernement libanais afin qu’il accepte la participation d’un représentant civil aux réunions du Comité de surveillance de la cessation des hostilités, également connu sous le nom de « Mécanisme »4. Cette initiative vise à dissuader Israël de lancer une nouvelle guerre contre le Hezbollah, même s’il poursuit ses bombardements sur le territoire libanais.
La présence d’un civil libanais, Simon Karam, ancien ambassadeur du Liban aux États-Unis, aux réunions du Mécanisme d’un côté, et l’envoi par Israël d’un représentant civil du Conseil national de sécurité de l’autre, a été rapidement exploitée par Nétanyahou pour évoquer l’établissement d’une coopération économique avec le Liban. Ce à quoi le premier ministre libanais, Nawaf Salam, a réagi en déclarant que le Liban n’était pas prêt à entamer des négociations de paix avec Israël. Mais la déclaration du premier ministre israélien montre que les pressions internes dues à son procès pour corruption et les accusations de céder aux diktats du président Donald Trump le poussent à présenter la participation d’un représentant civil libanais aux réunions du Mécanisme comme un premier pas vers la normalisation des relations avec Beyrouth. Toutefois, l’élargissement du Mécanisme ne dissipe pas les craintes d’une potentielle guerre israélienne, notamment dans le contexte des élections législatives prévues en Israël en octobre 2026.
Toutes les options restent donc possibles au Liban, dans un contexte très fluctuant : le Hezbollah a rejeté l’idée d’une négociation directe avec Israël, considérant la présence de Karam au sein du Mécanisme comme une concession gratuite à Israël, tandis que son plus proche allié, Nabih Berri, l’a approuvée. Au niveau régional, le rapprochement saoudo-turc avec l’Iran est susceptible de faire baisser la tension autour de la question des armes du Hezbollah. L’administration Trump semble également disposée à une désescalade en Syrie et au Liban, en échange de la conclusion d’accords de sécurité entre les deux gouvernements et Israël. Mais Nétanyahou, qui tente de préserver sa position politique et son immunité juridique, maintient ouverte l’option d’une nouvelle guerre contre le Liban.
S’il est difficile d’ignorer le défi interne posé par les armes du Hezbollah, il est impossible de parler de son désarmement sans prendre en compte la menace israélienne, toujours présente dans le Sud-Liban entre bombardements et occupation de points frontaliers. L’exécutif libanais doit se frayer un chemin entre les difficultés avérées de la coexistence entre l’État libanais et les différents groupes de résistance depuis 19695 et les dangers réels d’une hégémonie israélienne dans la région.
1NDLR. En septembre 1970, l’armée jordanienne affronte les fedayin palestiniens et les défait. Ils seront expulsés du royaume en 1971.
2« Netanyahu says ’changing face of Middle East’ as Israel, Iran trade blows », AFP, 16 juin 2025.
3Bassil, visé par des sanctions états-uniennes en vertu de la loi Magnitsky pour des accusations ayant trait à la corruption, avait commencé à prendre ses distances avec les positions du Hezbollah dès le début de la crise économique et financière à l’automne 2019.
4Comité présidé par les États-Unis et comprenant des représentants militaires français et de la FINUL, ainsi que des représentants des armées libanaise et israélienne.
5Année de la signature des Accords du Caire entre l’OLP et le gouvernement libanais.
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