Élections du 24 juin en Turquie : les enjeux

Pourquoi organise-t-on des élections présidentielle et législatives anticipées en Turquie ? Comment le président Recep Tayyip Erdoğan réagit-il à la dissidence dans le MHP ? De quel type est le front qui se profile contre l’AKP ? Ahmet Insel, professeur à l’université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne) et à l’université de Galatasaray à Istanbul répond.

Partis politiques en Turquie représentés à la Grande Assemblée nationale

AKP

Le Parti de la justice et du développement (Adalet ve Kalkınma Partisi, AKP) est un parti conservateur et islamiste fondé par Recep Tayyip Erdoğan après l’interdiction du Refah Partisi (Parti de la prospérité, RP). Il est actuellement représenté par 258 députés, soit 40,87 % des députés de la Grande Assemblée nationale — le Parlement turc — (élections législatives de 2015). L’AKP est au pouvoir en Turquie depuis 2002. Recep Tayyip Erdoğan en est le président depuis le 21 mai 2017, désigné lors d’un congrès extraordinaire à Ankara. Fondé le 14 août 2001, il est issu d’une scission du Saadet Partisi (Parti de la félicité, SP) de Necmettin Erbakan.

CHP
Le Parti républicain du peuple (Cumhuriyet Halk Partisi, CHP) est un parti social-démocrate, républicain et laïque fondé par Mustafa Kemal Atatürk (1923). Il a été le parti unique jusqu’à la création du Demokrat Parti en 1946. Il dispose de 132 députés, soit 24,95 % des sièges à la Grande Assemblée nationale (législatives de 2015).
Le CHP est membre de l’Internationale socialiste et membre associé du Parti socialiste européen. Il constitue depuis 2002 le principal parti d’opposition à l’AKP.

MHP
Le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi, MHP) est le parti d’extrême droite nationaliste de Devlet Bahçeli. Il dispose de 80 députés, soit 16,29 % des sièges (législatives de 2015). Il a été fondé en 1969 par Alparslan Türkeş.
Le MHP participe au gouvernement Ecevit II de 1999 à 2002 en coalition avec le Parti de la gauche démocratique (Demokratik Sol Parti, DSP) de Bülent Ecevit et le Parti de la mère patrie (Anavatan Partisi, abrégé initialement en ANAP, puis en Anavatan) fondé par Turgut Özal et Mesut Yılmaz, et disparaît de la Grande Assemblée nationale avant de la réintégrer lors des élections de 2007.
Les origines de l’extrême droite moderne turque remontent à la fin des années 1930, se structurant autour d’officiers favorables au régime nazi et enclin au panturquisme. Ses militants, surnommés les « Loups gris », sont violemment anticommunistes.

HDP
Le Parti démocratique des peuples (Halkların Demokratik Partisi, HDP) est un parti de gauche pro-kurde, féministe et pro-minorités. Il a actuellement 80 députés, soit 13,12 % des sièges. Attaché à l’écologie politique, il défend les droits des Kurdes, des femmes et des Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT). En 2018, après les vagues de purges menées par le président Recep Tayyip Erdoğan, près de 10 000 de ses militants sont incarcérés, ainsi que la plupart de ses élus à la Grande Assemblée nationale, dont ses deux co-présidents Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, ainsi que neuf autres députés. Ces arrestations ont été critiquées, notament par l’Union européenne. Outre les députés, des centaines de cadres du parti ont été arrêtés et près des trois quarts des maires HDP ont été suspendus, voire interpellés, et des administrateurs nommés à leur place.

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