Monde arabe et monde musulman, quelle différence ?

Le 22 mars 1945 au Caire, un ensemble de pays signent la création de la Ligue des États arabes. Si leur intention est à la fois d’affermir des relations politiques, de défendre des intérêts économiques et de travailler sur les conflits au sein de leurs territoires, elle officialise aussi les liens culturels et religieux entre ses États signataires.

Les 22 pays qui la composent aujourd’hui, du Maroc jusqu’au pays du Golfe en passant par la Palestine ont en commun l’arabe comme langue officielle et l’islam comme religion majoritaire. Ils forment le monde arabe contemporain, mais celui-ci ne se confond pas avec le monde musulman. On peut être arabe sans être musulman, et être musulman sans être arabe.

Présence du christianisme

La population musulmane est dominante dans le monde arabe, berceau des trois religions monothéistes majeures. Les différents courants de l’islam s’y retrouvent : les musulmans sunnites en majorité, suivi des musulmans chiites et kharidjites et un certain nombre de branches minoritaires affiliées. Mais l’islam n’est pas la seule religion présente.

La région est constellée de minorités religieuses, la principale étant le christianisme : coptes, maronites, orthodoxes, catholiques, chaldéens, assyriens, entre autres. Les coptes représentent une grande partie de la minorité chrétienne avec un foyer de plus de 4 millions en Égypte, et les maronites près d’1,4 million au Liban. Quant aux communautés juives ancestrales, elles ont presque disparu dans le monde arabe depuis les indépendances des pays arabes par l’obtention de citoyennetés extra-nationales, notamment européennes, et aussi à la suite de la création d’Israël et du conflit israélo-arabe.

La région est un puzzle complexe où des populations cumulent des caractéristiques minoritaires, à la fois religieuse, ethnique et linguistique, à l’exemple des communautés kurde et arménienne au Proche-Orient. On oublie aussi souvent de mentionner l’installation, pour des raisons d’attractivité économique, de populations étrangères au monde arabe, notamment dans le Golfe. Parmi les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), seuls l’Arabie saoudite et Oman ont un nombre d’étrangers résidents inférieur au nombre de nationaux.

Mais les musulmans du monde arabe ne représentent pas plus de 20 % des musulmans du monde.

L’étendue du monde musulman

En dehors du monde arabe, le continent asiatique regroupe la plus large part de population musulmane mondiale, estimée à un milliard. 62 % des musulmans du monde se répartissent entre six pays, qui sont par ordre décroissant l’Indonésie, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, mais aussi l’Iran et la Turquie. L’Indonésie, pays séculier où l’islam n’est pas religion d’État est le pays musulman le plus peuplé au monde avec 13 % de la totalité des musulmans de la planète. Elle est suivie de près par l’Inde (11 %) qui devrait la dépasser en nombre d’ici 2050.

Si les musulmans d’Asie du Sud (Inde, Pakistan, Afghanistan, Bangladesh, Maldives, Népal, Sri Lanka) représentent un quart de l’ensemble de la population musulmane, ils n’incarnent qu’une part minoritaire de sa population totale (27 %), dominée par la communauté hindoue. Les musulmans ne sont majoritaires que dans les pays situés en marge, comme le Pakistan et le Bangladesh.

Les lieux saints de l’islam que sont la Mecque et Jérusalem, mais également Karbala, en Irak, pour les chiites se trouvent dans le monde arabe. Du temps des empires musulmans, la langue arabe, celle du Coran, dynamisée par l’islam, s’est déployée à travers l’espace géographique musulman. Elle est devenue la langue véhiculaire, une lingua franca qui sera celle des productions intellectuelles, littéraires et scientifiques. Ainsi, la plupart des savants musulmans connus, comme Avicenne ou Al-Farabi écrivaient en arabe sans pour autant être arabes.

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